Apparu dans les années 1990, le concept de «sécurité humaine» élargit la notion traditionnelle de sécurité dans les relations internationales, auparavant centré sur la sécurité des États. La valeur centrale devient l'individu lui-même, au-delà de son appartenance à un État en particulier.
La sécurité humaine vise donc à protéger les individus contre des menaces telles que la pauvreté, la famine, la maladie, la criminalité, les catastrophes naturelles, les violations des droits de l'Homme, l'arbitraire, la violence sexuelle, les déplacements internes, la traite des êtres humains ou encore le chômage.
Devant les 192 Etats Membres, Joseph Deiss a ouvert le débat en rappelant d'abord les étapes antérieures de la réflexion menée au niveau mondial, du Sommet mondial en 2005 qui a marqué l'introduction du concept de sécurité humaine dans le cadre de l'ONU, au premier rapport du Secrétaire général Ban Ki-moon sur le sujet en mai 2010, en passant par l'adoption d'une première résolution par l'Assemblée générale en juillet 2010 et la nomination d'un Conseiller spécial pour la sécurité humaine en décembre dernier.
Alors que le thème sera également au programme de la 66ème Assemblée générale qui ouvrira en septembre prochain, Joseph Deiss a souhaité que ce débat informel «soit une occasion pour les Etats membres de s'exprimer sur cette question et de mieux comprendre les positions des uns et des autres».
Soulignant ensuite l'interdépendance des gouvernements dans le monde d'aujourd'hui, il a estimé que les Etats devaient «considérer que la survie, les moyens de subsistance et la dignité des individus étaient le fondement de leur sécurité», avant d'indiquer que la réflexion s'organiserait autour de deux tables rondes «qui vont permettre d'explorer les aspects conceptuels de la sécurité humaine et de réfléchir à ses applications concrètes».
Intervenant à son tour en ouverture de la réunion, la Vice-Secrétaire générale de l'ONU, Asha-Rose Migiro, s'est aussi référée aux travaux antérieurs de l'ONU sur ce concept, notamment le consensus trouvé au Sommet mondial de 2005, quand « les dirigeants du monde entier ont convenu que la sécurité humaine est à la fois "la liberté de la peur" et "l'abri du besoin" ».
Insistant ensuite sur le fait «que la sécurité humaine offre une approche pratique pour aborder les insécurités complexes et multidimensionnelles que connaissent les peuples et les communautés dans le monde interconnecté d'aujourd'hui», la numéro deux de l'ONU s'est félicité de la tenue de ce débat «visant à trouver un consensus entre les Etats membres sur la définition» de la sécurité humaine.
Asha-Rose Migiro a notamment rappelé que «les événements dramatiques de ces dernières semaines ont mis en évidence la vulnérabilité des pays développés et en développement». «Les menaces peuvent être soudaines et imprévisibles, ou elles peuvent être longues et inflexibles», a-t-elle poursuivi, avant d'estimer que c'était la preuve de la nécessité de disposer à l'ONU, «d'un paradigme élargi du concept de sécurité qui englobe un large éventail de conditions qui menacent la survie, la subsistance et la dignité des personnes».
Pour conclure son intervention et donné une orientation aux discussions, elle a finalement cité le défunt économiste pakistanais, Mahbub-ul-Haq, qui doit sa réputation internationale à la création de l'Indice de développement humain (IDH) et qui avait écrit sur le sujet : «En dernière recours, la sécurité humaine, c'est un enfant qui n'est pas mort, c'est une maladie qui ne se propage pas, c'est une tension ethnique qui n'explose pas, c'est un dissident qui n'est pas été réduit au silence, c'est un esprit humain qui n'est pas écrasé».
«Que cette pensée conduise nos discussions sur la sécurité humaine et nos efforts pour faire une vraie différence dans la vie des gens», a-t-elle ajouté.
Source : ONU