24 octobre 2015

ACTU : Le Président de l’Assemblée générale et de nombreuses délégations préconisent un processus de sélection du prochain Secrétaire général de l'ONU « plus transparent et inclusif »

Catherine MAIA

À l’occasion de son débat annuel sur ses méthodes de travail, le Conseil de sécurité de l’ONU a entendu, le 20 octobre 2015, le Président de l’Assemblée générale, appuyé en ce sens par la majorité de la cinquantaine de délégations étatiques ayant pris la parole, plaider en faveur d’un processus de sélection du prochain Secrétaire général qui soit « plus transparent et inclusif ».  M. Mogens Lykketoft a également suggéré que le prochain Secrétaire général, qui sera désigné en 2016 et entrera en fonctions le 1er janvier 2017, soit pour la première fois dans l’histoire de l’Organisation, une femme.  « Les candidatures de femmes à ce poste doivent retenir toute notre attention », a-t-il estimé, à l’instar de certains orateurs.
Saisis d’une note du Président (S/2010/507leur demandant de mettre en œuvre les dispositions énoncées dans un document datant de 2010 (S/2015/793), les membres du Conseil ont tout d’abord entendu le Vice-Secrétaire général de l’ONU, M. Jan Eliasson, qui a détaillé les adaptations considérables des méthodes de travail du Conseil, « organe numéro 2 de l’Organisation », au fil des années. Il a notamment cité l’envoi, à intervalles réguliers, d’une délégation de ses membres dans les pays accueillant des opérations de maintien de la paix et l’organisation de dialogues interactifs et de débats thématiques. M. Eliasson a également mentionné la pratique mensuelle suivie par le Département des affaires politiques, consistant à informer les membres du Conseil sur les situations susceptibles de poser des menaces à la paix et à la sécurité internationales. « Des signaux d’alerte précoce pourraient jouer un rôle encore plus important pour empêcher que des situations se détériorent », a suggéré le Vice-Secrétaire général.  De son côté, le Vice-Président du Conseil économique et social, M. Sven Jürgenson, a mis en exergue le lien « intrinsèque » entre développement pérenne et paix durable. Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 constituait l’occasion d’aborder la relation organique entre le Conseil de sécurité et l’ECOSOC de manière novatrice. 

S’exprimant au nom du Chili, de la Jordanie, de la Malaisie et de la Nouvelle-Zélande – les représentants de ces pays membres du Conseil n’ont donc pas pris la parole –  le délégué de l’Angola a, pour sa part, estimé que le Conseil devrait faire preuve  de « davantage de discipline » et resserrer l’éventail de ses initiatives car, a-t-il fait observer, une trop grande diversité de sujets le « distrait des réels problèmes » et affaiblit son impact. Il a également estimé qu’il faudrait envisager des processus plus inclusifs dans la rédaction des résolutions ou des déclarations du Président.

Mais c’est bien l’allocution du Président de l’Assemblée générale qui a nourri les discussions, et ce, d’autant qu’un Président de cet organe n’avait pas pris la parole devant le Conseil depuis 8 ans. M. Lykketoft a tenu à replacer le débat dans le contexte de la prochaine nomination du Secrétaire général, en rappelant que l’Assemblée avait, le 11 septembre 2015, adopté une résolution relative à la revitalisation de ses travaux, dans laquelle elle prie les Présidents du Conseil et de l’Assemblée de commencer à solliciter des candidatures à ce poste. Pour que cette Organisation soit dirigée avec la plus grande efficacité, le processus de désignation du prochain Secrétaire général doit être, autant que possible, ouvert et minutieux », a-t-il précisé. Selon l’article 97 de la Charte des Nations Unies, le Secrétaire général est nommé par l’Assemblée générale, sur recommandation du Conseil de sécurité. Le Président a assuré qu’il enverrait une lettre à tous les États Membres décrivant le processus suivi. Tous les États Membres, a-t-il ajouté, recevront la liste des candidats et leurs biographies. « Je suis convaincu qu’il y a un nombre de femmes candidates qui remplissent les conditions pour devenir Secrétaire général », a dit M. Lykketoft, en faisant remarquer qu’à ce jour, aucune femme n’avait été désignée à ce poste. « C’est pourquoi, les candidatures de femmes doivent retenir toute notre attention ».
Ce vœu a été partagé par les représentants du Royaume-Uni, de la Colombie ou encore de l’Allemagne, ce dernier rappelant, au terme d’une déclaration conjointe avec la France, que la résolution précitée de l’Assemblée invite les États Membres à considérer la candidature de femmes. « Nous soutenons fermement cet appel », a-t-il déclaré. Son homologue de la Pologne s’est dit en faveur de ce « pas significatif pour l’égalité entre les sexes », tout en demandant la mise en place d’une rotation régionale pour ce poste.  
Si la quasi-totalité des délégations ont plaidé pour un processus de sélection « plus transparent et inclusif » du Secrétaire général, le délégué de la Fédération de Russie a estimé qu’il était prématuré que les États Membres débattent, à ce stade, de cette question, en rappelant que l’échéance de la sélection du prochain Secrétaire général de l’Organisation était fixée à 2016. « Cela met plus de pression sur les épaules de l’actuel Secrétaire général et risque d’introduire à l’ONU le concept de canard boiteux », a-t-il prévenu.  
Comme à l’accoutumée, un certain nombre de délégations ont saisi cette occasion pour réclamer une réforme approfondie du Conseil de sécurité. Le Mexique, conjointement avec la France, avait proposé une initiative visant à encadrer l’usage du veto lorsque le Conseil examine des cas de crimes les plus graves, à laquelle 80 États se sont ralliés, a rappelé son représentant. « Le droit de veto est une responsabilité et non pas un privilège », a-t-il tenu à préciser. Comme d’autres intervenants, il a également salué l’initiative « complémentaire » du Groupe ACT – « Responsabilité, Cohérence et Transparence » – présentée par la Suisse, qui a élaboré un code de conduite appuyant cette initiative.
De nombreux États Membres ont souhaité une réforme de la composition du Conseil afin de donner à ses décisions, comme l’a affirmé le délégué de l’Inde, « la légitimité nécessaire » et de l’adapter, selon l’expression du représentant de la Suède, « aux réalités géopolitiques qui ont considérablement changé depuis sa création ».  Le Président de l’Assemblée générale a fait part, à ce sujet, de son intention de faire progresser le processus de négociation intergouvernemental relatif à la réforme du Conseil.  L’Espagne va donner suite à la réunion de ce jour sous la forme d’un résumé des recommandations qui ont été avancées, a conclu le représentant de l’Espagne, Président du Conseil pour le mois d’octobre 2015. 

Source : ONU

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