Jean-Marie COLLIN
C’est un livre choc, qui est commenté dans de nombreux journaux et revuesspécialisées. Il faut dire que WardWilson, chercheur indépendant, n’y va pas avec le dos de la cuillère. Il vient tout simplement casser les mythes qui « protègent les arsenaux nucléaires », dans le but de s’en débarrasser.
Le premier mythe (« Nuclear weapons shock and awe
opponents ») est d’affirmer que les armes nucléaires ont permis de mettre
fin à la Deuxième Guerre mondiale. Bien évidemment, à travers cette pensée, il
n’y a nulle place pour la moralité de tuer sciemment des populations
civiles ! De nombreuses recherches montrent clairement que le Japon a
capitulé, non pas à cause de la bombe atomique, mais parce que les Soviétiques
ont renoncé à leur neutralité, en entrant en guerre et en envahissant la
Mandchourie. Attribuer cette victoire à cette arme « miraculeuse » était un mensonge commode pour les deux puissances nucléaires en devenir ;
mais attribuer cette défaite, à cause de cette arme miraculeuse, fut également
un moyen pour le Japon d’écarter tout sentiment de honte.
Le deuxième mythe (« H-bomb quantum leap ») est celui du pouvoir destructeur de
l’arme, qui est un pouvoir décisif. Mais
la destruction massive ne permet pas de gagner des guerres, mais uniquement de
tuer des soldats et des populations civiles. W. Wilson prend comme exemple le
siège de la ville de Stalingrad par les Nazis qui n’a en rien découragé les
forces soviétiques de faire front. Construire des armes de plus en plus
destructrices ne fait qu'augmenter l'horreur de la guerre, et ne donne
absolument pas la certitude d'y mettre fin.
Le troisième mythe («
Nuclear deterrence works in a crisis ») repose sur la fiabilité de la force
de dissuasion nucléaire. L’exemple généralement usité est celui de la crise de
Cuba où les dirigeants soviétiques et américains n’ont cessé de rester sur leur position au risque de faire
éclater une guerre nucléaire. Cette possibilité de guerre nucléaire a été
mentionnée, par les responsables de ces deux pays, plusieurs dizaines de fois
au cours même de cette crise. Les partisans de la dissuasion pourraient
soutenir le fait que, finalement, cela n’a pas débouché sur une guerre
nucléaire, accréditant ainsi la théorie de la dissuasion nucléaire. Mais penser
ainsi ne signifie rien d’autre que de prendre le problème à l’envers et de se
voiler la face devant le danger réel que provoquerait une guerre nucléaire. De
même, originellement, il était affirmé que la possession d’arsenaux nucléaires
permettrait d’éviter toute attaque aux pays possesseurs ou aux pays qui
bénéficient de ce que l’on nomme le « parapluie nucléaire ».
Pourtant, la possession de cette force ne garantit rien. La guerre de Kippour
comme celles des Malouines ont bien montré qu’un Etat non-doté pouvait attaquer
une puissance nucléaire. Enfin, cela remet en cause cette notion de protection
créée par ce « parapluie ». En effet, si une force nucléaire ne peut
défendre son propre territoire, même éloigné (îles), comment pourrait-elle
défendre d’autre pays ?
Le quatrième mythe (« Nuclear weapons keep us safe ») consiste à dire que
la bombe assure la paix. D’ailleurs, pour preuve, il n’y a pas eu de guerre
nucléaire depuis 1945. Mais en quoi cette preuve par l’absence vérifie-t-elle
cette théorie ? Comment peut-on affirmer que seule cette présence d’armes
nucléaires a fait naître une paix et éviter une guerre entre Américains et Soviétiques ? Se reposer simplement sur cette absence de preuve pour
garantir la paix semble bien difficile à entériner alors que, dans le même
temps, nous risquons la vie de millions d’êtres humains.
Le dernier et cinquième mythe (« There is no alternative ») est celui de
l’irréversibilité. Les réalistes disent aux idéalistes (ceux qui veulent
désarmer) que non, d'un « ton condescendant, vous ne pouvez pas
remettre le génie nucléaire dans sa bouteille ». Il est vrai qu’il
est difficile de désinventer une technologie, ici la bombe. Pour autant,
celle-ci peut disparaître, soit parce qu’une technologie plus moderne a été
trouvée, soit parce que celle-ci n’est pas bonne. Concernant les armes
nucléaires, la question est donc, non pas de savoir si elles peuvent « désinventées », mais plutôt de savoir quelle est leur utilité. Force est de
constater que personne n’a trouvé à les utiliser depuis 1945 ; au
contraire, les armées recherchent, aujourd’hui, beaucoup plus des armes très
précises, miniatures, et non pas des armes de destruction de masse.
À travers cet ouvrage Ward Wilson envoie donc un signe fort, celui
de repenser complètement et concrètement les armes nucléaires, dans le but de
parvenir à un désarmement nucléaire mondial.
TABLE OF CONTENTS
Introduction
Myth 1: Nuclear weapons shock and awe opponents
Myth 2: H-Bomb quantum leap
Myth 3: Nuclear deterrence works in a crisis
Myth 4: Nuclear weapons keep us safe
Myth 5: There is no alternative
Conclusion
Acknowledgments
Notes
Bibliography
Index
TABLE OF CONTENTS
Introduction
Myth 1: Nuclear weapons shock and awe opponents
Myth 2: H-Bomb quantum leap
Myth 3: Nuclear deterrence works in a crisis
Myth 4: Nuclear weapons keep us safe
Myth 5: There is no alternative
Conclusion
Acknowledgments
Notes
Bibliography
Index
Wilson Ward, Five Myths about Nuclear
Weapons, Boston, Houghton Mifflin Harcourt, 2013 (205 pp.)
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