Catherine MAIA
Le Comité spécial chargé de la décolonisation – Comité des 24 – a été accusé, le 16 juin, de garder un silence assourdissant et d’être entré dans « une
longue hibernation » face à la situation à Gibraltar et au Sahara
occidental. Le Comité des 24, qui a adopté trois projets de résolution, a
été encouragé à effectuer des visites sur le terrain pour être plus proche de
la réalité.
M. Fabian Picardo a demandé au Comité « une visite à
Gibraltar, une participation à notre symposium, l’organisation de l’un de vos
séminaires dans notre territoire ou un avis consultatif de la Cour
internationale de Justice (CIJ) sur notre droit à
l’autodétermination ». « Aucun progrès n’a été réalisé sur la
base de négociations bilatérales entre le Royaume-Uni et l’Espagne »,
s’est impatienté, à son tour, le Président du Groupe en faveur de
l’autodétermination de Gibraltar, M. Denis Matthews.
« L’immense
responsabilité de l’ONU et donc du Comité » a été pointée du doigt par
M. Ahmed Boukhari du Front Polisario. Si l’ONU, a-t-il dit, a
fini par convaincre le Maroc d’organiser un référendum et d’accepter les
différentes options d’autodétermination, elle ne l’a pas empêché de proclamer
unilatéralement le Sahara occidental comme partie intégrante de son territoire.
Tout cela, a-t-il accusé, a été rendu possible par « une espèce
d’abdication » des organes de l’ONU.
Le représentant du Front Polisario a prié le Conseil de sécurité d’assumer
toute sa responsabilité et l’Union africaine de renouveler sa volonté d’œuvrer
de concert avec l’ONU, pour que le Comité des 24 puisse sortir « de sa
longue hibernation ». À son tour, il a invité ce dernier à dépêcher
une mission sur le terrain.
Le Comité a précisément adopté un
projet de résolution (A/AC/109/2014/L.5) recommandant à l’Assemblée générale de
souligner la nécessité de dépêcher périodiquement des missions de visite dans
les territoires non autonomes et d’engager les puissances administrantes à les
faciliter. Ces puissances administrantes devraient aussi être priées
(A/AC.109/2014/L.3) de communiquer régulièrement au Secrétaire général des
renseignements statistiques et techniques relatifs à la situation économique et
sociale et à l’éducation dans les territoires dont elles sont responsables,
ainsi que des renseignements aussi complets que possible sur l’évolution
politique et constitutionnelle.
S’agissant de Gibraltar, le représentant de l’Espagne a argué qu’une
solution négociée s’impose et rappelé que l’Assemblée générale exhorte, depuis
40 ans, le Royaume-Uni et son pays à régler leurs différends. La
solution passe par une restitution du territoire, celui couvert par le Traité
d’Utrecht de 1723, y compris celui occupé par la suite et composé de l’isthme
et des alentours, a-t-il asséné. Le manque de volonté de l’Espagne n’a
d’égal que la faiblesse de ses arguments, a tranché le Président du Groupe en
faveur de l’autodétermination de Gibraltar, accusant cette dernière d’essayer
de contourner « notre droit clair et inaliénable à
l’autodétermination » par l’argument non viable de l’intégrité
territoriale.
Si Gibraltar revendique son statut d’autonomie au sein du Royaume-Uni, le
Sahara occidental attend toujours l’organisation du référendum sur
l’autodétermination. Le Comité des 24 est chargé de veiller à
l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance du 14 décembre
1960 dans 17 territoires non autonomes: Anguilla, Bermudes, Îles Caïmans, Îles Falklands (Malvinas),
Îles Turques et Caïques, Îles Vierges américaines, Îles Vierges britanniques,
Montserrat, Sainte-Hélène, Gibraltar, Guam, Nouvelle-Calédonie, Pitcairn,
Polynésie française, Samoa américaines et Tokélaou. Par la
résolution du 23 août 2013 (A/RES/67/265), l’Assemblée générale a ajouté la Polynésie
française à la liste.
Les informations sur le travail du Comité sont diffusées par le Département de l’information de l’ONU (DPI). Le 16 juin, le Comité a adopté un projet de résolution (A/AC/109/2014/L.4) recommandant à l’Assemblée générale de prier le DPI et le Département des affaires politiques (DPA) d’élaborer des procédures pour rassembler, préparer et diffuser de la documentation de base; de chercher à s’assurer le plein concours des puissances administrantes; d’étudier plus avant l’idée de créer un programme de collaboration avec les points de contact des gouvernements des territoires; et d’encourager les ONG à participer à la diffusion d’informations sur la décolonisation.
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