Catherine MAIA
Dans leurs interventions, MM. Ban et Yong Kim ont parlé de la visite conjointe, la première du genre, qu’ils ont effectuée dans la région à la fin du mois de mai, en vue de manifester l’appui de l’ONU et de la Banque mondiale à la mise en œuvre de « l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région », conclu à Addis-Abeba, le 24 février 2013. Signé par 11 pays*, cet Accord-cadre prévoit un certain nombre d’engagements à mettre en œuvre par la RDC, par les pays de la région, et par la communauté internationale en vue d’enrayer le cycle dévastateur de la violence dans les Grands Lacs, en particulier à l’est de la RDC. Quatre organisations intergouvernementales sont les garantes de l’Accord-cadre, à savoir l’ONU, l’Union africaine, la Communauté de développement de l’Afrique australe et la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs.
Organisée au niveau ministériel, la réunion était
présidée par le Secrétaire d’État des États-Unis, M. John Kerry, dont le pays
assure la présidence du Conseil de sécurité pour ce mois de juillet 2013.
Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon; son Envoyée spéciale pour
la région des Grands Lacs, Mme Mary Robinson; le Président du Groupe de la
Banque mondiale, M. Jim Yong Kim; ainsi que plusieurs ministres des pays
concernés, ont pris part à cette séance de travail.
Par la déclaration présidentielle, adoptée le 25 juillet, le Conseil de sécurité
se félicite des mesures prises jusqu’à présent par les signataires de
l’Accord-cadre, notamment l’organisation de la première réunion des
« 11+4 » du Mécanisme de suivi régional de l’accord, qui s’est tenue
à Addis-Abeba, le 26 mai; ainsi que la tenue des deux premières réunions
du Comité d’appui technique à Nairobi, les 24 juin et 22 juillet
derniers.
Cinq mois après la signature de cet Accord, la reprise récente des
hostilités entre les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) et les Forces
armées de la République démocratique du Congo (FARDC) mine les efforts en
cours, s’est cependant inquiété M. Ban Ki-moon.
Aux termes de la déclaration présidentielle du 25 juillet, le Conseil de
sécurité condamne les nouvelles attaques qui ont été lancées par le M23 à
proximité de Goma, du 20 au 22 mai, puis le 14 juillet dernier. Le
Conseil de sécurité se dit aussi préoccupé par l’activité croissante des Forces
démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) dans l’est de la RDC, et notamment
par les informations faisant état d’incursions des FDLR en territoire rwandais,
et il exige que tous les membres des FDLR soient démobilisés et déposent les
armes.
Il demande à la République démocratique du Congo et aux pays de la région
d’appliquer intégralement, rapidement et en toute bonne foi les engagements
qu’ils ont pris au titre de l’Accord-cadre. Il réaffirme son ferme
attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité
territoriale de la République démocratique du Congo et de tous les pays de la
région et souligne qu’il est nécessaire de respecter pleinement les principes
de non-ingérence, de bon voisinage et de coopération. Il appelle les pays
de la région à ne tolérer aucun groupe armé et à s’abstenir de fournir à ces
groupes une aide ou un appui quelconque.
« Toutes les étapes qui sont mises en œuvre en faveur de
l’Accord-cadre sont des affirmations concrètes de la détermination à explorer
de nouvelles voies pour parvenir à une paix durable et au développement dans la
région », a souligné l’Envoyée spéciale pour la région des Grands Lacs,
Mme Mary Robinson, en fonctions depuis quatre mois.
Le taux de pauvreté de la RDC est d’environ 70%, tandis que les causes
économiques clefs du conflit ont des répercussions au-delà des frontières de ce
pays, a rappelé le Président du Groupe de la Banque mondiale, M. Jim Yong Kim.
Sur une contribution de 1 milliard de dollars que la Banque mondiale
s’est engagée à allouer aux grandes priorités de développement de la région,
500 millions de dollars seront attribués à des projets dans le secteur de
l’hydroélectricité, et 350 millions à des initiatives permettant de développer
les liens transfrontaliers, a-t-il expliqué.
Le Secrétaire d’État des États-Unis, M. John Kerry, a salué la stratégie
innovante lancée par l’ONU et la Banque mondiale en vue de lier la paix et le
développement dans la région.
Le Ministre des affaires étrangères de la RDC a souligné que son pays était
déterminé à assumer sa part de responsabilité dans l’établissement d’une paix
durable. La RDC a accéléré la réforme de son secteur de la sécurité et
renforcé les capacités de sa Police nationale, de son administration publique
et de ses tribunaux, a indiqué M. Raymond Tshibanda N’Tungamulongo.
Il a cependant exprimé l’indignation de son gouvernement concernant des
allégations qui cherchent, a-t-il dit, à discréditer la Brigade d’intervention
de la MONUSCO, autorisée par la résolution 2098 (2013) du Conseil de sécurité à
mener des opérations offensives pour neutraliser les groupes armés à l’est
de la RDC.
De son côté, la Ministre des affaires étrangères du Rwanda, Mme Louise Mushikiwabo,
a salué l’adoption de la déclaration présidentielle, tout en indiquant que son
pays aurait souhaité qu’elle mentionne les efforts de paix régionaux, en
particulier les pourparlers menés à Kampala entre le M23 et le Gouvernement
congolais sous l’égide de la Conférence internationale sur la région des Grands
lacs.
D’autres pays signataires de l’Accord-cadre, dont l’Afrique du Sud, la
République-Unie de Tanzanie, la République du Congo, le Burundi, ont participé
à ce débat de haut niveau.
*Afrique du Sud, Angola, Burundi, Congo, Ouganda, République
centrafricaine, République démocratique du Congo, République-Unie de Tanzanie,
Rwanda, Soudan du Sud et Zambie.
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