Cette insertion sur le marché mondial tourne autour de plusieurs axes : un plus grand accès des produits d'exportation, notamment pour les pays dont l'économie repose grandement sur une certaine agriculture ou sur le textile, aux marchés d'Amérique ou d'Europe ; l'afflux d'investissements étrangers qui permettraient aux pays africains d'améliorer leurs diverses infrastructures et par conséquent de dynamiser leurs économies (extractives, de transformation et de services). Or, pour bénéficier de ces investissements étrangers, il est nécessaire qu'existe un environnement (politique, social, économique, culturel, sécuritaire, légal, fiscal, etc.) compétitif, dynamique et propice, ce qui est loin d'être le cas dans la plupart des situations. Dans le même ordre d'idée, une incitation et une dynamisation de l'entreprenariat privé constituent également l'un des leviers pour un développement et une croissance durables en Afrique.
C'est dans cette optique qu'en prélude au Forum Economique Mondial sur l'Afrique qui s’est tenu du 13 au 15 juin 2007 dans la ville de Cape Town (Afrique du Sud), a été publié un rapport sur la compétitivité en Afrique. Ce rapport est le fruit d'une coopération entre le World Economic Forum, la Banque Africaine de Développement et la Banque mondiale ; il est présenté comme le «premier sur l'environnement conjoncturel des entreprises africaines qui rassemble les connaissances et l'expertise des trois organisations, marquant ainsi une nouvelle étape en termes de coopération dans le domaine de la recherche». Il aborde un certain nombre de problématiques telles que le rôle de l'entreprenariat, des technologies de l'information et de la communication et la place des femmes dans le renforcement de la compétitivité en Afrique. Il présente également les résultats d'une enquête portant sur 29 pays, pour ce qui est de l'analyse et de la mesure de la compétitivité en Afrique, et sur 32 pays, en ce qui concerne l'analyse et l'appréciation de différents climats d'investissement. Ces résultats se fondent sur les réponses fournies par des entrepreneurs et des hommes d'affaires, ainsi que sur l'analyse de données provenant d'organisations internationales (Banque mondiale, Fonds Monétaire international, agences des Nations Unies, Union Internationale des Télécommunications, etc.) et de statistiques nationales.
Ce rapport a conclu que les entreprises africaines peuvent devenir plus compétitives à condition que les gouvernements africains et leurs partenaires internationaux améliorent l'accès aux moyens de financement, reconstruisent les infrastructures et renforcent les institutions. Soulignant le nombre croissant de projets couronnés de succès en Afrique, le rapport met l'accent sur le fait que «la difficulté d'accéder aux services financiers constitue le principal obstacle à surmonter pour les entreprises africaines, mais que les infrastructures déficientes, la corruption et la faiblesse des institutions nuisent également à la compétitivité des biens et services africains sur le marché mondial».
Les données récoltées dans ce rapport ont été organisées autour de neuf piliers : institutions (confiance en les politiciens, favoritisme, indépendance de la justice, dépenses gouvernementales, etc.), infrastructures (qualité des infrastructures -routières, aéroportuaires, portuaires-, qualité de la fourniture d'électricité, lignes téléphoniques, etc.), santé et éducation primaire (impact du paludisme, de la tuberculose et du sida sur les affaires, mortalité enfantine, espérance de vie, etc.), macroéconomie (taux d'épargne national, inflation, dette gouvernementale, taux d'échange réel, etc.), éducation supérieure et formation (qualité du système éducatif, qualité de la gestion des écoles, durée de la formation des enseignants, etc.), efficacité du marché (efficacité du cadre légal, nombre de procédures pour ouvrir une entreprise, temps requis pour ouvrir une entreprise, etc.), développement technologique (niveau d'absorption technologique dans les entreprises, nombre d'utilisateurs de téléphones mobiles, nombre d'internaute, etc.), sophistication des affaires etinnovation.
Dans le cadre de cette catégorisation, le quatuor institutions, infrastructures, macroéconomie, santé et éducation primaire représentent des facteurs clés pour dynamiser une économie, tandis que le trio éducation supérieure et formation, efficacité du marché, développement technologique jouent un rôle clé dans le renforcement de l'efficacité de l'économie, et le duo sophistication des affaires et innovation comme un élément clé pour développer le caractère innovant d'une économie.
Sur la base des réponses fournies par les hommes d'affaires, ont été établis les principaux facteurs constituant des obstacles au développement des affaires. Ainsi, en plus des principaux obstacles évoqués précédemment, figurent l'insuffisance de moyens de télécommunications et de transports, les difficultés liées à la fourniture d'électricité, les obstacles liées aux conditions d'accès au foncier, le système fiscal, les régulations commerciale, douanière et sociale, le niveau de criminalité, la capacité du système légal à régler les différends, etc.
Cette étude peut être d'un grand intérêt pour les potentiels investisseurs et ceux s'intéressant au milieu des affaires en Afrique. Elle permet ainsi de se rendre compte que si certains problèmes sont communs aux pays africains (et pas qu'à eux faut-il le préciser), ils n'ont pas la même proportion d'un pays à l'autre. Ainsi, si la corruption constitue un obstacle majeur au Cameroun, au Maroc, en Libye ou au Tchad, tel n'est pas le cas en Gambie ou au Botswana. Cette étude permet de relativiser de manière significative ces réalités et de remettre dans certaines proportions les maux les plus fréquemment avancés pour expliquer les retards de développement sur le continent africain.

* Texte également reproduit sur le blog de l'auteur Un oeil sur la politique internationale.

Mode officiel de citation : William ASSANVO, «Renforcer la compétitivité, un des nombreux impératifs pour l'Afrique», MULTIPOL - Réseau d'analyse et d'information sur l'actualité internationale, 17 juin 2007.