« La prévention ne veut pas dire détourner le regard en temps de crise, avec l'espoir vain que les choses s'améliorent. Nous avons fait cela trop souvent », a dit Ban Ki-moon lors d'une conférence organisée par la Fondation Stanley à New York. « La prévention veut dire agir de façon décisive avant l'éruption de la violence ».
La Fondation Stanley est une fondation privée à but non-lucratif qui cherche à promouvoir une approche multilatérale dans les relations internationales pour consolider la paix, la liberté et la justice.
Le Secrétaire général a estimé qu'au cours des dernières années, il y avait eu des succès encourageants. « Au Kenya, au Kirghizistan et en Guinée, l'ONU a aidé à prévenir ou du moins à limiter ce que nous pouvons qualifier de 'crimes atroces' », a souligné Ban Ki-moon.
Ces expériences ont montré que la clé pour prévenir les génocides, les crimes de guerre, le nettoyage ethnique et autres crimes contre l'humanité se trouve à l'intérieur des sociétés. Ces crimes se produisent beaucoup plus rarement dans des pays ayant une société civile robuste, où la tolérance est pratiquée et où la diversité est célébrée.
« Puisque les éruptions de violence sont rarement spontanées, nous avons en général le temps et l'occasion de rappeler aux dirigeants des gouvernements et des oppositions qu'ils pourront être tenus responsables par la Cour pénale internationale (CPI) ou d'autres tribunaux », a souligné le Secrétaire général.
« Une de mes plus grandes satisfactions en tant que Secrétaire général a été de soutenir le renforcement du pouvoir de ces tribunaux, et de voir à quel point la CPI en particulier est devenue un élément dissuasif », a-t-il ajouté.
Ban Ki-moon a rappelé qu'en 2011, l'ONU a donné espoir à des peuples opprimés depuis longtemps. En Libye, en Côte d'Ivoire, au Soudan du Sud, au Yémen et en Syrie, l'ONU a montré que la protection des populations était une raison d'être de l'organisation au 21ème siècle.
« Nous avons compris que nous avons aussi nos limites. Prenez la violence qui sévit au Soudan du Sud. Nous l'avons vu venir des semaines avant qu'elle ne commence. Cependant, nous étions incapables de l'arrêter. Le gouvernement qui a la responsabilité principale de protéger ses citoyens était lui aussi incapable de l'éviter », a dit le Secrétaire général. « La raison était malheureusement simple : les ressources nécessaires nous ont été refusées, particulièrement l'usage d'hélicoptères qui auraient permis une mobilité dans cette vaste région sans routes. Les hélicoptères dont nous disposons sont restés au sol sur ordre du gouvernement ».
Selon lui, le défi principal pour mettre en œuvre la responsabilité de protéger est de savoir comment faire le travail, comment remplir un mandat du Conseil de sécurité lorsque les membres de ce même Conseil n'octroient pas les moyens nécessaires.
Le Conseiller spécial du Secrétaire général sur la responsabilité de protéger, Ed Luck, a entamé une évaluation pour voir comment l'ONU peut au mieux utiliser les outils octroyés par les chapitres VI, VII et VIII de la Charte.
Source : ONU