17 juin 2014

ACTU : Pour sortir de sa « longue hibernation », le Comité de la décolonisation est invité à effectuer des visites à Gibraltar et au Sahara occidental

Catherine MAIA

Le Comité spécial chargé de la décolonisation – Comité des 24 – a été accusé, le 16 juin, de garder un silence assourdissant et d’être entré dans « une longue hibernation » face à la situation à Gibraltar et au Sahara occidental.  Le Comité des 24, qui a adopté trois projets de résolution, a été encouragé à effectuer des visites sur le terrain pour être plus proche de la réalité.

Les dirigeants gibraltariens s’adressent en vain depuis un demi-siècle au Comité des 24 pour qu’il protège le droit de leur peuple à l’autodétermination, s’est impatienté le Ministre principal de Gibraltar, en fustigeant le « silence assourdissant » du Comité, « un chant de sirène pour ceux qui veulent flouer les principes de la Charte des Nations Unies ».

M. Fabian Picardo a demandé au Comité « une visite à Gibraltar, une participation à notre symposium, l’organisation de l’un de vos séminaires dans notre territoire ou un avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur notre droit à l’autodétermination ». « Aucun progrès n’a été réalisé sur la base de négociations bilatérales entre le Royaume-Uni et l’Espagne », s’est impatienté, à son tour, le Président du Groupe en faveur de l’autodétermination de Gibraltar, M. Denis Matthews.

« L’immense responsabilité de l’ONU et donc du Comité » a été pointée du doigt par M. Ahmed Boukhari du Front Polisario. Si l’ONU, a-t-il dit, a fini par convaincre le Maroc d’organiser un référendum et d’accepter les différentes options d’autodétermination, elle ne l’a pas empêché de proclamer unilatéralement le Sahara occidental comme partie intégrante de son territoire. Tout cela, a-t-il accusé, a été rendu possible par « une espèce d’abdication » des organes de l’ONU. 

Le représentant du Front Polisario a prié le Conseil de sécurité d’assumer toute sa responsabilité et l’Union africaine de renouveler sa volonté d’œuvrer de concert avec l’ONU, pour que le Comité des 24 puisse sortir « de sa longue hibernation ». À son tour, il a invité ce dernier à dépêcher une mission sur le terrain.

Le Comité a précisément adopté un projet de résolution (A/AC/109/2014/L.5) recommandant à l’Assemblée générale de souligner la nécessité de dépêcher périodiquement des missions de visite dans les territoires non autonomes et d’engager les puissances administrantes à les faciliter. Ces puissances administrantes devraient aussi être priées (A/AC.109/2014/L.3) de communiquer régulièrement au Secrétaire général des renseignements statistiques et techniques relatifs à la situation économique et sociale et à l’éducation dans les territoires dont elles sont responsables, ainsi que des renseignements aussi complets que possible sur l’évolution politique et constitutionnelle. 

S’agissant de Gibraltar, le représentant de l’Espagne a argué qu’une solution négociée s’impose et rappelé que l’Assemblée générale exhorte, depuis 40 ans, le Royaume-Uni et son pays à régler leurs différends. La solution passe par une restitution du territoire, celui couvert par le Traité d’Utrecht de 1723, y compris celui occupé par la suite et composé de l’isthme et des alentours, a-t-il asséné. Le manque de volonté de l’Espagne n’a d’égal que la faiblesse de ses arguments, a tranché le Président du Groupe en faveur de l’autodétermination de Gibraltar, accusant cette dernière d’essayer de contourner « notre droit clair et inaliénable à l’autodétermination » par l’argument non viable de l’intégrité territoriale.

Si Gibraltar revendique son statut d’autonomie au sein du Royaume-Uni, le Sahara occidental attend toujours l’organisation du référendum sur l’autodétermination. Le Comité des 24 est chargé de veiller à l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance du 14 décembre 1960 dans 17 territoires non autonomes: Anguilla, Bermudes, Îles Caïmans, Îles Falklands (Malvinas), Îles Turques et Caïques, Îles Vierges américaines, Îles Vierges britanniques, Montserrat, Sainte-Hélène, Gibraltar, Guam, Nouvelle-Calédonie, Pitcairn, Polynésie française, Samoa américaines et Tokélaou. Par la résolution du 23 août 2013 (A/RES/67/265), l’Assemblée générale a ajouté la Polynésie française à la liste.

Les informations sur le travail du Comité sont diffusées par le Département de l’information de l’ONU (DPI).  Le 16 juin, le Comité a adopté un projet de résolution (A/AC/109/2014/L.4) recommandant à l’Assemblée générale de prier le DPI et le Département des affaires politiques (DPA) d’élaborer des procédures pour rassembler, préparer et diffuser de la documentation de base; de chercher à s’assurer le plein concours des puissances administrantes; d’étudier plus avant l’idée de créer un programme de collaboration avec les points de contact des gouvernements des territoires; et d’encourager les ONG à participer à la diffusion d’informations sur la décolonisation.



Source : ONU

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