Symbole du combat contre l'impunité, l'Argentine Marta Vazquez Ocampo, une fondatrice du groupe des "Mères de la place de mai", a salué «un jour mémorable». Après 25 années de lutte, «nous avons atteint notre objectif», s'est félicitée l'octogénaire, très émue, qui a participé à la bataille obstinée des mères de disparus en Argentine depuis l'époque de la dictature (1976-1983).
De son côté, la Haut Commissaire aux droits de l'Homme Louise Arbour a déclaré que «loin d'être un tragique vestige des 'guerres sales' du passé, cette pratique honteuse existe encore sur tous les continents». «Ce traité comble un manque flagrant dans le droit international relatif aux droits de l'Homme en formulant de manière explicite l'interdiction de ces disparitions», a-t-elle estimé.
En écho à l'interdiction absolue de la torture, la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées souligne que «personne ne doit être sujet à une disparition forcée» et qu'aucune circonstance exceptionnelle, quelle qu'elle soit, ne saurait être invoquée comme justification d'une telle violation.
Elle interdit l'existence des prisons secrètes et appelle les États parties à s'assurer que les disparitions forcées constituent un crime au niveau du droit national et à établir que cette pratique, généralisée et systématique, soit considérée comme un crime contre l'humanité, en temps de guerre comme de paix, ce qui la fait tomber sous la juridiction de la Cour pénale internationale. La Convention affirme en outre le droit des victimes, familles et personnes enlevées, à connaître la vérité entourant les circonstances d'une disparition forcée et le sort d'une personne disparue, ainsi que de demander réparation.
Son organe de surveillance, un Comité spécial en charge des disparitions forcées, sera habilité à examiner les rapports des pays signataires et à recevoir des demandes d'action urgente sur des cas individuels, à mener des visites avec l'accord des États parties concernés, et à saisir en urgence l'Assemblée générale en cas de soupçon concernant des cas généralisés ou systématiques de disparitions forcées sur un territoire sous juridiction d'un État partie.
Annuellement plus de 10 000 personnes sont enlevées dans le monde, notamment en Amérique latine. Dans la plupart des cas, ces disparitions sont liées à des conflits internes et imputables à des formations et à des groupements armés. Désormais ouverte à la signature, la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées entrera en vigueur 30 jours après le dépôt auprès du Secrétaire général de l'ONU du 20è instrument de ratification ou d'adhésion.