Voilà, c’est fait ! Depuis des années on en parlait, mais
cette fois la Russie a franchi une grande étape avec sa centrale nucléaire
flottante…
Le concept : c’est un navire dans lequel est embarqué (dans
le cas de la Russie) deux réacteurs nucléaires, qui serviront à alimenter une
ville en électricité et des usines de dessalement d’eau de mer. La
durée de vie de cette centrale serait de 36 ans et, tous les 12 ans, il y aura
une obligation de recharger les réacteurs en combustible nucléaire. Evidemment,
cette technologie pose la question de la sécurité à la fois vis-à-vis d’une
faille technologique (c’est arrivé plus d’une fois malheureusement sur des
centrales nucléaires à terre), des risques terroristes (un commando pouvant
s’emparer de ce navire), comme des risques de prolifération. Huit centrales
nucléaires devraient être développées.
L’actualité : Les deux réacteurs de la première centrale
nucléaire flottante du pays, le Akademik Lomonosov, ont été installés le 27
septembre dernier. Ce navire a été lancé en 2009, puis son chantier a été «
gelé » en 2011, en raison d’une faillite du chantier naval qui construisait ce
navire. Finalement c’est la Shipbuilding Corporation, avec Rosenergoatoma, qui a
signé un nouveau contrat avec Baltiysky Zavod en décembre 2012 pour finaliser
cette centrale nucléaire flottante. Elle devrait être prête pour prendre l’eau
en septembre 2016 et sera déployée aux abords du port de Pevek, sur la péninsule
russe de Tchoukotka dans la mer de Sibérie orientale.
Cette technologie est essentielle pour la Russie, dans un
contexte où elle souhaite soutenir sa filière nucléaire, exploiter pleinement
la route de l’Arctique et ses richesses, grâce à une électricité permanente qui
alimentera les villes du nord et les grosses industries. La Russie aligne
actuellement 9 brise-glaces atomiques, soit la flotte de navires nucléaires
civils la plus puissante au monde.
L’AIEA – l' Agence Internationale de l’Energie Atomique – dont
le rôle est de promouvoir cette technologie et de s’assurer que celle-ci n’est
utilisée qu’à des fins pacifiques, fut le théâtre de la promotion de cette
centrale nucléaire flottante par les autorités russes lors de l’une de ses
récentes sessions. Vladimir Voronkov, représentant spécial de la Russie auprès
des organisations internationales de Vienne, a ainsi joué au VRP et a appelé au
« développement de technologies innovantes dans le domaine de l’énergie
atomique et de la sécurité des installations nucléaires ». Le directeur de la
société publique Rosatom, Sergueï Kirienko, a par ailleurs déclaré : « nous
avons déjà des clients étrangers potentiels, mais ils souhaitent tout d’abord
voir comment sera réalisé ce projet pilote ».
En France, cette idée est aussi présente dans la tête de
nombreux ingénieurs et, plus particulièrement, chez DCNs qui est en charge de la
construction des sous-marins à propulsion nucléaire. Son idée, qui n’en serait
qu’à l’état de concept papier se nomme Flexblue. Il s'agit d'une « unité immergée de
production électrique nucléaire de petite puissance », soit un réacteur nucléaire
sous-marin, qui permettra d’alimenter en électricité des régions côtières. Les
Russes ont inventé le concept de centrale nucléaire flottante ; les Français, eux, veulent fixer dans le fonds marin une
centrale nucléaire. Flexblue serait dotée d‘un système de sécurité passif qui
lui « permettrait de maintenir le cœur d’un réacteur à un état sûr sans source
d’énergie ou intervention extérieure ».
- Retrouvez cet article sur le blog Défense et géopolitique
Aucun commentaire :
Enregistrer un commentaire