Le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a ouvert une enquête le 16 janvier sur les crimes de guerre présumés commis depuis janvier 2012 pendant le conflit au Mali, a annoncé le bureau du Procureur. "Divers groupes armés ont semé la terreur et infligé des souffrances à la population par tout un éventail d'actes d'une extrême violence à tous les stades du conflit", a déclaré le Procureur de la Cour, Fatou Bensouda, dans un communiqué. "Je suis parvenue à la conclusion que certains de ces actes de brutalité et de destruction pourraient constituer des crimes de guerre au regard du statut de Rome", le traité fondateur de la CPI, a-t-elle ajouté.
Madame Bensouda estime qu'il existe une base
raisonnable pour croire que des meurtres, des mutilations, des exécutions
sommaires, des pillages et des viols, constitutifs de crimes de guerre, ont été
commis sur le territoire du Mali depuis janvier 2012.
De plus, "[une série d'attaques contre] au
moins 9 des 16 mausolées classés au patrimoine mondial de l'Unesco, deux des
trois grandes mosquées figurant sur cette même liste ainsi que deux monuments
historiques de la ville de Tombouctou aurait été délibérément lancée par des
membres appartenant au groupe Ansar Eddine et éventuellement à AQMI",
selon la même source, qui souligne que cela constitue un crime de guerre. Le
bureau du Procureur affirme également disposer d'informations sur les personnes
qui en seraient responsables.
Le Mali a ratifié le Statut de Rome
Selon le bureau du Procureur, le nombre de meurtres a
atteint son plus haut niveau en janvier 2012 avec l'exécution présumée de 70 à
153 détenus. Des pillages et jusqu'à 90 cas de viols ou tentatives de viols ont
été signalés fin mars, début avril "quand les groupes armés ont pris le
contrôle du Nord", selon ce rapport. Les crimes commis dans le Nord
sont attribués à des groupes armés tels que le MNLA, Ansar Eddine, Mujao, AQMI
et d'autres milices.
Le Mali, qui avait ratifié le Statut de Rome, le traité fondateur de la CPI, dès août 2000,
avait déféré à la Cour la situation sur son territoire "depuis le mois
de janvier 2012". C'est le cinquième pays africain, après l'Ouganda,
la République démocratique du Congo, la Centrafrique et la Côte d'Ivoire, à
demander à la CPI d'enquêter sur des crimes commis sur son territoire.
Le Mali est le théâtre d'une rébellion armée depuis un
an, à la suite de l'attaque, le 17 janvier 2012, de la base militaire de
Ménaka, dans la région de Gao, par des rebelles touareg du Mouvement national
de libération de l'Azawad (MNLA), souligne le bureau du Procureur. Rapidement
ralliés par les groupes islamistes Ansar Eddine et Mouvement pour l'unicité et
le djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), alliés d'Al-Qaida au Maghreb
islamique, ils avaient profité d'un coup d'Etat, le 22 mars à Bamako, pour
prendre possession du Nord du Mali. Le MNLA a ensuite été évincé par les
islamistes, qui ont mené lapidations et mutilations en vertu de leur
interprétation ultra-rigoriste de la charia.
Enfants soldats
Les groupes islamistes armés, contre lesquels le Mali
mène la guerre avec l'appui de la France, utilisent des enfants soldats et "les
populations comme boucliers" dans les zones qu'ils investissent, a par
ailleurs affirmé mercredi un responsable de l'armée malienne joint depuis
Dakar. Les islamistes armés "ont deux stratégies : les populations
comme boucliers et des enfants soldats comme combattants", a déclaré
ce responsable militaire sous le couvert de l'anonymat.
A Diabali, les islamistes "sont en train de se
servir des populations comme boucliers, c'est ce qui complique les choses pour
nous. Et ils n'ont que des enfants soldats", a ajouté ce responsable,
refusant d'en dire plus "parce que des opérations sont en cours en ce
moment [mercredi après-midi] pour les en déloger".
En juillet, Malik Koulibali, ministre malien de la Justice,
avait envoyé une lettre à la Procureure pour lui demander de statuer sur les
exactions des groupes islamistes. Les organisations non-gouvernementales, dont
Amnesty International, avaient alors demandé à la CPI d'ouvrir une enquête plus
large, visant notamment des bombardements de camps touaregs. Des ONG enquêtent
actuellement sur des accusations d'exécutions sommaires et de disparitions,
dont sont soupçonnés des soldats de l'armée régulière malienne.
Source : AFP/Le Monde
Je félicite le CPI d'avoir enclenché cette procédure pour pouvoir identifier les auteurs de meurtres au Mali, mais pour Madagascar qui a été le théatre de pillage, de corps brulés dans des lieux de vandalisme ciblé, population tuée par balle...quand le CPI aura ouvert une enquête là-dessus ? Les auteurs seront connus et cela apportera des leçons pour que toute forme de perte de vies humaines dans le but de perpétrer un coup d'état sera punie. Je vous prie de bien vouloir alimenter plus d'analyses politiques pour Madagascar, merci.
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