Durant la campagne, le candidat Kabila s'est posé en rassembleur et a mis en avant son bilan : la paix retrouvée et la promesse tenue de conduire le peuple congolais à ses premières élections libres depuis l’indépendance du pays, même si les violents affrontements d'août dans la capitale, durant lesquels des chars de la garde présidentielle ont pris position autour de résidences de son adversaire politique Jean-Pierre Bemba, ont quelque peu écorné l'image du pacificateur.
Après avoir prêté serment, le nouveau président a aussitôt déclaré dans son premier discours à la nation : « J'annonce aujourd'hui la fin de la récréation, afin que le peuple puisse se consacrer au travail, et ce, dans la paix et la tranquillité ». Alors que de nouveaux combats ont secoué l'Est du pays fin novembre, il a en outre promis la fermeté contre toute tentative de déstabilisation des institutions : « Il y a un lien indissociable entre la sécurité et le développement. Les fauteurs de troubles doivent être considérés comme des ennemis du peuple et du développement ».
Des défis colossaux attendent le jeune président et le prochain gouvernement, qui devrait être mis en place d'ici janvier 2007. Joseph Kabila devra avant tout gagner la confiance des bailleurs, alors que la RDC croule sous une dette multilatérale d'environ 10 milliards d'euros. Dans un pays doté d'immenses ressources naturelles, 75% des 60 millions de Congolais vivent encore avec moins d'un dollar par jour. Joseph Kabila devra également s'atteler aux cinq chantiers présentés comme prioritaires lors de sa campagne : la santé, l'éducation, l'accès à l'eau et à l'électricité et la construction des routes. Il devra aussi mettre en place un système de gestion des ressources minières plus transparent, s'attaquer en profondeur à la corruption et réaliser sans tarder la pacification du pays, encore secoué par des troubles récurrents.