L'action du reste du monde vis-à-vis de cette région se définit très souvent, et à juste titre, sous le prisme de l'assistance à son développement, à la résolution de ses crises et conflits. L'Afrique, lorsqu'elle n'est pas ignorée et/ou méconnue, est presque toujours perçue comme un risque, un danger, une menace pour la stabilité (sociale, démographique, identitaire, humaine, politique, etc.) et la sécurité de certaines régions du monde. Aujourd'hui encore, elle est largement perçue, par de nombreuses populations, sous l'angle de la menace que font peser ses immigrants et demandeurs d'asile sur l'Europe. Le nouveau Président français n'a-t-il pas fait de la question du développement de l'Afrique (objectif louable) et de la question de l'immigration (préoccupation justifiée pour ce pays), les axes principaux de sa politique africaine, hormis le partenariat qu'il souhaite établir avec le bassin méditerranéen ?
Pour en revenir à cette célébration placée par l'Union Africaine (UA) sous le thème «renforçons la place de l'Afrique dans le monde à travers des partenariats stratégiques, équilibrés et responsables», cette journée a été, conformément aux dires  de Couaovi Apan Johnson, fonctionnaire à la Commission de l'UA à Addis Abeba (Éthiopie), interrogé le 25 mai 2007 par laVoie de l'Amérique, caractérisée par deux principales activités : le lancement du passeport diplomatique de l'UA qui devrait permettre de faciliter les déplacements du personnel de l'UA, des officiels (chefs d'État et de gouvernement et ministres notamment) des États membres et d'autres «personnalités» du continent, et la mise en place du projet de lancement d'un système de communication VSAT qui rendra plus effectif et efficace la communication entre le siège et les autres bureaux de l'UA à l'étranger. Par ailleurs, la célébration de cette journée verra également la pose de la première pierre d’un nouveau complexe, le Centre de conférence de l'UA.
En ce qui concerne la célébration de cette journée sur le continent, hormis le séminaire sur l'intégration et le mouvement des personnes sur le continent qui a été organisé ce jour là par le Département Sud-africain des Affaires étrangères et les manifestations festives et culturelles qui ont rassemblé plusieurs membres du corps diplomatique au Cameroun, on en sait très peu sur les activités envisagées ou organisées au niveau de chacun des pays africains.
On aurait souhaité que la célébration de cette journée revête un caractère plus social et populaire et ne demeure en grande partie pas qu'un évènement diplomatique et protocolaire. À ce propos, il faut signaler, à titre d'exemple, que la célébration de cet évènement n'a rien de similaire aux activités culturelles, sociales et éducatives organisées lors de la célébration de la journée de l'Europe, chaque 9 mai, où beaucoup de choses sont entreprises pour rapprocher l'idée, l'idéal et la réalité de l'intégration de l'Europe, des populations. Malgré le fait que l'on ne se trouve pas dans des processus d'intégration similaires, il serait souhaitable que la variable «population» soit effectivement prise en considération, fusse au titre de son information, dans l'intégration africaine, quelles que soient les limites et faiblesses de cette dernière.
Au-delà de ce qui a été prévu au niveau de l'Afrique, il serait à présent intéressant  de voir comment a été célébré cette journée de par le monde, compte tenu de son caractère, dans le principe du moins, mondial. À cet effet, force est de reconnaître que cette journée est largement passée inaperçue dans la presse internationale (2), attitude qui peut d'ailleurs s'observer (à sa décharge ?) pour la célébration des 148 journées mondiales et internationales recensées pour 2007 notamment. Il faut dire que de la journée mondiale de la paix (1er janvier) à la journée internationale de l'ONU pour la coopération Sud-Sud (19 décembre) en passant par la journée mondiale sans téléphone mobile(6 février), la journée du soleil (3 mai) et la journée mondiale du blog (31 août), on peut largement comprendre que certains observateurs ou analystes s'y perdent. Est-ce un manque d'intérêt ou alors une actualité trop chargée (éclipsée par la journée internationale des enfants disparus observée le même jour) qui expliquerait cet état de chose ? Par ailleurs, le silence que l'on observe également de la part de la presse africaine est des plus surprenants.
Pour en revenir au monde officiel et diplomatique, le président Russe, Vladimir Poutine, a fait parvenir une lettre aux chefs d'État et de gouvernement africains dans laquelle il salue la participation active de l'Afrique dans les efforts à l'échelle internationale pour faire triompher les nombreux défis liés à l'instauration d'un monde multipolaire et d'un ordre mondial juste. Il a également salué la détermination des Africains à oeuvrer pour la stabilité, la sécurité et le développement durable de l'Afrique et exprimé le soutien constant de son pays à la mise en oeuvre du Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique, ainsi qu'à l'accroissement de l'aide apportée au continent par la communauté internationale dans son ensemble et par son pays en particulier. Du côté du Royaume Uni, il a été prévu que le ministre chargé de l'Afrique au Foreign and Commonwealth Office, Lord Triesman, fasse un discours à l'Hôtel de ville de Londres pour revenir sur les engagements de la communauté internationale vis-à-vis de ses promesses d'aide et sur la nécessité pour les Africains de prendre leurs responsabilités en matière de bonne gouvernance, d'État de droit, de respect des droits de l'Homme et de lutte contre la corruption (discours qui, bien que gardant sa pertinence, semble inscrit dans le marbre et déjà devenu culte).
Au demeurant, peut-on conclure, de manière générale, que l'observation de ce qu'a été la célébration de cette journée cette année constitue un baromètre pertinent de l'intérêt international pour l'Afrique ? Certainement pas, au vu des nombreuses déclarations d'intérêt et de politique et initiatives qui ne cessent d'être prises par divers partenaires bilatéraux et multilatéraux de l'Afrique dans plusieurs domaines.
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1. Site de la journée mondiale.
2. Un article du journal suisse, Le Temps, l'évoque de manière lapidaire et accessoire.


* Texte également reproduit sur le blog de l'auteur Un oeil sur la politique internationale.

Mode officiel de citation : William ASSANVO, «Journée mondiale de l'Afrique : une célébration qui ne fait pas recette ?», MULTIPOL - Réseau d'actualité et d'information sur l'actualité internationale, 2 juin 2007.