Catherine MAIA
Dans une directive du 16 juillet 2013, l’Union européenne impose à tous
les accords qu’elle signe avec Israël d'indiquer explicitement qu'ils ne
s'appliquent pas aux Territoires occupés par cet Etat depuis 1967. Cette
directive, qui entrera en vigueur en 2014, vise ainsi à exclure
les entités israéliennes opérant dans les Territoires occupés palestiniens de
l’accès à certaines subventions et transactions financières. Concrètement,
les Territoires occupés ne
pourront désormais plus bénéficier de nouveaux projets de coopération
économique, financements, bourses, programmes de recherches ou prix, émanant de
l'UE ou de ses États membres. Tandis que cette directive est considérée comme "modérée" par les militants pro-palestiniens, elle a provoqué de vives réactions en Israël, qui refuse
toute immixtion sur la question de ses frontières et accuse l'UE d'un "acharnement
disproportionné" à son encontre.
Anna RAVIX, « L'Union européenne exclut les territoires occupés de la coopération avec Israël », TV5 Monde, 19 juillet
2013
"Tous les accords entre l'Etat d'Israël et l'UE doivent
indiquer sans ambiguïté et explicitement qu'ils ne s'appliquent pas aux
territoires occupés par Israël en 1967". Cette directive,
adoptée le 16 juillet 2013 et publiée le 19 juillet au Journal officiel de l'Union européenne établit pour la première
fois "une
distinction entre Israël et les entités en Cisjordanie, à Jérusalem-Est, la
bande de Gaza et le plateau du Golan" qui
devra être appliquée à partir de 2014.
Pour les Européens, "il ne s'agit pas d'une nouvelle approche", comme l'a précisé la porte-parole du service diplomatique de l'UE, Maja Kocijancic, obligée de répondre aux vives réactions israéliennes le 16 juillet. Les "lignes directrices" sont destinées, selon elle, à "apporter des clarifications à un système que nous appliquons déjà".
Ce qui change pour les Israéliens, c'est qu'"à partir de maintenant, si le gouvernement israélien veut signer des accords avec l'Union européenne ou l'un de ses Etats membres, il devra reconnaître par écrit que les colonies de Cisjordanie ne font pas partie d'Israël" a expliqué l'un de ses responsables sous couvert d'anonymat. Tout un symbole.
Au point que Benyamin Nétanyahou, dans une réunion ministérielle exceptionnelle organisée dans l'urgence a assuré que son gouvernement n'accepterait pas de "diktats de l'extérieur sur nos frontières". "Ça va même plus loin" explique Michelle Sibony, vice-présidente de l'Union Juive Internationale pour la Paix (UJIP), pour elle, "Netanyahou répond : vos deux Etats, je n'en ai que faire, moi je ne parle que d'un Etat, c'est la Judée-Samarie, on ne parle pas de territoires occupés ni de Cisjordanie, c'est le Golan annexé et c'est Jérusalem capitale unique du pays. Terminé".
Pour les Européens, "il ne s'agit pas d'une nouvelle approche", comme l'a précisé la porte-parole du service diplomatique de l'UE, Maja Kocijancic, obligée de répondre aux vives réactions israéliennes le 16 juillet. Les "lignes directrices" sont destinées, selon elle, à "apporter des clarifications à un système que nous appliquons déjà".
Ce qui change pour les Israéliens, c'est qu'"à partir de maintenant, si le gouvernement israélien veut signer des accords avec l'Union européenne ou l'un de ses Etats membres, il devra reconnaître par écrit que les colonies de Cisjordanie ne font pas partie d'Israël" a expliqué l'un de ses responsables sous couvert d'anonymat. Tout un symbole.
Au point que Benyamin Nétanyahou, dans une réunion ministérielle exceptionnelle organisée dans l'urgence a assuré que son gouvernement n'accepterait pas de "diktats de l'extérieur sur nos frontières". "Ça va même plus loin" explique Michelle Sibony, vice-présidente de l'Union Juive Internationale pour la Paix (UJIP), pour elle, "Netanyahou répond : vos deux Etats, je n'en ai que faire, moi je ne parle que d'un Etat, c'est la Judée-Samarie, on ne parle pas de territoires occupés ni de Cisjordanie, c'est le Golan annexé et c'est Jérusalem capitale unique du pays. Terminé".
"Un système hypocrite"
Certains commentateurs israéliens tempèrent, comme le ministre des Relations internationales Youval Steinlitz qui a déclaré à l'AFP, "il ne faut pas exagérer les retombées de cette directive administrative énervante car elle ne s'applique qu'aux futurs accords et pas à ceux qui ont été déjà signés". Michelle Sibony ajoute que la directive est loin d'être claire et laisse un flou propice a des contournements. "Par exemple, les entreprises qui sont domiciliées en Israël (dans ses frontières de 1967) et qui travaillent avec des colonies sont-elles concernées?", s'interroge-t-elle.
En fait, les entreprises israéliennes ont déjà des systèmes en place pour éviter des sanctions en raison de leur combat permanent contre le mouvement BDS international, les initiales de boycott, désinvestissements, et sanctions. La section C de la directive précise, par exemple, que "le lieu d'établissement, compris comme l'adresse postale doit correspondre à un emplacement physique concret" à l'intérieur des frontières israéliennes reconnues par le droit international. Mais un site d'information israélien, 972mag, cite les exemples de plusieurs entreprises domiciliées en Israël dont les usines se trouvent dans les colonies.
"Sodastream, par exemple, est une des nombreuses sociétés qui loue un bureau à côté de l'aéroport international de Ben-Gourion, en l'utilisant comme adresse officielle pour cacher l'emplacement de son usine dans le parc industriel de Mishor Adumim en Cisjordanie". Preuves à l'appui, l'article défile plusieurs exemples de sociétés qui sont dans le même cas que Sodastream.
