Avec une participation estimée à 60%, les résultats définitifs des élections législatives qui se sont déroulées en Irlande du Nord le 7 mars dernier ne laissaient rien présager de bon. De fait, sur les 108 sièges de l'Assemblée de Belfast, les deux principaux mouvements politiques - le Parti unioniste démocratique (DUP, protestant) de Ian Paisley et le Sinn Fein (républicain et catholique) de Gerry Adams - ont renforcé leur position dans chacune des deux communautés. Le DUP, qui a remporté l'élection, a obtenu 36 sièges, contre 28 pour le Sinn Fein, MM. Paisley et Adams étant facilement réélus dans leurs fiefs respectifs. Ce succès du DUP et du Sinn Fein s’est fait au détriment des deux partis modérés, l'UUP unioniste de Reg Empey et le SDLP catholique de Mark Durkan, qui ont respectivement recueilli 18 et 16 sièges. Les deux partis arrivés en tête doivent ainsi se partager la majorité des dix postes de ministres à pourvoir, pour relancer un gouvernement suspendu depuis février 2000.
Or, tandis que Ian Paislay se refusait encore il y a quelques jours à toute rencontre avec McGuinness, ancien leader de l'IRA et futur Premier ministre adjoint désigné par le Sinn Féin, la rencontre entre le premier et Gerry Adams - ennemis jurés d'hier - a donné des fruits improbables : au-delà de toutes les espérances, il y aura bien partage du pouvoir à compter du 8 mai et les deux partis antagonistes sont d'accord sur sa répartition !
Cet accord arrive à point nommé. Le lundi 26 mars était effectivement la date butoir de l'ultimatum fixé par Londres et Dublin à un accord de partage du pouvoir entre unionistes et républicains. Le jour même, le ministre britannique à l'Irlande du Nord, Peter Hain, avait prévenu que si les deux principaux partis d'Irlande du Nord ne se mettaient pas d'accord sur un partage du pouvoir avant minuit, l'assemblée nord-irlandaise serait dissoute.
Ce développement a aussitôt été qualifié d'important par le gouvernement britannique de Tony Blair, principal artisan du laborieux processus de réconciliation depuis son arrivée au poste de Premier ministre. C'est la première fois que le Parti unioniste accepte de respecter une date ferme pour la formation d'un gouvernement d'union, ce qui laisse espérer la fin effective de plus 30 ans de violences meurtrières en Irlande du Nord.
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