"Chères Haïtiennes, chers Haïtiens. Permettez-moi, tout d'abord, de vous exprimer mes sincères condoléances. L'évènement que vous venez de subir est tragique et, comme vous, ici, à Port-au-Prince, je pleure de valeureux collègues et amis", a déclaré en français M. Ban lors d'une conférence de presse dans la capitale haïtienne.
"J'ai tenu à être ici, parmi vous, à vos côtés, pour vous exprimer ma profonde solidarité et mon plein soutien. Je sais la douleur que, chacun et chacune, vivez en ce moment. Le grand désarroi, dans lequel se trouvent les personnes touchées de plein fouet par cette catastrophe", a-t-il ajouté.
"Les Nations Unies entreprennent tout ce qui est en leur pouvoir pour vous venir en aide. Tous les moyens sont mis en œuvre et notre personnel travaille d'arrache-pied pour coordonner les secours et vous prêter assistance", a dit encore M. Ban. "Dans cette épreuve et dans les défis qu'elle apporte, les Nations Unies vous tiennent la main".
Le Secrétaire général a détaillé trois priorités : la recherche de survivants, l'assistance humanitaire et la coordination.
"Les gens ont besoin de nourriture, d'eau, de médicaments et de tentes. Nous commençons à les faire venir. Le Programme alimentaire mondial (PAM), a déjà commencé ses opérations. Et hier, il a nourri 40.000 personnes. Le nombre de gens que le PAM va aider s'élèvera dans les quinze jours à un million de personnes et à deux millions dans les quinze jours qui suivent", a-t-il dit.
Ban Ki-moon a insisté également sur la coordination. "J'ai souligné l''importance de la coordination entre les pays, les ONG et les employés internationaux", a-t-il dit. "L'aéroport a des capacités limitées. Nous devons nous assurer que notre aide va aux gens qui en ont besoin, aussi vite que possible. Nous ne pouvons pas gaspiller une minute, un dollar, ou une personne. Nous ne pouvons avoir des fournitures vitales qui attendent dans des entrepôts".
"Cela nécessite une coordination forte et efficace par les Nations Unies, et entre les Nations Unies et les autres principaux acteurs, en particulier, bien sûr, les Etats-Unis, et tout ceci sous la direction du gouvernement d'Haïti, qui est de plus en plus actif", a-t-il ajouté.
"Même affaiblie, la MINUSTAH est opérationnelle", a déclaré le 16 janvier Edmond Mulet, qui a été envoyé par Ban Ki-moon pour prendre la tête de la MINUSTAH après le séisme. Il a souligné l'importance d'une collaboration entre les casques bleus et les troupes américaines, dont près de 3.500 seront bientôt déployées en Haïti, pour maximiser les efforts pour apporter de l'aide.
Alors qu'il visitait les ruines de l'hôtel Christopher qui servait de siège à la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), le Secrétaire général a reçu un drapeau de l'ONU. "Je le garderai en mémoire de nos collègues qui ont donné leur vie pour la cause de la paix", a-t-il dit.
"Je suis très triste de voir ce que toute cette destruction a coûté aux Nations Unies et à nos chers collègues. Mais je pense que leur souhait le plus cher serait que nous continuions", a-t-il ajouté.
Parmi les employés de l'ONU tués par le séisme, on compte le chef de la MINUSTAH, Hédi Annabi, son adjoint Luiz Carlos da Costa, et le Commissaire de police par intérim Doug Coates de la Police montée royale canadienne.
Un employé, Jens Kristensen du Danemark, a été retiré vivant dimanche des décombres de l'hôtel Christopher. "Sauver des vies est notre première priorité et j'espère que nous verrons d'autres miracles de la sorte", a dit M. Ban.
A son arrivée le 17 janvier en Haïti, le Secrétaire général a rencontré le Président haïtien René Préval. Il a aussi retrouvé avec émotion son ancienne porte-parole, Michèle Montas, qui est haïtienne.
Il était accompagné dans sa visite par l'administratrice du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), Helen Clark, le Secrétaire général adjoint aux opérations du maintien de la paix, Alain Le Roy, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, John Holmes, et la Secrétaire générale adjointe à l'appui aux missions, Susana Malcorra.
Des équipes de secours du monde entier continuaient à travailler 24 heures sur 24 pour retrouver des survivants enfouis sous les décombres. Plus de 70 personnes ont été retrouvées vivantes grâce à plus de 1.700 sauveteurs et 161 chiens.
"Nous n'avons pas abandonné l'espoir de trouver davantage de survivants aujourd'hui", cinq jours après le séisme, a dit Jesper Lund, qui dirige les opérations de secours en cours en Haïti. "Les équipes n'arrêteront pas de chercher aussi longtemps qu'il y a encore l'espoir de trouver des gens vivants".
Le jour même de la visite du Secrétaire général de l'ONU en Haïti, le président sénégalais Abdoulaye Wade déclarait quant à lui vouloir favoriser le "retour" des Haïtiens en Afrique, en offrant une terre à ces descendants d'esclaves, après le séisme meurtrier qui a frappé l'île caraïbe, dans un entretien à la radio France Info.
"La récurrence des calamités qui tombent sur Haïti m'amène à proposer une solution radicale : (...) créer en Afrique, quelque part, avec des Africains bien entendu, avec l'Union Africaine, (...) un espace, à déterminer avec des Haïtiens, pour y créer les conditions de retour des Haïtiens", a dit le président sénégalais.
Estimant que ce "retour" pourrait se faire "en une seule fois" ou en plusieurs voyages s'il concernait plusieurs pays, il a jugé important de "donner cette opportunité" aux Haïtiens.
"Ils n'ont pas choisi d'aller dans cette île et ce ne serait pas la première fois que des anciens esclaves ou leurs descendants soient ramenés en Afrique. C'est le cas du Liberia, où ils ont dû s'intégrer à la population locale pour former aujourd'hui la nation libérienne", a affirmé M. Wade.
"Notre devoir, c'est de leur reconnaître le droit de revenir sur la terre de leurs ancêtres", a-t-il insisté.
"Alors maintenant, le problème est de savoir comment et qui va supporter tous ces frais", a-t-il poursuivi, rappelant la responsabilité historique des pays européens dans la déportation d'Africains réduits en esclavage aux Amériques, tout en se disant opposé au principe de la réparation, car "l'eslcavage est irréparable".
Selon le porte-parole du président sénégalais, Mamadou Bamba Ndiaye, également interrogé par la radio, le Sénégal est prêt à offrir des terres aux candidats haïtiens: "Si ce ne sont que quelques personnes, nous leur offrirons un toit et un bout de terre. S'ils viennent en masse, nous leur donnerons une région".
Sources : ONU/AFP