15 juillet 2014

ACTU : Le Conseil de sécurité décide de l’ouverture de postes frontière en Syrie pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire et crée un mécanisme de surveillance

Catherine MAIA

Dans « une unanimité retrouvée » comme l’a dit la représentante du Luxembourg, coauteur de la Résolution 2165 (2014) adoptée le 14 juillet, le Conseil de sécurité a ouvert quatre postes frontière en Syrie et créé un mécanisme de surveillance pour superviser le chargement, dans les installations de l’ONU concernées, de tous les envois de secours humanitaires des organismes humanitaires des Nations Unies et de leurs partenaires, en vue de leur passage en Syrie. C’est « prenant note de l’avis du Secrétaire général de l’ONU selon lequel le refus arbitraire d’autoriser l’ouverture de tous les postes frontière constitue un acte de non-respect des dispositions de la Résolution 2139 (2014) », que le Conseil a décidé de créer ce mécanisme de surveillance et de le déployer dans les brefs délais.

Par la Résolution 2165 (2014), le Conseil de sécurité décide que les organismes humanitaires des Nations Unies et leurs partenaires d’exécution sont donc autorisés à utiliser des routes franchissant les lignes de conflit ainsi que les postes frontière de Bab el-Salam, Bab el Haoua, Yaroubiyé et Ramtha, en sus de celles déjà utilisées, afin de faire en sorte que l’aide humanitaire parvienne par les voies les plus directes aux personnes qui en ont besoin dans toute la Syrie, en avisant les autorités syriennes.

Aux termes de la résolution, un mécanisme de surveillance, placé sous l’autorité du Secrétaire général, est constitué pour superviser, avec l’assentiment des pays voisins de la Syrie concernés, le chargement dans les installations de l’ONU de tous les envois de secours humanitaires, de même que toute inspection subséquente des envois par les autorités douanières des pays voisins, en vue de leur passage en Syrie aux quatre postes frontière ci-dessus mentionnés. Le mécanisme doit aussi adresser les notifications de l’ONU aux autorités syriennes confirmant le caractère humanitaire de ces envois de secours. 

« La résolution a ouvert quatre points de passage sans que le régime syrien n’ait à approuver l’accès humanitaire », s’est réjouie la représentante des États-Unis après l’adoption du texte. Pour sa part, le représentant de la Fédération de Russie a estimé que « l’adoption de cette résolution a montré que des compromis sont possibles au Conseil de sécurité et que le Gouvernement syrien a déjà pris des mesures pour améliorer l’accès humanitaire aux populations qui ont besoin d’assistance ». Le mécanisme de surveillance devra faire la preuve de son efficacité, et la résolution devra être appliquée par toutes les parties, y compris les groupes armés de l’opposition, a souligné le représentant.

Les mesures prises arriveront à expiration 180 jours à compter du 14 juillet, le Conseil devant procéder à leur réexamen. Aux termes du texte adopté, le Conseil de sécurité prévient qu’en cas de non-respect par toute partie syrienne de la présente résolution ou de la résolution 2139 (2014), il prendra des mesures supplémentaires.

Dans leurs interventions, certains membres du Conseil de sécurité ont évoqué l’alinéa 4 du préambule de la Résolution qui constate la nette et rapide détérioration de la situation humanitaire, en particulier le fait que le nombre de personnes ayant besoin d’une assistance du fait du conflit en Syrie a dépassé les 10 millions, dont 6,4 millions de déplacés et plus de 4,5 millions vivant dans des zones difficiles d’accès, et que plus de 240 000 personnes sont piégées dans les zones assiégées.

Cette Résolution ne complète ni ne remplace la Résolution 2139, dont toutes les exigences demeurent d’actualité, a dit le représentant de la France, accusant entre autres le régime syrien de continuer d’utiliser des barils d’explosifs. Son homologue de la Syrie a argué de la collaboration de son Gouvernement avec les agences humanitaires, avant d’imputer la détérioration de la situation à la multiplication des actes terroristes, dont ceux commis par des groupes affiliés à Al-Qaida. Mettre un terme au terrorisme est la seule manière de mettre fin aux souffrances du peuple syrien, a-t-il dit, en demandant que des pressions soient exercées sur ceux qui financent, abritent ou entraînent les terroristes, dont l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie. En français, le représentant a attiré l’attention du Conseil sur un article paru en France sur le thème « pourquoi on s’est trompé sur la Syrie ? ». C’est par ignorance historique, par manichéisme politique et par un « wishful thinking » diplomatique, a-t-il répondu à cette question.

Même si on parvenait à obtenir tous les fonds nécessaires et que l’aide parvenait aux populations dans le besoin, l’impact du conflit en Syrie continuerait de se manifester par la propagation des idéologies extrémistes et du terrorisme dans toute la région et au-delà, comme en témoignent les jeunes qui viennent de tous les coins de la planète pour combattre en Syrie, a quant à elle estimé la représentante de l’Argentine. On ne pourra pas contenir ce phénomène si la crise n’est pas réglée, a-t-elle insisté.


La Résolution réaffirme, en effet, que la seule solution durable à la crise actuelle en Syrie passe par un processus politique sans exclusive, dirigé par les Syriens eux-mêmes, et devant aboutir à la pleine mise en œuvre du Communiqué de Genève du 30 juin 2012. Toutes les délégations ont exprimé leur appui au nouvel Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, M. Staffan de Mistura.

Source : ONU

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