Son influence régionale s’exerce au moyen de discours violemment anti-israéliens, dont s'abstenaient les capitales de la région depuis de nombreuses années, et qui auraient dû conduire les pays européens à rappeler leurs ambassadeurs à l'automne 2005. Téhéran compte aussi sur l'infiltration de ses agents dans l'ensemble de sa périphérie. Celle-ci est perceptible non seulement au Liban et en Irak, où la capacité de nuisance de l'Iran n'a plus besoin de démonstration, mais aussi en Asie centrale et au Caucase. Téhéran compte enfin sur une militarisation du régime, dont les manoeuvres d'intimidation « Grand Prophète I et II » ont donné une illustration convaincante au printemps et à l'automne 2006, et sur son programme nucléaire et balistique. Ceux-ci connaissent une accélération au moment même où le Conseil de Sécurité demande enfin, avec la résolution 1696, une suspension complète de toute activité liée à l'enrichissement et au retraitement de l'uranium. La question posée par l'Iran à la communauté internationale est simple : les règles qui vont régir non seulement les rapports de force, mais aussi le nucléaire au XXIème siècle ne sont pas encore écrites. Veut-on qu'elles le soient par l'Iran ?



Thérèse DELPECH, Le grand perturbateur. Réflexions sur la question iranienne, Paris, Grasset, 2007 (216 pages)
Thérèse Delpech est chercheur associé au Centre d’études et de recherches internationales (CERI-FNSP) et membre de l’Institut international d’étude stratégiques de Londres. Elle a publié récemment L’Ensauvagement. Le retour de la barbarie au XXIe siècle (Grasset, 2005, prix Femina essai), ainsi que L’Iran, la bombe et la démission des nations aux éditions Autrement (2006).