La prévalence démographique masculine de la société indienne, et des sociétés asiatiques en général, ne doit rien au hasard. Résultat de l’élimination organisée des filles par des avortements sélectifs, des traitements inégaux des enfants selon qu’il s’agit d’une fille ou d’un garçon quand il est question de les nourrir, de les vacciner ou de les soigner, de la surmortalité féminine que l’on observe dès l’enfance jusqu’à l’âge adulte, de la préférence marquée pour les fils seuls capables d’honorer le culte des ancêtres et de perpétrer la lignée, du système de la dot ruineux pour les familles qui ont des filles, ce sont 100 millions de femmes qui manquent actuellement sur le continent asiatique. Plus rares, les femmes ne sont pas mieux traitées, mais se retrouvent au cœur d’un véritable trafic d’épouses que viennent alimenter les pays limitrophes. Quelles seront les conséquences sociales de cette fracture démographique et ses répercussions dans la région la plus peuplée du monde ? C’est à cette question que tente de répondre cet essai d’actualité.
L'Asie compte cent millions de femmes de moins que d’hommes. Ces « femmes manquantes » sont ces petites filles qui n’ont pas pu naître, celles tuées à la naissance ou qu’on a laissé mourir en bas âge. Demain, l'Asie devra gérer une population de plusieurs dizaines de millions d'hommes célibataires. Une fracture démographique sans précédent qui aura des conséquences difficiles à imaginer de nos jours. Une enquête de terrain saisissante.
Bénédicte MANIER, Quand les femmes auront disparu. L’élimination des filles en Inde et en Asie, Paris, La Découverte (210 pp.)
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