Le marché mondial de la défense navale est de l’ordre de 25 à 30 milliards d'euros par an. Si les États-Unis sont leaders (un tiers du marché), ils sont suivis de près par l'Europe (France, Allemagne, Suède) pour 28 % et par l'Asie (25%). Pour la France, plus précisément, le naval militaire représente 160 sociétés, cinq milliards d'euros de chiffres d'affaires et 50 000 emplois directs et indirects. Ce marché devrait continuer à croître, dans les prochaines années avec l’arrivée de nations en quête de puissance maritime (Inde, Brésil, Chine) et d’autres (Japon, Australie, Pakistan) qui souhaitent protéger leurs espaces maritimes. Le ʺproduitʺ le plus demandé est le sous-marin. Vecteur de puissance et arme stratégique de premier plan, le sous-marin a largement fait ses preuves depuis la seconde guerre mondiale, lors du conflit des Malouines ou encore lors des frappes faites par les sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) américains sur l’Irak.
Désormais, l’offre commerciale ne se réduit plus à des sous-marins uniquement dotés de propulsion diesel ou de système AIP, mais s’ouvre à des submersibles équipés de propulsion nucléaire. Et oui ! Si le choix pour l’Indonésie, le Pakistan, la Grèce, la Turquie et le Japon est de rester (pour le moment) sur une propulsion classique, d’autres marines aux ambitions plus ʺocéaniquesʺ (notamment l’Inde et le Brésil) ont mis en place et lancé des programmes pour disposer (respectivement entre 2010 et 2020) d’une flotte de sous-marins à propulsion nucléaire. Cette propulsion confère l’avantage d’augmenter la durée des missions (pas de limite outre celui du ravitaillement), de plonger à une plus grande profondeur et de disposer d’une discrétion d’action.
À ce titre, la France et la Russie, détenant le secret de la propulsion nucléaire, semblent prêts à aider ces pays à acquérir ce système, qui créera, sans aucun doute, une nouvelle course aux armements dans ces deux régions du monde. L’ouverture de ce marché en passe de se réaliser est loin d’être anodine. Ce n’est pas un simple ʺmoteurʺ qui sera cédé, mais une technologie hautement proliférante. En effet, ce type de réacteur nécessite d’être alimenté par de l’uranium hautement enrichi, dit de qualité militaire. Or, c’est ce même type d’uranium qui permet de concevoir une arme atomique ! Ainsi qui possède le secret de la propulsion atomique, possède aussi les clés de la Bombe... La Russie va fournir en location (opération déjà réalisée en 1987/1991) deux SNA à l’Inde et collabore activement sur son projet de sous-marin à propulsion nucléaire nommé Advanced Technology Vessel (ATV). Officiellement, la France ne fournirait non pas la propulsion mais uniquement la coque d’un sous-marin au Brésil apte à accueillir un réacteur nucléaire. Cependant les tractations semblent évoluer de jours en jours. Il y a quelques mois, cette coque devait être celle d’un sous-marin type Scorpène. Or, désormais il il est clair que la France se destine à vendre une coque d’un SNA Barracuda : les futurs sous-marins d’attaques à propulsion nucléaire français (le premier devrait être opérationnel en 2017). Un representant d' Areva, présent à Euronaval, sous couvert d’anonymat, m'indiquait que la décision de vendre en plus du SNA un réacteur nucléaire serait une bonne chose sur le plan des affaires ; mais l’autorisation dépend exclisivement du Président Sarkozy.
À ne pas en douter, les discussions se poursuivent activement sur ce sujet. Nous devrions en savoir plus début décembre lors de la seconde rencontre en moins d’une année (après février 2008) entre les présidents Sarkozy et Lulla…