Parmi ses propositions présentées à Belgrade et Pristina, l'ancien président finlandais recommande également l'adoption d'un Pacte. Ce Pacte prévoit d'abord que le Kosovo se dotera d'une Constitution afin de consacrer le principe d'une société multiethnique et démocratique, respectant les droits et libertés fondamentales internationalement reconnus. Le Kosovo aura le droit de négocier et conclure des accords internationaux, notamment le droit d'être membre d'organisations internationales.
Le Pacte prévoit par ailleurs une décentralisation renforcée, avec notamment des pouvoirs de représentation et d'administration importants pour les non-Albanais, et spécifiquement pour les Serbes du Kosovo. Certaines lois ne pourront ainsi être adoptées sans l'accord d'une minorité des non-Albanais représentés au Parlement.
Enfin, le Kosovo se dotera d'une force de sécurité à créer dans l'année qui vient, multiethnique et forte de 2500 membres actifs et 800 réservistes. Le Pacte prévoit le maintien d'une présence internationale civile, par l'intermédiaire d'un Représentant civil international qui sera aussi le représentant de l'Union européenne, avec le pouvoir de superviser la mise en oeuvre du Pacte, y compris en annulant des lois ou en sanctionnant des fonctionnaires agissant de façon contraire à l'esprit du Pacte. La présence internationale sera également militaire, avec une Mission européenne de sécurité et de défense pour conseiller le Kosovo et une présence militaire de l'OTAN.
Quant au calendrier proposé, il prévoit d'abord une période de transition de 120 jours durant lesquels l'Assemblée du Kosovo approuvera la Constitution et la législation nécessaire. À la fin de cette période, le mandat de la Mission d'administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo expirera et tous ses pouvoirs législatifs et exécutifs seront transférés aux autorités du Kosovo. Neuf mois plus tard, des élections générales et locales seront organisées. Enfin, le mandat du Représentant civil international se poursuivra jusqu'à ce qu'il estime que le Kosovo a mis en oeuvre les termes du Pacte.
Ce plan en faveur d’une souveraineté du Kosovo sous supervision de l'ONU s’est aussitôt heurté à un refus radical du gouvernement serbe, qui exclut toute indépendance à terme d’une province considérée comme le berceau historique de la Serbie. Mercredi 7 février, trois hauts responsables de l'Union européenne se sont rendus à Belgrade pour encourager la formation d'un gouvernement serbe susceptible de revenir sur ce refus.
En contrepartie, l'Union européenne pourrait relancer les pourparlers sur un accord de pré-adhésion suspendues depuis mai 2006. La conclusion d'un tel rapprochement resterait cependant conditionnée à la remise au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie de l'ancien général bosno-serbe Ratko Mladic, inculpé de crimes contre l'humanité, notamment pour les massacres perpétrés dans l'enclave musulmane de Srebrenica en 1995. Kosovars et Serbes sont invités à discuter d’un compromis sur le Kosovo le 13 février à Vienne, en Autriche. D'ici là, les Européens espèrent qu'un nouveau gouvernement pro-occidental aura été formé, tandis que Martti Ahtisaari, qui ne compte pas prolonger les négociations au-delà de février, envisage de présenter ses recommandations au Conseil de sécurité, auquel revient le dernier mot, d'ici à la fin mars.