Israël mène le 15 novembre un deuxième jour d'offensive contre les groupes armés dans la bande de Gaza. Une frappe aérienne a provoqué la mort de trois militants palestiniens, a-t-on appris de sources médicales. Interrogée par l'AFP, une porte-parole de l'armée israélienne a confirmé sans autre détail qu'"il y a eu une attaque aérienne contre un objectif dans le sud" de l'enclave.
La veille, le chef militaire du Hamas avait été
mortellement touché par une frappe aérienne israélienne. Ahmad Jabari, responsable de la branche armée des brigades
Ezzeddine Al-Kassam, est mort dans son véhicule, ainsi que son assistant,
Mohammed Hams. C'est l'officier le plus haut gradé à être assassiné dans un
raid depuis l'offensive israélienne à Gaza il y a quatre ans. Il avait fait
l'objet de nombreuses tentatives d'assassinat israéliennes dont un raid aérien
en 2004, au cours duquel son fils aîné, son frère et plusieurs de ses cousins
avaient perdu la vie.
Une attaque menée en représailles à
des tirs de roquette
Le Shin Beth, les services de renseignement
israéliens, a confirmé avoir mené cette attaque, précisant que Jabari avait été
éliminé en raison de "ses dix années d'activité terroriste". Dans un
communiqué repris par la BBC, le Shin Beth déclare que "Jabari était
responsable du financement et de la direction des opérations militaires contre
Israël. Son élimination aujourd'hui est un message adressé aux responsables du
Hamas à Gaza : s'ils continuent de promouvoir le terrorisme contre Israël, ils
seront touchés".
"Aujourd'hui, nous avons adressé un message clair
au Hamas et aux autres organisations terroristes, a affirmé le Premier ministre
israélien, Benyamin Nétanyahou. Le Hamas et les organisations terroristes ont
choisi d'intensifier leurs attaques sur les citoyens israéliens ces derniers jours.
Nous ne tolérerons pas une situation dans laquelle ces derniers sont menacés
par des tirs de roquettes". Israël "ne veut pas de guerre mais les
provocations du Hamas ces dernières semaines nous ont forcés à agir durement et
avec détermination", a renchéri son ministre de la Défense, Ehoud Barak.
Lancement de l'opération "Pilier
de défense"
La frappe chirurgicale sur Jabari a été suivi quelques
minutes plus tard par d'autres raids aériens sur une vingtaine de sites à Gaza,
selon le Hamas. Alors que des dizaines de chars de l'armée israélienne ont
stationné près de la barrière de sécurité entre Israël et le territoire
palestinien, neuf personnes ont été tuées, selon le représentant palestinien à
l'ONU. Le nombre de blessés est estimé à 45.
"L'armée a pris pour cible un nombre significatif
de sites [de lancement] de roquettes de longue portée [plus de 40 kilomètres]
opérés par le Hamas", selon le porte-parole de l'armée israélienne. Ces
tirs visaient les entrepôts de munitions du Hamas et des autres groupes armés
de la bande de Gaza. Il a également indiqué qu'une opération terrestre à Gaza
pourrait avoir lieu "si nécessaire".
"La tête du serpent doit être écrasée, a écrit
dans un communiqué le ministre israélien des Transports, Yisrael Katz. Israël
continuera de tuer et de cibler tous ceux qui sont impliqués dans les tirs de
roquette". Le général-brigadier Yoav Mordechai a estimé sur la chaîne de
télévision israélienne Channel 2 que "les jours à venir dans le sud seront
longs". "L'arrière doit se préparer de façon déterminée", a-t-il
ajouté.
Des appels à la vengeance ont été immédiatement
diffusés à la radio du Hamas. "Israël a déclaré la guerre à Gaza et ils
seront tenus responsables des conséquences à venir", a déclaré le Djihad
islamique. Les brigades Ezzeddine Al-Qassam ont estimé que les frappes de
Tsahal avaient "ouvert les portes de l'enfer". "Nous demandons à
la communauté internationale d'arrêter le massacre de notre peuple, qui a le
droit de se défendre", a plaidé le porte-parole du gouvernement du Hamas à
Gaza, Taher Al-Nounou.
Le Caire rappelle son ambassadeur,
les Etats-Unis défendent Israël
L'opération a été soutenue par les Etats-Unis, qui
estiment qu'Israël a le droit de se "défendre contre le terrorisme".
"Nous sommes au courant, nous surveillons la situation de près, a affirmé
le lieutenant-colonel Stephen Warren, un porte-parole du Pentagone. Nous sommes
solidaires de notre partenaire israélien dans son droit de se défendre contre
le terrorisme".
