Pour la
vingt-deuxième année consécutive, l’Assemblée générale de l'ONU a adopté le 29 octobre une Résolution (A/68/L.6) sur « la nécessité de
lever le blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba par les
États-Unis d’Amérique », décrété après « un différend qui a vu le
jour alors que la majorité de la population actuelle n’était même pas
née », a dit le représentant de la Zambie. Le texte a été présenté
par le Ministre cubain des Affaires étrangères, M. Bruno Rodriguez Parilla.
Le Ministre
cubain des Affaires étrangères a confirmé que le blocus a été renforcé sous la
présidence de M. Barack Obama, particulièrement dans le secteur
financier. Les États-Unis, a-t-il expliqué, ont utilisé l’énorme capacité
technologique de leur système d’espionnage massif, dénoncé récemment, pour
persécuter et contrôler les transactions financières et les relations
économiques de Cuba.
Entre
janvier 2009 et septembre 2013, les amendes imposées à 30 entités
américaines et étrangères pour leurs relations avec Cuba ont atteint
2,446 milliards de dollars, a affirmé M. Bruno Rodriguez Parilla. Le
blocus économique s’est resserré et se ressent sur les conditions de vie des
familles cubaines.
Le Ministre
a affirmé que Cuba ne représente en aucun cas une menace à la sécurité de
« la superpuissance américaine ». Il a rappelé que son pays
était disposé à établir un dialogue sérieux et constructif dans le respect de
la pleine indépendance de Cuba. La reprise récente de certaines
discussions sur la migration, le rétablissement de services postaux directs ou
les discussions sur la lutte contre la pollution maritime ou les recherches et
secours en mer montrent que cela est possible.
Les
États-Unis se sont, une nouvelle fois opposés à la résolution. Leur
représentant a expliqué cette position par une volonté d’appuyer le désir de la
population cubaine de déterminer son propre avenir. La politique de
sanction est une « mesure d’encouragement » en faveur du respect des
droits civils et humains. Le représentant a affirmé qu’en 2012, plus de 2
milliards de dollars ont transité vers Cuba et que les États-Unis sont le plus
grand fournisseur de produits alimentaires et agricoles de l’île.
Selon les
époques, a ironisé le représentant de l’Argentine, les Gouvernements américains
ont mis en avant, devant l’opinion publique, une variété d’arguments pour
justifier le blocus, mais les documents des différentes administrations
montrent la raison réelle de ce blocus : augmenter le désarroi du peuple cubain
et transformer son désespoir en opposition au Gouvernement. Le projet a
échoué, a tranché le représentant.
Les autres
intervenants ont tous condamné l’embargo comme contraire à la Charte de l'ONU et aux
relations commerciales internationales et qui a eu pour effet de ralentir
fortement le développement économique de Cuba. Selon les chiffres cités
par Cuba dans le Rapport du Secrétaire général A/68/116 et repris par certains
intervenants, le blocus aurait coûté depuis son origine, en 1960,
1 126 milliards de dollars à Cuba.
Les
délégations ont également dénoncé la portée extraterritoriale de la loi Helms-Burton
qui oblige le Gouvernement américain à prendre des sanctions contre les
entreprises et personnes qui font du commerce avec Cuba. Le représentant
de l’Union européenne a ainsi rappelé que la politique commerciale des
États-Unis à l’égard de Cuba était par essence une question bilatérale, mais que
les effets extraterritoriaux de la législation américaine sont
« inacceptables ».
Le
représentant de la Zambie a argué que l’embargo n’a pas sa place dans ce XXIe
siècle, ni de rôle à jouer alors que la communauté internationale s’apprête à
« préparer le terrain » du programme de développement pour
l’après-2015. Le moment est venu pour Cuba et les États-Unis de « se
libérer » d’un différend qui a vu le jour pendant une époque révolue où la
majorité de leur population actuelle n’était même pas née.
Certains
États ont voulu voir « une lumière au bout du tunnel » dans les
relations entre les États-Unis et Cuba. Ont ainsi été cités les
assouplissements récents des États-Unis sur les transferts de fonds et les
visites familiales à Cuba.
Source : ONU
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