De son côté, le Conseil de sécurité de l'ONU a aussitôt tenu des consultations sur le Myanmar. Toutefois, ses quinze pays membres ont eu des difficultés à se mettre d’accord sur une déclaration commune. La Chine, qui fait obstacle, a appelé la communauté internationale à « respecter totalement la souveraineté de la justice birmane ».
Le Conseil de sécurité est finalement parvenu à un texte de compromis le 13 août où il exprime sa « grave inquiétude » après la condamnation de Aung San Suu Kyi. La déclaration, lue à la presse par l'ambassadeur britannique John Sawers, actuel président du Conseil de sécurité, appelle également à la libération de tous les prisonniers politiques en Birmanie.
Sa formulation a été atténuée pour obtenir le soutien de la Chine et de la Russie, sans lequel le texte n'aurait pu être adopté.
Selon la presse, Daw Aung San Suu Kyi, 64 ans, a été condamnée le 11 août à trois ans de travaux forcés pour avoir violé les termes de son assignation à résignation, une condamnation qui a été rapidement commuée en une nouvelle assignation à résidence d'une durée de 18 mois.
Aung San Suu Kyi vient de passer cinq ans assignée à résidence. Alors que sa libération présumée était proche, un nouveau procès avait été ouvert en mai à son encontre concernant un incident au cours duquel un étranger avait réussi à pénétrer dans la maison où elle a été détenue au cours des 14 des 20 dernières années. L'opposante birmane a d'ores et déjà déclaré qu'elle fera appel de sa condamnation.
Ban Ki-moon « appelle le gouvernement à libérer immédiatement et sans condition Daw Aung San Suu Kyi et à engager sans délai des discussions avec elle comme partenaire essentiel dans le processus de dialogue national et de réconciliation », a ajouté sa porte-parole. « Si elle et tous les autres prisonniers politiques au Myanmar ne sont pas libérés et autorisés à participer à des élections libres et justes, la crédibilité du processus politique continuera à susciter le doute ».
De leur côté, quatre experts indépendants auprès des Nations Unies ont dénoncé un « procès sans fondement » destiné « à exclure Aung San Suu Kyi des élections de 2010 ».
« Le tribunal n'était pas indépendant, les garanties judiciaires ignorées et les accusations sans substance », ont ajouté ces quatre experts dans un communiqué commun. « Ce procès n'aurait jamais dû avoir lieu », ont-ils ajouté.
Ces quatre experts sont le rapporteur spécial sur la promotion de liberté d'opinion et d'expression, Frank La Rue, la rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'Homme, Margaret Sekaggya, le rapporteur spécial sur la situation des droits de l'Homme au Myanmar, Tomas Ojea Quintana et le vice-président/rapporteur du groupe de travail sur la détention arbitraire, El Hadji Malick Sow.
De son côté, l'Union européenne a décidé d'aller plus loin en adoptant, dans une position commune, des mesures restrictives supplémentaires à l'encontre du Myanmar.
Dans le cadre de ces nouvelles mesures restrictives, les magistrats responsables du verdict sont ajoutés à la liste actuelle des personnes et entités faisant l'objet d'une interdiction de voyage et d'un gel de leurs avoirs. En outre, la liste des personnes et entités faisant l'objet de mesures restrictives est allongée afin d'étendre le gel des avoirs aux entreprises détenues et contrôlées par des membres du régime en place au Myanmar ou par des personnes ou entités qui leur sont associées.
Les mesures ainsi prises par l'Union européenne sont les dernières d'une série de mesures que l'Union européenne a initialement adoptées en 1996 (position commune 96/635/PESC), telles que l'interdiction des exportations d'armes, les restrictions à la délivrance de visas pour les membres du régime, leurs alliés et leur famille, la limitation des contacts diplomatiques et le gel des comptes offshore des dirigeants, et la suspension de l'aide non humanitaire ou des programmes de développement.
L'Union européenne, qui suit de près la situation au Myanmar, a depuis lors actualisé, renouvelé et prorogé les mesures restrictives à l'encontre du régime militaire, de ceux qui tirent le plus de profits de son action illégale et de ceux qui entravent activement le processus de réconciliation nationale, de respect des droits de l'Homme et de démocratisation. Les nouvelles mesures ciblées viennent donc actualiser et renforcer la position commune actuelle (2009/351/PESC), qui expire le 30 avril 2010.