9 décembre 2013

ACTU : Le Conseil de sécurité débat des difficultés rencontrées par le TPIY et le TPIR dans l’achèvement de leurs travaux, depuis l’entrée en fonctions du Mécanisme chargé de leurs fonctions résiduelles

Kadidiatou HAMA

Les progrès réalisés par les Tribunaux pénaux internationaux pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) et pour le Rwanda (TPIR) et les défis auxquels ils continuent d’être confrontés ont été examinés, le 5 décembre, par le Conseil de sécurité.

Dans leurs exposés respectifs, les présidents et les procureurs des deux Tribunaux ont fait état des réalisations de ces deux juridictions dans le cadre de la stratégie d’achèvement des travaux, depuis l’entrée en fonctions de la Division du Mécanisme appelé à exercer les fonctions résiduelles des tribunaux (le Mécanisme) à La Haye, le 1er juillet 2013.  La Division du Mécanisme à Arusha avait démarré ses travaux le 1er  juillet 2012.

Le Mécanisme international a été créé par la Résolution 1966 (2010) du Conseil de sécurité après que celui-ci ait décidé de fixer l’achèvement des travaux des deux Tribunaux pénaux internationaux au 31 décembre 2014, au plus tard. Mais dans les résolutions ultérieures qu’il a adoptées, le Conseil s’était déclaré conscient de ce que les procès pouvaient se poursuivre au-delà de cette date. « C’est avec regret que je vous annonce que certaines affaires ont pris du retard et que le TPIY ne sera pas en mesure de terminer tous ses procès au 31 décembre 2014 », a déclaré le Président du TPIY et Président du Mécanisme pour les Tribunaux pénaux internationaux, M. Theodor Meron.

Outre la complexité des affaires, le Président a expliqué les retards constatés par des éléments qui ne sont pas liés à la conduite des procès. « Le moral des membres du personnel du TPIY continue d’être affecté par le fait que nombre d’entre eux ne pourront pas obtenir le renouvellement de leur contrat », a-t-il précisé. M. Meron a également avancé d’autres facteurs, tels que l’éloignement du Tribunal par rapport aux lieux où les crimes ont été commis, la traduction dans plusieurs langues d’un nombre considérable de documents et les nombreux témoignages que le Tribunal est amené à examiner. C’est pourquoi, il a demandé que le Conseil proroge les mandats des juges du Tribunal, qui s’achèvent à la fin de ce mois.

« Le TPIR a terminé les procès de tous les accusés et conclu, dans le cadre des procédures d’appel, les affaires concernant 46 personnes », a, pour sa part, affirmé son Président, M. Vagn Joensen. La procédure d’appel concernant les six personnes visées dans l’affaire Butare ne pourra cependant pas prendre fin avant juillet 2015, en raison du retard lié à la traduction des documents de procédure. Il a également déploré que les efforts visant à assurer la réinstallation des personnes acquittées et de celles qui ont été libérées après avoir purgé leur peine en Tanzanie aient échoué ces cinq dernières années. « Notre incapacité à le faire est un défi très sérieux pour la crédibilité de la justice pénale internationale », a-t-il affirmé.

Le Mécanisme résiduel, « fruit d’une véritable collaboration institutionnelle avec le TPIR et le TPIY », et qui est désormais pleinement opérationnel, a expliqué M. Meron, est actuellement saisi de l’appel du jugement rendu par le TPIR dans l’affaire Ngirabatware.  Il a aussi souhaité que les trois derniers fugitifs du TPIR que le Mécanisme résiduel aura à juger soient arrêtés ou se livrent prochainement. À cette fin, a-t-il insisté, les États Membres doivent tout mettre en œuvre.

Pour sa part, le Procureur du TPIR et Procureur du Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des tribunaux pénaux, M. Hassan Bubacar Jallow, a rappelé que la recherche des trois fugitifs – Félicien Kabuga, Portais Mpiranya et Augustin Bizimana – restait une priorité absolue du Mécanisme résiduel. Il a assuré qu’il continuera de consulter activement tous les États avec lesquels ces individus peuvent avoir des liens.

Le Procureur du TPIY, M. Serge Brammertz, a indiqué, quant à lui, que la Serbie, la Croatie et la Bosnie-Herzégovine avaient bien répondu aux demandes d’assistance et facilité le travail du Tribunal dans les derniers procès en première instance et en appel. « Néanmoins, la poursuite des crimes de guerre à l’échelle nationale en Bosnie Herzégovine suscite toujours de graves inquiétudes », a-t-il déploré.

Lors des échanges qui ont suivi, un grand nombre de délégations, à l’instar de celle des États-Unis, ont tiré un bilan positif de la justice rendue par les deux Tribunaux pénaux internationaux, en saluant notamment leur impartialité et leur contribution à la jurisprudence pénale internationale. Elles se sont également félicitées de ce que le Mécanisme résiduel soit pleinement opérationnel. Les défis rencontrés par les deux Tribunaux ne doivent pas empêcher leur fermeture dans les délais prévus, a prévenu le représentant de la Fédération de Russie, qui a attiré l’attention sur les coûts de leur fonctionnement.

Le délégué de la Serbie, soutenu en ce sens par la Fédération de Russie, a fait remarquer que M. Vojislav Šešelj était « détenu par le TPIY depuis 11 ans sans qu’une décision judiciaire ait été prise ».

S’adressant au Procureur Brammertz, la représentante de la Bosnie-Herzégovine a formé, elle, le souhait que le Protocole sur l’échange de preuves et d’informations sur les crimes de guerre, qui a été signé entre les bureaux des procureurs de Bosnie-Herzégovine, de Serbie et de Croatie, permettra de renforcer la collaboration entre ces pays. Enfin, la délégation du Rwanda a déploré que les procédures engagées contre les deux individus rwandais qui ont été renvoyés devant les juridictions françaises soient au point mort.  « C’est incompréhensible », a-t-il dit, avant de suggérer que ces derniers soient renvoyés devant les juridictions rwandaises si cette situation devait perdurer.  Le représentant de la France lui a répondu en confirmant la volonté de son pays d’assurer une bonne information du Tribunal sur les deux affaires portées devant les juridictions françaises. MM. Bucyibaruta et Munyeshyaka, a-t-il précisé, ont été mis en examen.  Les autorités françaises, a-t-il assuré, accordent toute leur attention aux questions du Tribunal sur ces procédures.

Source : ONU

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