Jean-Marie COLLIN
Le 25 avril 2014, la Commission du désarmement de l'ONU a conclu sa session de 2014 sans que ses
membres aient pu parvenir à une entente sur un document, ceci au terme de la
dernière année de son cycle triennal de négociations (2012-2014). Après
trois semaines de discussions, les membres de la Commission n’ont trouvé de
consensus ni sur des objectifs de désarmement nucléaire, ni sur des mesures de
confiance relatives aux armes classiques.
Mme Angela Kane, Haut-Représentante de l’ONU pour les affaires de
désarmement, a regretté que la Commission « ait raté une bonne occasion
de construire sur les récents développements positifs » observés au cours
de l’année écoulée et n’ait pu envoyer un signal clair que la période de doute
qui a prévalu en matière de désarmement était révolue. Elle a rappelé
qu’un succès de la Commission du désarmement aurait été de nature à stimuler
des progrès dans d’autres forums de désarmement. Elle a aussi estimé que
l’absence d’accord mettait en doute la crédibilité de la Commission du
désarmement.
Faisant référence à la réunion préparatoire des États parties au Traité
sur la non-prolifération des armes nucléaires (NPT) qui s’ouvre la semaine
prochaine, Mme Kane a noté qu’il y avait des intérêts et des idéaux
partagés sur cette question. Elle a appelé à « Construire des ponts
là où cela est possible et à éteindre des feux lorsque cela est
nécessaire ».
Dans son discours de clôture, le Président de la Commission du désarmement,
M. Vladimir Drobnjak, de la Croatie, a remercié les délégations pour
les efforts qu’elles ont déployés afin d’essayer de mettre fin à 15 ans
d’impasse. « Nous sommes allés loin, mais pas assez loin »
a-t-il regretté, en se demandant si la Commission devait poursuivre ses travaux
avec les mêmes procédures que celles dont elle a fait usage à ce jour. M. Drobnjak a
estimé que la présente session a néanmoins été le témoin d’une prise de
conscience sur la nécessité de relancer le mécanisme de désarmement des Nations
Unies, et il s’est dit persuadé que les quelques avancées accomplies serviront
les futures délibérations.
Indiquant qu’il partageait ce point de vue, le Rapporteur de la Commission,
M. Peter Winkler, de l’Allemagne, qui en a présenté le projet de
rapport des travaux, a dit que « les délibérations et négociations ont
permis de rapprocher un peu plus les différentes positions », et que nous
n’étions pas loin du consensus.
Si le Président du Groupe de travail I, M. Naif bin Bandar
Al-Sudairy, de l’Arabie saoudite, a dit que huit réunions de travail n’ont pas
permis de parvenir à un accord, celui du Groupe de travail II, M. Knut
Langeland, de la Norvège, a quant à lui estimé que 10 séances de travail
avaient permis aux membres de ce groupe de se rapprocher d’un accord.
Commentant la situation, plusieurs délégations ont mis en garde contre la
propagation verticale des armes nucléaires. La Ministre de la Défense
nationale de l’Équateur, Mme María Fernanda Espinosa Garcés, a, à
cet égard, déclaré que malgré l’opposition de quelques puissances nucléaires à
l’imposition de mesures concrètes de non-prolifération, le désarmement
nucléaire complet ne doit pas être perçu comme une « chimère », mais
comme un objectif commun à atteindre.
Plusieurs intervenants ont appelé à un engagement renouvelé en faveur de
l’accomplissement de progrès dans la mise en œuvre du mécanisme de
désarmement. Le représentant de l’Indonésie, s’exprimant au nom du
Mouvement des non-alignés (MNA), a appelé toutes les délégations à faire preuve
de la volonté politique nécessaire pour promouvoir des discussions à l’avenir.
D’autres intervenants ont mis l’accent sur l’existence de pierres
d’achoppement, citant à cet égard les désaccords existant au sujet de la tenue
d’une conférence visant à créer une zone exempte d’armes nucléaires dans la
région du Moyen-Orient. Sur cette question, le représentant du Nigéria,
qui parlait au nom du Groupe des États d’Afrique, en a appelé au Secrétaire
général pour qu’il facilite l’organisation d’une telle conférence en
2014.
De même, le représentant d’Oman, au nom du Groupe des États arabes, a dit
que plusieurs délégations, dont l’attitude s’est révélée inflexible, avaient
bloqué toute recherche de consensus. La racine du problème se trouve dans
l’absence ou l’insuffisance de volonté politique, a-t-il dit, en appelant les
pays concernés à revoir leurs positions.
Au nom de l’Union européenne, le représentant de la Grèce a déclaré
qu’après une impasse de 15 ans, il est plus que temps pour la Commission
du désarmement de revoir ses méthodes de travail, y compris de remettre en
cause la tradition de mener des négociations sur un cycle de trois ans.
La Commission pourrait aussi imaginer de débattre de sujets plus précis et
concrets, a-t-il suggéré.
Sont intervenus le 25 avril les représentants de l’Algérie, du Pakistan, de
l’Autriche, de l’Iran, de l’Égypte, de la République tchèque, de la Fédération
de Russie, de la République populaire démocratique de Corée, de l’Iraq, du
Brésil, de l’Arabie saoudite, de la Turquie, de l’Inde, de la Chine, de Cuba,
et d’Israël.
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