20 janvier 2013

NOTE : La France refuse de discuter des conséquences humanitaires des armes nucléaires

Jean-Marie COLLIN

La France, puissance nucléaire, ne veut pas entendre parler de l’impact humanitaire des armes nucléaires !

La France, par la voix de son conseiller des Affaires étrangères Frédéric Journès, a clairement indiqué par un « non » franc et fort que la France ne se rendrait pas, et donc ne participerait pas, à la conférence d’Oslo sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires, une information apportée ce 16 janvier, lors du colloque « Agir ensemble pour le désarmement humanitaire ».

Cette conférence internationale organisée par la Norvège, qui se déroulera les 4 et 5 mars prochains, compte déjà à ce jour un grand nombre d’Etats inscrits. Cette conférence a pour but d’informer et de faire prendre conscience du danger que posent les armes nucléaires et des réponses qui devront être faites en cas d’utilisation. Les trois sessions de travail sont explicites :
  • The immediate humanitarian impact of a nuclear weapon détonation ;
  • The wider impact and longer-term consequences ;
  • Humanitarian preparedness and response.
Ces thèmes n’ont jamais été abordés lors des différentes conférences onusiennes, mis à part, par des organisations de la société civile.

Ce refus s’explique par la ligne de conduite de Paris qui est d’éluder la question du droit international humanitaire, étant entendu que la force de dissuasion respecte ce droit… Dans cette optique, nulle question de parler de ce problème. Une action menée avec brio par M. Journès, qui a ainsi éludé ce sujet pour simplement indiquer qu’il fallait travailler sur des voix classiques, telle la conclusion du CTBT ou du Traité Cut-off (oui, c’est certain), et qu’il était aisé pour des « petits Etats » de s’investir sur ce genre de questions…

Prestige et grandeur quand tu nous tiens…

Cette déclaration a été faite lors du colloque « Agir ensemble pour le désarmement humanitaire » qui a réuni le 16 janvier, dans l’hémicycle du Conseil général d’Île de France, de nombreux acteurs de la société civile ayant pris part aux campagnes contre les mines antipersonnel, les armes à sous-munitions (Human Rights Watch, Handicap International, ICBL-CMC), les ventes d’armes (Amnesty International, Oxfam France), et les armes nucléaires (I CAN). Saluons la présence d’une parlementaire, Mme Joëlle Garriaud-Maylam (UMP), qui participa à la session « Protéger les populations civiles des conséquences des armes : quel rôle pour la France ? », les parlementaires étant bien trop souvent absents de ce genre de conférences…

Pour la France, selon les indications révélées par M. Journès, cette conférence va dans un mur et cette voie de travail ne peut aboutir à une solution pour le désarmement nucléaire. Pire, elle « serait même contreproductive ».



Ce refus, que j’ai entendu le 16 janvier, m’a rappelé tout d’un coup le refus du MAE il y a bientôt 4/5 ans de discuter des armes à sous-munitions (BASM). Il était alors impossible pour lui de participer à une quelconque conférence sur l’interdiction des BASM… Au final, la France a participé à cette conférence qui se déroulait aussi à Oslo ! Contrainte ou non, elle s’est rendue compte après un intense lobbying d’ONGs (principalement de Handicap international) qu’elle devait prendre part aux négociations car, de toute façon, des règles allaient être mises en place. Elle a donc fait le choix entre subir et agir, de participer à l’élaboration de ces règles.

La conférence d’Oslo est dans un peu plus d’un mois. Un revirement de dernière minute, pour éviter un certain ridicule et isolement international, n’est peut-être pas tout à fait impossible.

Réponse et rendez-vous à Oslo !


* Retrouvez cet article sur le blog Défense et Géopolitique (Alternatives Internationales)

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