28 janvier 2014

ACTU : Le Conseil de sécurité de l'ONU autorise une opération de l'Union européenne en République centrafricaine

Catherine MAIA

« Alarmé par l’accélération de la spirale de la violence et des représailles » et conscient du risque qu’elle dégénère en « fracture religieuse et ethnique à l’échelle nationale », le Conseil de sécurité a, le 28 janvier, autorisé l’Union européenne à déployer une opération en République centrafricaine en soutien à la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA) et aux forces françaises. 

Le Conseil de sécurité, par la Résolution 2134 (2014), adoptée à l’unanimité « autorise l’opération de l’Union européenne à prendre toutes les mesures nécessaires, dans la limite de ses capacités et dans ses zones de déploiement, dès son déploiement initial et pendant une période de six mois à compter de la date à laquelle elle aura déclaré être pleinement opérationnelle ».

Ce déploiement, a expliqué le Chef de la délégation de l’Union européenne, M. Thomas Mayr-Harting, « créera les conditions de sécurité propices à la fourniture d’une aide humanitaire à ceux qui en ont besoin ».

Le Conseil de sécurité a également prorogé jusqu’au 31 janvier 2015 le mandat du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en République centrafricaine (BINUCA), renforçant son mandat pour lui permettre d’appuyer la mise en œuvre de la transition, la prévention des conflits et l’assistance humanitaire, l’extension de l’autorité de l’État, la stabilisation de la sécurité et la promotion et la protection des droits de l’Homme.

En outre, soulignant la nécessité de mettre fin à l’impunité en République centrafricaine et de traduire en justice les auteurs de violations du droit international humanitaire et violations des droits de l’Homme, le Conseil a demandé aux États Membres de mettre en œuvre une série de sanctions. 

Ainsi, ceux-ci devront geler les fonds ou avoirs, empêcher le mouvement ou le transit de tous les individus et entités que le Comité de la Résolution 2127 (2013) aura désignés comme apportant un appui à des actes qui compromettent la paix, la stabilité ou la sécurité de la République centrafricaine.

Pour M. Mayr-Harting, l’objectif de la mission européenne, dont le principe avait été accepté par le Conseil des affaires étrangères de l’Union européenne, le 20 janvier 2014, est de contribuer, en liaison avec la MISCA, aux efforts régionaux et internationaux de protection des populations les plus menacées et faciliter les mouvements des acteurs civils. 

« En assurant la sécurité à Bangui, la mission européenne permettra aussi à la MISCA et aux troupes françaises de se déployer progressivement dans les provinces », a-t-il précisé avant de souligner l’importance d’une coordination étroite entre les partenaires, dont les autorités centrafricaines, l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), l’ONU et la France afin d’assurer une complémentarité des efforts en vue de restaurer la stabilité en République centrafricaine. 

Dans ce contexte, la résolution invite les autorités de transition de la République centrafricaine à conclure dès que possible un accord sur le statut des forces en vue de l’établissement de l’opération de l’Union européenne.  

À ce sujet, le représentant de la Fédération de Russie a regretté que l’Union européenne n’ait pas assuré au préalable une coordination avec l’Union africaine sur tous les aspects pratiques du déploiement effectif de cette opération militaire.  Il a dit l’importance de cette initiative européenne pour stabiliser la République centrafricaine et protéger les civils avant d’inviter l’Union européenne à prendre l’initiative de toutes les procédures nécessaires auprès de l’Union africaine.

Dans sa résolution, le Conseil de sécurité se félicite de la nomination par le Conseil national de transition, le 20 janvier dernier, de Mme Catherine Samba-Panza aux fonctions de Chef de l’État de transition et rappelle que les autorités de transition se sont engagées à prendre rapidement des mesures concrètes, notamment à mettre en place un cadre de conciliation avant le 24 février 2014.

Dans le domaine des droits de l’Homme et de l’accès de l’aide humanitaire, il salue, de même, la création le 22 janvier de la Commission d’enquête internationale, qui a pour mission d’enquêter sur les atteintes aux droits de l’Homme commises en République centrafricaine depuis le 1er janvier 2013. 

Le Conseil de sécurité demande à toutes les parties au conflit, y compris les anciens éléments de la Séléka et les éléments « antibalaka » d’interdire expressément toutes violations et exactions, de protéger les enfants libérés ou séparés des forces armées et d’interdire expressément toute violence sexuelle et sexiste. 

Le délégué de l’Union européenne a appelé à la poursuite de la mobilisation de la communauté internationale en faveur de la République centrafricaine, en particulier dans le contexte de la conférence des donateurs sur la MISCA, qui se tiendra à Addis-Abeba le 1er février 2014 à l’invitation de l’Union africaine. 

Au-delà des 500 millions de dollars mobilisés par la communauté internationale pour l’action humanitaire en République centrafricaine, M. Mayr-Harting a indiqué que l’Union européenne a annoncé une contribution bilatérale de 50 millions d’euros pour le financement de la MISCA.

« Premier contributeur d’aide au développement en République centrafricaine, l’Union européenne s’engage à examiner immédiatement, en coordination avec les institutions financières internationales, toutes les mesures qui permettront de reconstruire l’État et de prévenir une aggravation des effets de la crise sur les populations », a-t-il insisté. 

M. Mayr-Harting a ajouté que l’Union européenne s’engageait à étudier dès à présent les modalités d’un engagement dans le domaine de l’état de droit et de la réforme du secteur de la sécurité et prévoyait de reprendre ses projets de coopération dès que les conditions de sécurité le permettront, afin de contribuer pleinement à la reconstruction de la République centrafricaine.


A LIRE :
  • Rapport du Secrétaire général sur la situation en République centrafricaine (S/2013/787)

Source : ONU

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