L'armée a pris le pouvoir hier au Niger, déposant le président Mamadou Tandja et déclarant le gouvernement "dissous". A Niamey, un Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD) a annoncé dans la nuit du 18 au 19 février la suspension de la Constitution de la VIe République et la dissolution de toutes les institutions qui en sont issues, l'instauration d'un couvre-feu et la fermeture des frontières terrestres et aériennes. Il n'a toutefois pas précisé ni quand ni comment la démocratie pourrait être rétablie.
Le Niger, pays pauvre du Sahel mais troisième producteur mondial d'uranium, est confronté à une grave crise politique née de la volonté de M. Tandja, 71 ans, de se maintenir au pouvoir coûte que coûte au-delà de son mandat.
Après dix ans d'un pouvoir relativement pacifique, M. Tandja avait l'année dernière dissous le Parlement et la Cour constitutionnelle et obtenu une prolongation controversée de son mandat pour au moins trois ans à l'issue d'un référendum sur une nouvelle Constitution organisé en août 2009. C'est cette nouvelle Constitution que conteste le CSRD.
À l’époque, ce passage en force avait été stigmatisé par l'Union européenne, qui a suspendu son aide au développement, ainsi que par les Etats-Unis qui ont pris des sanctions diplomatiques et économiques.
Face à cette prise du pouvoir par les militaires, le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Jean Ping, a "condamné la prise du pouvoir par la force au Niger" et demandé un "retour rapide à l'ordre constitutionnel", selon un communiqué de presse.
"M. Ping suit avec préoccupation les développements de la situation au Niger", indique le texte. "Il est en contact étroit avec le président de la Commission de la CEDEAO (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest), ainsi qu'avec d’autres acteurs internationaux concernés".
Il a rappelé que les textes de l’UA "condamnent systématiquement tout changement anticonstitutionnel" et, en conséquence, "la prise de pouvoir par la force intervenue au Niger". Le chef de l'exécutif de l'UA a demandé en conséquence "le retour rapide à l’ordre constitutionnel".
Lors de son sommet fin janvier 2010 à Addis Abeba, l'Union africaine avait "exhorté les parties nigériennes à poursuivre le dialogue pour régler la crise dans leur pays". La CEDEAO avait alors entamé une médiation qui n'a pas abouti.
Source : AFP
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