Catherine MAIA
« Alarmé par l’accélération de la spirale de la
violence et des représailles » et conscient du risque qu’elle dégénère en
« fracture religieuse et ethnique à l’échelle nationale », le Conseil
de sécurité a, le 28 janvier, autorisé l’Union européenne à déployer une
opération en République centrafricaine en soutien à la Mission internationale
de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA) et aux forces
françaises.
Le Conseil de sécurité a également prorogé jusqu’au 31
janvier 2015 le mandat du Bureau intégré des Nations Unies pour la
consolidation de la paix en République centrafricaine (BINUCA), renforçant son
mandat pour lui permettre d’appuyer la mise en œuvre de la transition, la
prévention des conflits et l’assistance humanitaire, l’extension de l’autorité
de l’État, la stabilisation de la sécurité et la promotion et la protection des
droits de l’Homme.
En outre, soulignant la nécessité de mettre fin à
l’impunité en République centrafricaine et de traduire en justice les auteurs
de violations du droit international humanitaire et violations des droits de
l’Homme, le Conseil a demandé aux États Membres de mettre en œuvre une série de
sanctions.
Ainsi, ceux-ci devront geler les fonds ou avoirs,
empêcher le mouvement ou le transit de tous les individus et entités que le
Comité de la Résolution 2127 (2013) aura
désignés comme apportant un appui à des actes qui compromettent la paix, la
stabilité ou la sécurité de la République centrafricaine.
Pour M. Mayr-Harting, l’objectif de la mission
européenne, dont le principe avait été accepté par le Conseil des affaires
étrangères de l’Union européenne, le 20 janvier 2014, est de contribuer, en
liaison avec la MISCA, aux efforts régionaux et internationaux de protection
des populations les plus menacées et faciliter les mouvements des acteurs
civils.
« En assurant la sécurité à Bangui, la mission
européenne permettra aussi à la MISCA et aux troupes françaises de se déployer
progressivement dans les provinces », a-t-il précisé avant de souligner
l’importance d’une coordination étroite entre les partenaires, dont les
autorités centrafricaines, l’Union africaine, la Communauté économique des
États de l’Afrique centrale (CEEAC), l’ONU et la France afin d’assurer une
complémentarité des efforts en vue de restaurer la stabilité en République
centrafricaine.
Dans ce contexte, la résolution invite les autorités
de transition de la République centrafricaine à conclure dès que possible un
accord sur le statut des forces en vue de l’établissement de l’opération de
l’Union européenne.
À ce sujet, le représentant de la Fédération de Russie
a regretté que l’Union européenne n’ait pas assuré au préalable une
coordination avec l’Union africaine sur tous les aspects pratiques du
déploiement effectif de cette opération militaire. Il a dit l’importance
de cette initiative européenne pour stabiliser la République centrafricaine et
protéger les civils avant d’inviter l’Union européenne à prendre l’initiative
de toutes les procédures nécessaires auprès de l’Union africaine.
Dans sa résolution, le Conseil de sécurité se félicite
de la nomination par le Conseil national de transition, le 20 janvier
dernier, de Mme Catherine Samba-Panza aux fonctions de Chef de l’État
de transition et rappelle que les autorités de transition se sont engagées à
prendre rapidement des mesures concrètes, notamment à mettre en place un cadre
de conciliation avant le 24 février 2014.
Dans le domaine des droits de l’Homme et de l’accès de
l’aide humanitaire, il salue, de même, la création le 22 janvier de la
Commission d’enquête internationale, qui a pour mission d’enquêter sur les
atteintes aux droits de l’Homme commises en République centrafricaine depuis le
1er janvier 2013.
Le Conseil de sécurité demande à toutes les parties au
conflit, y compris les anciens éléments de la Séléka et les éléments
« antibalaka » d’interdire expressément toutes violations et
exactions, de protéger les enfants libérés ou séparés des forces armées et
d’interdire expressément toute violence sexuelle et sexiste.
Le délégué de l’Union européenne a appelé à la poursuite
de la mobilisation de la communauté internationale en faveur de la République
centrafricaine, en particulier dans le contexte de la conférence des donateurs
sur la MISCA, qui se tiendra à Addis-Abeba le 1er février 2014 à
l’invitation de l’Union africaine.
Au-delà des 500 millions de dollars mobilisés par la
communauté internationale pour l’action humanitaire en République
centrafricaine, M. Mayr-Harting a indiqué que l’Union européenne a
annoncé une contribution bilatérale de 50 millions d’euros pour le financement
de la MISCA.
« Premier contributeur d’aide au développement en
République centrafricaine, l’Union européenne s’engage à examiner
immédiatement, en coordination avec les institutions financières
internationales, toutes les mesures qui permettront de reconstruire l’État et
de prévenir une aggravation des effets de la crise sur les populations »,
a-t-il insisté.
M. Mayr-Harting a ajouté que l’Union
européenne s’engageait à étudier dès à présent les modalités d’un engagement
dans le domaine de l’état de droit et de la réforme du secteur de la sécurité
et prévoyait de reprendre ses projets de coopération dès que les conditions de
sécurité le permettront, afin de contribuer pleinement à la reconstruction de
la République centrafricaine.
A LIRE :
A LIRE :
- Rapport du Secrétaire général sur la situation en République centrafricaine (S/2013/787)
Source : ONU
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