Le candidat malheureux à l'élection présidentielle iranienne, le modéré Mir Hossein Moussavi, invite, sur son site internet, les Iraniens à poursuivre leurs manifestations à l'échelon national dans le calme et conformément à la loi. Toutefois, alors qu’il a demandé aux responsables de le laisser organiser un rassemblement national afin de que les gens puissent exprimer leur rejet du processus électoral et de ses résultats et demandé hier au Conseil des gardiens l’annulation de cette élection présidentielle a qu’il estime truquée, le journal soutenant Moussavi et le site internet de ce journal ont été fermés sur ordre des autorités.
Dans la lignée d’un durcissement du contrôle des médias, des journalistes étrangers ont accusé hier les autorités de les avoir empêchés de couvrir les manifestations de protestation contre la réélection controversée du président iranien, tandis que la télévision publique espagnole (TVE) a été sommée de quitter le pays après sa couverture des défilés de contestation des résultats électoraux.
Dans une conférence de presse, Mahmoud Ahmadinejad a non seulement maintenu que le scrutin avait été "libre et sain", mais a fait monter d'un cran les enchères vis-à-vis de l'Occident en décrétant que la question du nucléaire appartenait "au passé". Bien que son pays fait l'objet de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU exigeant la suspension de son programme nucléaire controversé, il a prévenu que tout pays qui s'attaquerait à la République islamique "le regretterait profondément".
Plusieurs chancelleries occidentales, qui plaçaient leurs espoirs dans la politique de la main tendue avancée par le président américain Barack Obama, ont exprimé leur inquiétude face à ces événements. Car au-delà des violents affrontements qui éclatent en ce moment à Téhéran entre le camp Ahmadinejad et le camp Moussavi, et que tous condamnent, le dossier du nucléaire iranien est dans tous les esprits.
Les Etats-Unis ont pour la première fois exprimé ouvertement leur scepticisme quant à la régularité du scrutin. "De la manière dont ils empêchent la libre expression, de la manière dont ils répriment les manifestations de foule, de la manière dont les gens sont traités, il semble très clair qu'il y a de vrais doutes", a déclaré le vice-président américain Joe Biden.
Par la voix de son ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, la France s'est dite préoccupée par les conséquences du scrutin en Iran où la "brutalité" des autorités risque, selon elle, de fermer la porte au dialogue avec l'opposition.