Ce 18e sommet, le premier depuis la chute du libyen Mouammar Kadhafi, figure historique même si controversée de l'organisation, se termine ainsi de façon inattendue.
L'UA dispose certes d'un splendide nouveau siège offert par la Chine pour 200 millions de dollars (154 M EUR), inauguré le 28 janvier, mais pas d'une nouvelle équipe élue pour y siéger et diriger au quotidien cette organisation réunissant 54 pays et représentant un milliard d'habitants.
"Aucun des deux candidats en lice ne l'a emporté", a indiqué à la presse le président de la Zambie, Michael Sata, et "la prochaine élection aura lieu en juin", au prochain sommet de l'UA.
Jean Ping, 69 ans, en poste depuis 2008, a pourtant devancé légèrement sa concurrente sud-africaine, ancienne ministre sud-africaine des Affaires étrangères et ex-épouse du président Jacob Zuma, lors de trois premiers tours (28 voix contre 25, 27/26, 29/24 voix), selon des sources concordantes.
Mme Dlamini-Zuma, 63 ans, actuelle ministre de l'Intérieur, a été alors contrainte par le règlement de retirer sa candidature, mais M. Ping - ancien homme de confiance de l'ex président Omar Bongo -, pourtant seul en lice, n'a pas atteint la majorité des deux-tiers requise. Il a obtenu au quatrième tour 32 voix, et 20 bulletins blancs, à quatre voix de la majorité qualifiée exigée.
En attendant le prochain sommet, la présidence de la Commission sera assurée par intérim par son actuel vice-président, le Kényan Erastus Mwencha.
A l'annonce de l'échec de M. Ping, une dizaine de membres de la délégation sud-africaine ont dansé de joie pendant plusieurs minutes dans les couloirs de l'hémicycle, a constaté un journaliste de l'AFP.
Cet enthousiasme illustre l'âprêté de la campagne, même si le président ivoirien Alassane Ouattara a assuré que "le continent n'était pas divisé". "Ce sont les règles qui sont à revoir, il faut introduite la démocratie dans notre union", a-t-il poursuivi, en référence apparente à la majorité des 2/3.
L'Afrique du Sud, locomotive économique du continent aux ambitions régionales affichées, avait mené une campagne intense pour imposer Nkosazana Dlamini-Zuma.
"Je crois que nous pouvons faire davantage pour que l'Union africaine s'acquitte du mandat qui lui a été donné", indiquait Mme Dlamini-Zuma dans sa profession de foi, dans une critique à peine voilée de son adversaire.
Les diplomates sud-africains reprochent en privé à Jean Ping de ne pas avoir réussi à faire entendre la voix de l'Afrique dans les crises à répétition depuis un an sur le continent, en particulier lors de la rébellion en Libye qui a chassé du pouvoir, avec le soutien militaire aérien de l'Otan, Mouammar Kadhafi.
La profession de foi de Mme Dlamini-Zuma a été distribuée en anglais et en français, afin visiblement de ménager les susceptibilités de l'Afrique francophone, qui soutenait majoritairement M. Ping.
Beaucoup plus discret dans sa campagne, M. Ping misait visiblement sur l'inquiétude de nombre de pays, dont les plus petits, face à une possible hégémonie sud-africaine sur l'organisation.
Le 29 janvier, les chefs d'Etat avaient élu sans peine le nouveau président de l'UA pour l'année à venir, une fonction celle-là largement symbolique, en la personne du président béninois, Thomas Boni Yayi.
Il prend le relais du chef d'Etat équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema, dont l'élection avait été considérée l'an dernier par les organisations de défense des droits de l'Homme comme un signal désastreux en raison, selon elles, de son bilan exécrable dans ce domaine.
Source : AFP