La double dissolution "constitue un véritable coup d'Etat", a accusé l'opposition réunie dans le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), dans une déclaration à Abidjan.
Le RHDP "ne reconnaît plus M. Laurent Gbagbo comme chef de l'Etat de Côte d'Ivoire" et "ne reconnaîtra ni la nouvelle CEI ni le nouveau gouvernement en formation selon les termes de M. Laurent Gbagbo".
La coalition, qui réunit notamment le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) de l'ancien président Henri Konan Bédié et le Rassemblement des républicains (RDR) de l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara, a appelé à "s'opposer par tout moyen à cette dictature".
M. Gbagbo a créé un choc en annonçant le 12 février au soir la dissolution du gouvernement et de la CEI, après plus d'un mois de crise autour de la commission chargée d'organiser la présidentielle.
Ce scrutin reporté depuis 2005 est censé clore la crise née du coup d'Etat manqué de 2002, qui a coupé le pays en un nord rebelle et un sud loyaliste.
Le président a reconduit Guillaume Soro, leader de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), au poste de Premier ministre qu'il occupe depuis l'accord de paix de 2007. M. Soro doit présenter lundi un nouveau gouvernement, et avant la fin de la semaine prochaine le "format" d'une nouvelle CEI.
Le chef de la commission dissoute, Robert Beugré Mambé, qui appartient à l'opposition, est accusé par M. Gbagbo et le parquet de "fraude" sur la liste des votants. Soutenu par son camp, il récusait toute irrégularité et refusait de démissionner.
Depuis la semaine dernière, ce blocage à la CEI s'était accompagné de violences. Des manifestants d'opposition protestaient contre des procès en radiation d'étrangers présumés de la liste, et accusaient le parti au pouvoir.
Fortement représentée dans le gouvernement précédent et majoritaire dans l'ancienne CEI, l'opposition a semblé indiquer que, sauf retournement de situation, elle ne ferait pas partie du nouveau cabinet.
Dans un communiqué lu le 13 février au soir à la télévision par son porte-parole, M. Soro a pourtant insisté sur "sa ferme volonté d'œuvrer à la promotion d'un dialogue permanent avec tous les acteurs" de la crise. Il entend aussi "préserver les acquis" de l'accord de paix.
Le chef de l'Etat avait dit vouloir sauver un processus de paix de Ouagadougou "pris en otage par des partis politiques".
Pour ce "gouvernement de sortie de crise", l'hypothèse d'une équipe associant uniquement fidèles de MM. Gbagbo et Soro a depuis lors été évoquée. L'idée d'un cabinet restreint, composé "essentiellement de technocrates", selon le quotidien d'Etat Fraternité-Matin, a aussi été avancée.
La tournure prise par la "sortie de crise" n'a apparemment pas suscité pour l'heure de tensions particulières dans le pays. Dès le 12 février, les forces de sécurité avaient été mises en état d'alerte.
La date de la présidentielle, reportée six fois depuis la fin du mandat de M. Gbagbo en 2005, reste dans ces conditions un mystère.
Officiellement, le scrutin est prévu pour "fin février-début mars", une échéance rendue à l'évidence caduque par la dernière crise.
Fin janvier, le Conseil de sécurité de l'ONU a réclamé sa tenue avant juin.
La crise politique en Côte d'Ivoire sera au centre des discussions lors du sommet de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) qui se tiendra le 16 février à Abuja. Organisation économique créée en 1975, la CEDEAO regroupe quinze Etats (Bénin, Burkina, Cap-Vert, Côte d'Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Liberia, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone, Togo). La situation du Niger et de la Guinée, deux pays suspendus en raison des récents événements politiques considérés comme allant à l'encontre des principes démocratiques revendiqués par la CEDEAO, sera également au cœur des débats.
Source : AFP