Débattre est le bon terme puisque l'Union africaine ne semble guère avoir trouvé de consensus sur la question de son gouvernement futur, entre des partisans de la mise en place d'un gouvernement de l'Union en vue de créer les Etats-Unis d'Afrique le plus rapidement possible et leurs opposants, qui se montrent réticents voire opposés à ce projet et souhaitent limiter l'Union africaine à un développement continental progressif.
Cette question n'a d'ailleurs donné lieu à aucun commentaire de la part du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'UA, précédant le Sommet des chefs d'Etats. Les ministres africains semblent ne pas avoir trouvé de compromis sur le sujet et ont préféré laisser la discussion s'établir entre les chefs d'Etat.
Les tensions se sont exacerbées avec un léger incident diplomatique autour du chef d'Etat lybien, Mouammar Kadhafi, principal partisan des Etats-Unis d'Afrique, qui n'a pas participé à l'ouverture du Sommet domanche après s'être vu refusé de prononcer un discours imprévu à l'occasion de cette cérémonie d'ouverture. Le leader libyen a exprimé à plusieurs reprises sa volonté de voir former un gouvernement continental africain, de mettre en place une armée africaine unique, de battre une monnaie africaine unique, de créer un marché africain unique, et d'adopter une tarification douanière unique avec le monde. A cet égard, il vient d'effectuer une tournée au Mali, en Guinée, en Sierra Leone, au Liberia et en Côte d'Ivoire pour tenter de convaincre ses pairs africains.
Bien qu'ayant bénéficié d'un soutien du Président sénégalais Abdoulaye Wade, Kadhafi est en position minoritaire face à une majorité de chefs d'Etats africains, au premier rand desquels figure l'Afrique du Sud, qui privilégient une approche graduée du renforcement de l'Union africaine. La ministre mozambicaine des Affaires étrangères, Alcinda Abreu, a ainsi déclaré : «Il y a un groupe "d’immédiatistes" qui pensent que le gouvernement (d’Afrique) doit être formé dès maintenant, mais la majorité ne pense pas que les conditions sont réunies», avant d'ajouter «Pourquoi se presser ? Regardez l’Union européenne, ils ne l’ont pas créée en un clin d’oeil».