L'impasse dans laquelle se trouvent les négociations israélo-palestiniennes préoccupe les Nations Unies en raison des progrès effectués par l'Autorité palestinienne pour construire les institutions d'un futur Etat et de l'évolution de la situation au niveau régional, a déclaré hier le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires politiques, B. Lynn Pascoe, devant le Conseil de sécurité.
Des mesures audacieuses et décisives sont nécessaires pour résoudre ce conflit qui dure depuis des décennies, a-t-il dit, précisant que toutes les parties concernées devaient faire preuve de vision, de leadership et de responsabilité. Il est également important d'éviter tout acte de violence qui pourrait saper les efforts politiques, et il est nécessaire que les parties s'abstiennent de toute provocation sur le terrain, a-t-il ajouté.
Dans le rapport qu'il a présenté à la réunion du Comité spécial de liaison pour la coordination de l'assistance internationale aux Palestiniens le 13 avril à Bruxelles, l'ONU note que les fonctions gouvernementales de l'Autorité palestinienne sont désormais suffisantes pour un État viable, et ce, en matière de gouvernance, d'État de droit et de droits de l'Homme, de moyens de subsistance et de secteurs productifs, d'éducation et de culture, de santé, de protection sociale, d'infrastructures et d'eau.
Selon M. Pascoe, le mois écoulé a connu les niveaux de violence les plus élevés à Gaza et en Israël depuis l'opération israélienne « Plomb durci » il y a plus de deux ans. Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a condamné fermement les tirs de roquettes effectués à partir de Gaza et a appelé à leur cessation. Il a réitéré également les appels lancés à Israël pour qu'il fasse preuve d'un maximum de retenue.
Le Secrétaire général adjoint a aussi mis l'accent sur la nécessité de progresser vers la levée par Israël du bouclage de Gaza, conformément à la résolution 1860 (2009) du Conseil de sécurité. Il s'est par ailleurs déclaré préoccupé par la poursuite des activités israéliennes d'implantation de colonies et de démolition de structures palestiniennes en Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est. Ces activités sont contraires au droit international et bloquent le retour des Palestiniens à la table des négociations directes, a-t-il dit, appelant Israël à respecter le droit international humanitaire.
La communauté internationale est, selon M. Pascoe, directement concernée par l'impasse qui se prolonge dans le processus de paix israélo-palestinien. Il a mis l'accent sur la nécessité d'appuyer et d'autonomiser l'autorité du Président Abbas et du Premier Ministre Salam Fayyad, et de ramener les parties à la table des négociations.
En dépit des efforts accomplis par l'Autorité palestinienne, le renforcement institutionnel de l'État a atteint ses limites, compte tenu de la marge de manœuvre politique et physique actuellement disponible. Des mesures d'ampleur devraient être prises par Israël, au lieu de prendre des mesures progressives, pour aboutir à des progrès sur le terrain, a déclaré M. Pascoe, appelant à mettre fin aux mesures d'occupation.
Parallèlement, la reprise des négociations de paix israélo-palestiniennes sur les questions concernant le statut final est urgente, a ajouté le Secrétaire général adjoint. La communauté internationale doit prendre toute sa part en aidant les parties à aller de l'avant, a-t-il dit.
Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, était en France cette semaine pour demander avis et soutien aux dirigeants européens dans la perspective de la création d'un Etat palestinien cette année.
De fait, face au blocage des négociations avec Israël depuis six mois, les Palestiniens sont déterminés à porter devant l'ONU, en septembre, la reconnaissance de leur État sur les lignes de 1967, c'est-à-dire l'intégralité de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, bien qu'ils se heurtent pour l'heure à la réticence des Etats-Unis, parrain des négociations.
Ainsi, en février, l'administration Obama avait mis son veto à une résolution arabe présentée au Conseil de sécurité qui aurait condamné la colonisation juive. Les Européens, en revanche, avaient voté en faveur de la résolution. Le président Barack Obama a cependant mentionné, lui aussi, septembre comme date butoir pour un accord sur la création d'un Etat palestinien indépendant.
Sources : ONU/AFP
Commentaires
Au tout début de la guerre de Corée, les Etats-Unis avaient initié la Résolution "Union pour la paix" de l'Assemblée générale des Nations unies. Initiative qui puisait alors son origine dans la frustration américaine de voir l'utilisation répétée du veto soviétique devant le Conseil de sécurité de l'ONU bloquer toute forme d'assistance en Corée du Sud.
Pour l'heure, les Israéliens s'attendent à un échec devant le Conseil et à l'adoption d'une résolution similaire - et non contraignante - par l'Assemblée générale. La légitimité internationale de l'Etat hébreu en souffrirait un peu, mais les initiatives unilatérales seraient bloquées et la communauté internationale recommencerait à exercer des pressions sur les deux parties pour un retour aux négociations.
Le fait que le texte "Union pour la paix" puisse apporter un soutien efficace aux revendications palestiniennes commence cependant à inquiéter - certes, tardivement - une partie des responsables politiques à Jérusalem.
Rien n'est perdu, mais il est indispensable qu'Israël agisse face à la stratégie palestinienne. Et le premier forum-clé pour cela est le Conseil de sécurité.
Pourquoi s'agit-il d'une mission impossible ? Parce que l'Etat hébreu dispose de très peu d'amis solides sur la scène internationale, et encore moins au sein du Conseil de sécurité.
"Nous n'avons jamais cessé d'essayer", commente Shalev, "mais, je ne suis pas sûre que nous parviendrons à obtenir tous les votes nécessaires pour contrer une résolution devant le Conseil de sécurité."
Mais l'Etat hébreu devra également se mobiliser davantage, précise-t-il, "à commencer par persuader Merkel".