19 septembre 2006

ACTU : Le scandale des déchets toxiques à Abidjan

Catherine MAIA 

Il aura fallu attendre quatre semaines après le déversement de centaines de tonnes de déchets toxiques sur plusieurs sites de la capitale de la Côte d'Ivoire, pour que démarrent, dimanche 17 septembre, les opérations de dépollution. C’est la société Trédi Environnement, une filiale ivoirienne du groupe français Séché Environnement, qui est chargée de confiner les déchets afin qu’il n’y ait plus de risque pour la santé et l’environnement. Les émanations provenant des déchets toxiques ont, d’après le dernier bilan publié samedi 16 septembre par les autorités ivoiriennes, d’ores et déjà causé de lourdes conséquences sur le plan sanitaire, étant à l’origine de plus de 36 500 consultations médicales de personnes souffrant de troubles respiratoires et digestifs, de vomissements, de migraines, et causant le décès de 17 d'entre elles, dont 4 enfants. 

Une commission d’enquête poursuit actuellement ses investigations pour déterminer les responsabilités dans ce scandale, car le mystère demeure de savoir comment la société hollandaise Trafigura a accepté d'exporter ces déchets de l’Europe vers l’Afrique, en violation de la Convention de Bâle qui interdit le transfert des déchets dangereux hors de l'OCDE. 

Dans l'attente des résultats, et malgré le limogeage de son gouvernement, le Premier ministre Charles Konan Banny a décidé de reconduire une dizaine de ministres afin d’apporter des solutions d’urgence aux populations sinistrées.

Commentaires

1. Le lundi 30 octobre 2006, 16:39 par C.M.
Dans un communiqué publié vendredi 27 octobre, la ministre française de l'écologie a indiqué que, la Côte d'Ivoire ne disposant pas des installations spécifiques lui permettant de traiter les quelques 6000 tonnes de déchets hautement toxiques résultant de la pollution provoquée par le navire "Probo-Koala" à Abidjan, ces derniers seront exportés et traités en France. Dans un courrier adressé au commissaire à l'environnement européen, la ministre de l'écologie a par ailleurs demandé le renforcement de la réglementation européenne sur la gestion des déchets.
C. M.
2. Le lundi 27 novembre 2006, 17:42 par C.M.
Le 24 novembre 2006, à la veille de la huitième réunion des États Parties la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination, Achim Steiner, directeur du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), a lancé un appel à la communauté internationale pour qu'elle prenne rapidement en charge les frais liés au nettoyage et à la réhabilitation des sites contaminés aux alentours du port d'Abidjan après le déversement, en août dernier, de déchets toxiques par un affréteur en provenance d'Europe. Après une aide d'urgence initiale, la Côte d'Ivoire est maintenant obligée de puiser dans ses propres fonds publics afin de payer une société privée pour la récupération, l'expédition et le traitement des déchets toxiques en France, alors que les frais de nettoyage et de réhabilitation des sites contaminés devraient s'élever à 30 de millions de dollars !
Précisons que, conformément à la Convention de Bâle, un pays exportateur de déchets toxiques a l’obligation d’obtenir l’autorisation écrite du pays importateur, autorisation écrite qui détaille les contenants et la destination des déchets et que, dans le cas d'un commerce illégal, l'exportateur responsable doit reprendre ses déchets et payer les coûts liés aux dégâts au nettoyage.
3. Le jeudi 30 novembre 2006, 15:56 par C.M.
Par voie de décrets signés le 26 novembre, le Président Laurent Gbagbo a réintégré dans leurs fonctions plusieurs responsables administratifs pourtant suspendus par le Premier ministre Charles Konan Banny après qu’un récent rapport de la commission nationale d'enquête sur les déchets toxiques les ait identifiés comme responsables du scandale, si ce n’est jugés "complices" des pollueurs pour certains. Pour le Premier ministre, il s'agit là d'une volonté manifeste du Président de refuser l'application de la résolution 1721 (2006) du Conseil de sécurité qui a prolongé d'un an les mandats de MM. Gbagbo et Banny en donnant à ce dernier des "pouvoirs élargis" pour réunifier le pays.

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