Le Président américain, Barack Obama, a parlé le 14
novembre au Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou et au Président
égyptien, Mohamed Morsi, et leur a signifié à tous deux la nécessité d'une
"désescalade" de la violence à Gaza, a annoncé la Maison Blanche.
Lors de sa conversation avec le Premier ministre israélien, le dirigeant
américain a répété "le soutien des Etats-Unis au droit d'Israël à se
défendre contre les tirs nourris de roquettes tirées de Gaza contre des civils
israéliens", selon la même source.
Le Président palestinien, Mahmoud Abbas, a appelé le
14 novembre au soir la Ligue arabe à convoquer "une réunion
d'urgence" pour discuter de "l'agression brutale" menée par
Israël dans la bande de Gaza, a rapporté l'agence officielle palestinienne
WAFA.
Le Caire a rappelé son ambassadeur en Israël, alors
que l'Egypte essaie de négocier une trêve après cinq jours de heurts entre la
Palestine et Israël. "Le président Mohamed Morsi a pris connaissance de la
brutale agression israélienne dans laquelle un certain nombre de martyrs et de
fils du peuple palestinien ont été tués", a déclaré le porte-parole de la
présidence égyptienne, Yasser Ali.
Réunion du Conseil de sécurité de l'ONU
Le Conseil de sécurité des Nations unies a débuté le
14 novembre au soir une réunion d'urgence pour discuter des tensions
grandissantes entre Israël et Palestiniens dans la bande de Gaza, a-t-on appris
auprès de diplomates. Au cours de cette réunion à huis clos, les quinze membres
du Conseil de sécurité entendront les représentants des délégations israélienne
et palestinienne, selon ces diplomates.
L'Egypte avait demandé cette réunion après une
vingtaine de raids israéliens sur la bande de Gaza dans lesquels le chef
militaire du Hamas a été tué. Le représentant palestinien auprès de l'ONU,
Riyad Mansour, a affirmé que 9 personnes au moins avaient été tuées. Les
ambassadeurs des pays arabes ont indiqué qu'ils voulaient que le Conseil
condamne Israël.
Sources : AFP/Reuters/Le Monde
A LIRE :
A LIRE :
- Julien SALINGUE, « Premiers éléments d’analyse sur l’offensive israélienne contre Gaza », Contretemps, 18 novembre 2012
- Julien THERON, « Gaza : le pari risqué d’Israël », Géopolitique des conflits, 19 novembre 2012
La Palestine, Israël et le printemps arabe
RépondreSupprimerVisiblement, les temps ont changé : depuis les attaques israéliennes sur la Bande de Gaza février 2012 ; L’Egypte a réagi en faveur des palestiniens en envoyant des hauts responsables à Gaza, 7 ministres tunisiens se sont dépêchés aussi à Gaza pour marquer leur solidarité avec les palestiniens, le Yémen, la Libye et la majorité des pays arabes ont tous condamné avec fermeté les actes criminels commis par Israël.
De son coté, le secrétaire général de la Ligue des Etats Arabe a demandé la poursuite des responsables israéliens devant la Cour Pénale Internationale. Cette position est largement partagée par certaines organisations régionales, à l’instar de l’Organisation de la Conférence Islamique, l’Union du Maghreb Arabe…
Il s’agit en effet d’un renouveau caractérisant la politique arabe vis-à-vis d’une question emblématique, à savoir la Palestine. Ce renouveau est le fruit de ce qu’on appelle le printemps arabe qui a ouvert la porte à la liberté des peuples arabes, longtemps négligés et méprisés... D’ailleurs, certains gouvernements arabes bien qu’ils ne soient pas encore prés de soutenir ouvertement les palestiniens, ils étaient contraints de s’aligner sur la position de leurs peuples, ne serait-ce par pragmatisme et/ou opportunisme politique.
Les palestiniens, eux, se sentent plus que jamais réconfortés par cet élan humanitaire, (qui ne se réduit pas d’ailleurs au soutien des arabes, mais aussi aux ONG, aux démocrates et certains intellectuels occidentaux…), pour continuer à mener leur combat pour la liberté, un combat noble et juste.
En effet, les palestiniens (et les opprimés de la géopolitique moderne), ont compris que le chemin de la liberté véhiculée sous le vocable du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes (charte de l’ONU), passe par la force, et non pas par le droit international. Toutefois, ces nouveaux ingrédients découlant du renouveau arabe invite, d’une manière ou d’une autre, l’ONU ainsi que certaines capitales, surtout occidentales à revisiter leurs positions dans ce conflit, inégal et injuste, qui oppose le courage palestinien aux armes israéliennes.
Maher Abdmouleh