21 octobre 2013

ACTU : Centrale nucléaire flottante

Jean-Marie COLLIN

Voilà, c’est fait ! Depuis des années on en parlait, mais cette fois la Russie a franchi une grande étape avec sa centrale nucléaire flottante…

Le concept : c’est un navire dans lequel est embarqué (dans le cas de la Russie) deux réacteurs nucléaires, qui serviront à alimenter une ville en électricité et des usines de dessalement d’eau de mer. La durée de vie de cette centrale serait de 36 ans et, tous les 12 ans, il y aura une obligation de recharger les réacteurs en combustible nucléaire. Evidemment, cette technologie pose la question de la sécurité à la fois vis-à-vis d’une faille technologique (c’est arrivé plus d’une fois malheureusement sur des centrales nucléaires à terre), des risques terroristes (un commando pouvant s’emparer de ce navire), comme des risques de prolifération. Huit centrales nucléaires devraient être développées.

L’actualité : Les deux réacteurs de la première centrale nucléaire flottante du pays, le Akademik Lomonosov, ont été installés le 27 septembre dernier. Ce navire a été lancé en 2009, puis son chantier a été « gelé » en 2011, en raison d’une faillite du chantier naval qui construisait ce navire. Finalement c’est la Shipbuilding Corporation, avec Rosenergoatoma, qui a signé un nouveau contrat avec Baltiysky Zavod en décembre 2012 pour finaliser cette centrale nucléaire flottante. Elle devrait être prête pour prendre l’eau en septembre 2016 et sera déployée aux abords du port de Pevek, sur la péninsule russe de Tchoukotka dans la mer de Sibérie orientale.

Cette technologie est essentielle pour la Russie, dans un contexte où elle souhaite soutenir sa filière nucléaire, exploiter pleinement la route de l’Arctique et ses richesses, grâce à une électricité permanente qui alimentera les villes du nord et les grosses industries. La Russie aligne actuellement 9 brise-glaces atomiques, soit la flotte de navires nucléaires civils la plus puissante au monde.

L’AIEA – l' Agence Internationale de l’Energie Atomique – dont le rôle est de promouvoir cette technologie et de s’assurer que celle-ci n’est utilisée qu’à des fins pacifiques, fut le théâtre de la promotion de cette centrale nucléaire flottante par les autorités russes lors de l’une de ses récentes sessions. Vladimir Voronkov, représentant spécial de la Russie auprès des organisations internationales de Vienne, a ainsi joué au VRP et a appelé au « développement de technologies innovantes dans le domaine de l’énergie atomique et de la sécurité des installations nucléaires ». Le directeur de la société publique Rosatom, Sergueï Kirienko, a par ailleurs déclaré : « nous avons déjà des clients étrangers potentiels, mais ils souhaitent tout d’abord voir comment sera réalisé ce projet pilote ».


En France, cette idée est aussi présente dans la tête de nombreux ingénieurs et, plus particulièrement, chez DCNs qui est en charge de la construction des sous-marins à propulsion nucléaire. Son idée, qui n’en serait qu’à l’état de concept papier se nomme Flexblue. Il s'agit d'une « unité immergée de production électrique nucléaire de petite puissance », soit un réacteur nucléaire sous-marin, qui permettra d’alimenter en électricité des régions côtières. Les Russes ont inventé le concept de centrale nucléaire flottante ; les Français, eux, veulent fixer dans le fonds marin  une centrale nucléaire. Flexblue serait dotée d‘un système de sécurité passif qui lui « permettrait de maintenir le cœur d’un réacteur à un état sûr sans source d’énergie ou intervention extérieure ».


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