Les mécanismes sont nombreux à renforcer la puissance des colonies, malgré les déclarations de principe de l'Union européenne. Un système que Michelle Sibony qualifie d'"extrêmement hypocrite" comme le dénonçait un rapport publié en octobre 2013 par plus d'une vingtaine d'ONG, intitulé La paix au rabais : comment l'Union européenne renforce les colonies israéliennes.
Certains commentateurs israéliens tempèrent, comme le ministre des Relations internationales Youval Steinlitz qui a déclaré à l'AFP, "il ne faut pas exagérer les retombées de cette directive administrative énervante car elle ne s'applique qu'aux futurs accords et pas à ceux qui ont été déjà signés". Michelle Sibony ajoute que la directive est loin d'être claire et laisse un flou propice a des contournements. "Par exemple, les entreprises qui sont domiciliées en Israël (dans ses frontières de 1967) et qui travaillent avec des colonies sont-elles concernées?", s'interroge-t-elle.
En fait, les entreprises israéliennes ont déjà des systèmes en place pour éviter des sanctions en raison de leur combat permanent contre le mouvement BDS international, les initiales de boycott, désinvestissements, et sanctions. La section C de la directive précise, par exemple, que "le lieu d'établissement, compris comme l'adresse postale doit correspondre à un emplacement physique concret" à l'intérieur des frontières israéliennes reconnues par le droit international. Mais un site d'information israélien, 972mag, cite les exemples de plusieurs entreprises domiciliées en Israël dont les usines se trouvent dans les colonies.
"Sodastream, par exemple, est une des nombreuses sociétés qui loue un bureau à côté de l'aéroport international de Ben-Gourion, en l'utilisant comme adresse officielle pour cacher l'emplacement de son usine dans le parc industriel de Mishor Adumim en Cisjordanie". Preuves à l'appui, l'article défile plusieurs exemples de sociétés qui sont dans le même cas que Sodastream.
Les mécanismes sont nombreux à renforcer la puissance des colonies, malgré les déclarations de principe de l'Union européenne. Un système que Michelle Sibony qualifie d'"extrêmement hypocrite" comme le dénonçait un rapport publié en octobre 2013 par plus d'une vingtaine d'ONG, intitulé La paix au rabais : comment l'Union européenne renforce les colonies israéliennes.
"La paix au rabais"
La
position de principe, défendue depuis vingt ans par l'UE est de considérer que
les colonies israéliennes implantées au sein des territoires palestiniens
occupés sont "illégales au regard du droit international ; elles
constituent un obstacle à l'instauration de la paix ; elles risquent de rendre
impossible une solution fondée sur la coexistence de deux Etats". Seulement, en pratique, l'UE fait l'inverse des
intentions affichées dans cette profession de foi : la valeur annuelle des
produits qu'elle importe des colonies est 15 fois supérieure à celle des
produits qu'elle achète dans les territoires palestiniens : 230 millions
d'euros d'un côté, contre 15 millions d'euros de l'autre. Le rapport souligne
que près de 4 millions de Palestiniens vivent en Cisjordanie et à Gaza, ainsi
que 500 000 colons israéliens, ce qui signifie que l'UE "importe
au moins 100 fois plus par colon que par Palestinien". Tout en condamnant régulièrement les colonies
Israéliennes, l'UE "soutient leur viabilité en achetant leurs produits" et
favorise de facto leur croissance.
A la
suite de ce rapport, l'UE avait décidé d'étiqueter précisément les produits des
colonies israéliennes de Cisjordanie et de Jérusalem-Est, comme c'est déjà le
cas en Grande-Bretagne ainsi qu'au Danemark. Mais la décision ne cesse d'être reportée. "Il
faut se rendre compte, explique Michelle Sibony, de l'ampleur du lobbying israélien : il n y a pas un seul
bureau, du haut en bas des bâtiments de l'UE, dans lequel on ne rencontre pas,
à toute heure, des représentants de lobbys pro-israéliens, que ce soit dans le
sport, dans la cuisine, dans le ménage, dans tous les domaines possibles et
imaginables."
De son côté, Benyamin Netanyahou souligne qu'un
boycottage des produits des colonies entraînerait une perte d'emploi pour les
25 000 Palestiniens qui y travaillent, "ce qui aggraverait la crise économique que traverse
l'Autorité palestinienne". "Quel
cynisme!" s'émeut Michelle Sibony. "En
juin dernier, j'étais à la conférence nationale palestinienne du BDS,
explique-t-elle, il y avait 700 personnes réunies, de Palestine à Bethléem,
c'était très représentatif, non seulement leurs revendications étaient très
claires au niveau international, mais elles ont aussi appelé les palestiniens
eux-même à boycotter les produits israéliens dans leurs épiceries, ce qui n'est
pas une mince affaire…".
Pour
Michelle Sibony, "nous sommes dans des compromissions dangereuses avec
les israéliens, il faut poser des limites claires et précises à leurs
activités, et c'est le rôle de la France, c'est notre responsabilité en tant
qu'Etat de le faire". Sa remarque
fait notamment échos aux révélations
publiées sur Rue89 le 17 juillet 2013 par Laurent Bonnefoy, chercheur au
CNRS en sciences politiques qui s'est rendu compte que des associations de
colons israéliens étaient (indirectement) financées par les impôts français. Si
la charge symbolique de la directive européenne a pu heurter le nationalisme
israélien, force est de constater que ses liens économiques avec l'Union
européenne restent bien vivaces.
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