8 mai 2013

ACTU : La presse chinoise publie un appel à revoir la souveraineté nippone sur Okinawa

Catherine MAIA

Le principal journal de la presse d'Etat chinoise a publié le 8 mai un appel d'universitaires à "reconsidérer" la souveraineté du Japon sur Okinawa, une île abritant des bases américaines, normalement épargnée par l'actuelle dispute territoriale entre les deux voisins. La longue tribune parue dans le Quotidien du peuple, organe du Parti communiste chinois (PCC), soutient que Pékin pourrait être fondé à faire valoir des droits sur l'archipel des Ryukyu, dont Okinawa constitue l'île principale.

"Le temps est venu de reconsidérer des problèmes non résolus concernant les îles Ryukyu", ont écrit Zhang Haipeng et Li Guoqiang, chercheurs à l'Académie chinoise des sciences sociales (CASS). Les deux universitaires reviennent notamment sur le traité de Shimonoseki (17 avril 1895), concluant la courte guerre sino-japonaise de 1894-1895, perdue par la dynastie mandchoue des Qing, qui est alors apparue affaiblie.

La Chine a vécu comme une humiliation tenace la signature de ce traité "inégal" qui la forçait à céder au Japon, consacré puissance impérialiste, des territoires parmi lesquels l'île de Formose (Taïwan), une quinzaine d'années après que les Ryukyu eurent déjà été englobées dans l'empire nippon.

Situé entre le Japon et Taïwan, l'archipel subtropical des Ryukyu a été, au fil d'une histoire douloureuse, d'abord vassal de la Chine avant de passer sous la suzeraineté nippone. Ce petit royaume indépendant et prospère, qui a longtemps payé tribut à la Chine, fut intégré à l'empire nippon en 1879 et devint la préfecture d'Okinawa. Ses habitants partagent une longue histoire commune avec la Chine, et nombre d'entre eux ont souffert des suites de l'annexion japonaise.

Le chapelet d'îles a été le théâtre de combats meurtriers et de suicides forcés durant la deuxième guerre mondiale, avant d'être occupé jusqu'en 1972 par les Etats-Unis. Les Okinawaïens se sont ensuite vu imposer la présence des bases américaines.

La tribune publiée par le Quotidien du peuple pourrait aviver les tensions entre Pékin et Tokyo, englués dans un interminable différend territorial autour d'un archipel inhabité en mer de Chine orientale, nommé "Diaoyu" par les Chinois et "Senkaku" par les Japonais.

Source : Le Monde

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