Dans les coulisses du Kremlin, une bataille a déjà commencé pour sa succession entre libéraux et tenants des «structures de force» (armée, police et services secrets). Nombre d’experts estiment que M. Poutine jouera un rôle majeur dans le choix du candidat du Kremlin qui, appuyé par le puissant parti majoritaire "Russie Unie" et par les ressources de la machine d’État, sera ensuite assuré d’être élu.
À 54 ans, le président russe est resté extrêmement flou sur ses propres projets alors qu’il aurait la possibilité de se représenter en cas de révision constitutionnelle, une perspective régulièrement suggérée dans la classe politique mais que lui-même a toujours rejetée : «Je ne pars nulle part», a-t-il répondu, interrogé sur l’après-mars 2008, en notant qu’il y aurait encore alors «deux à trois mois pour la transmission du pouvoir».
M. Poutine a par ailleurs insisté sur la mission qui incomberait aux dirigeants du pays au-delà de l’élection : «consolider le pouvoir» pour «garantir la poursuite de hauts niveaux de développement économique». Revenant sur les crises récurrentes entre Moscou et ses voisins de l’ex-URSS, l'Ukraine et la Biélorussie, qui perturbent à chaque fois l’approvisionnement énergétique de l’Europe, M. Poutine a assuré une nouvelle fois que la Russie remplirait «toutes ses obligations» envers ses clients, niant utiliser la puissance économique russe, notamment les immenses ressources pétrolières et gazières nationales, à des fins d'hégémonie géostratégique.
«On accuse tout le temps la Russie d’utiliser des leviers économiques pour atteindre des objectifs politiques. Ce n’est pas vrai», a-t-il ajouté, visiblement irrité par les critiques à l’encontre de la Russie dans ce domaine. Depuis un an, la Russie augmente pourtant le prix de son gaz et de son pétrole destinés aux anciennes républiques de l'URSS. En janvier 2006, elle a interrompu ses livraisons de gaz à l'Ukraine et celles de pétrole à la Biélorusse le mois dernier, à la suite de conflits commerciaux avec ses deux voisins.
Pour la première fois, le Président russe ne s'est toutefois pas montré hostile à la mise en place, avec l’Iran et d’autres producteurs de gaz, d'une organisation des pays producteurs de gaz, sur le modèle de l'OPEP pour le pétrole, et ce, afin d'éviter les crises comme celle des dernières semaines. Cette idée devrait susciter quelques craintes chez les pays européens qui dépendent en partie des fournitures de gaz russe.