L’Iran aura sa bombe en 2010. Plus précisément, Téhéran pourrait disposer d’une capacité nucléaire militaire dès mi-2009. C’est en tout cas ce qu’ont révélé récemment des analystes du «Military Intelligence» israélien pour qui le régime islamique parviendrait à surmonter les barrières technologiques lui permettant de fabriquer ses premières armes dans un délai de 6 à 12 mois (1). Il est vrai que les obstacles technologiques à la fabrication d’armes nucléaires sont énormes. La maîtrise du cycle du combustible n’est pas chose aisée et l’Iran continue certainement de rencontrer de nombreuses difficultés dans le fonctionnement des cascades de centrifugeuses destinées à enrichir l’uranium (2). Cependant, il est aussi évident que de nombreuses étapes ont été franchies par Téhéran dans son éventuel quête de l’arme suprême (3). L’aide fournie par le réseau Khan y a été pour beaucoup et le moins qu’on puisse dire est que les différents transferts effectués par le scientifique pakistanais à son premier client permettront à ce dernier d’écourter sa marche vers le nucléaire militaire.
Selon des estimations des services de renseignement américain datant de 2005, Téhéran pourrait disposer d’assez de matières fissiles pour fabriquer sa première arme seulement dans une dizaine d’années, soit courant 2010-2015, compte tenu des difficultés qui résident aussi bien dans les processus de conversion de l’uranium que dans son enrichissement (4). Parallèlement, des études beaucoup plus pessimistes faites par des chercheurs de l’International Institute for Strategic Studies (IISS) de Londres et de l’Institute for Science and International Security (ISIS) de Washington parlaient de 2009-2010. Pour Bruno Tertrais de la Fondation pour la Recherche Stratégique, il faudrait compter avec un Iran nucléaire dès la fin 2008 (5). Toutefois des doutes subsistent encore sur la question puisqu’il est très difficile actuellement d’en savoir plus sur les progrès enregistrés par l’Iran dans son éventuel programme nucléaire militaire, tout le reste ne reposant que sur des spéculations et des scénarios. Seuls les rapports de l’AIEA – puisque ne contenant que ce qui a pu être vérifié sur le terrain par les inspecteurs – permettent d’en savoir plus sur l’état d’avancement des activités nucléaires du régime des mollahs (6).
De toutes les façons, que ce soit à moyen ou long terme, l’Iran aura sa bombe si telle est réellement sa volonté. Ce sont surtout les conséquences qui seront déstabilisantes pour la sous-région. Un Iran nucléaire ne ferait qu’accroître les tensions au Moyen-Orient. Et ce qui est le plus à craindre pour la sécurité internationale est l’effet boule de neige qui en résulterait car l’attitude de certains États qui estiment que leur sécurité est mieux assurée si leurs voisins n’ont pas d’armes nucléaires pourrait être revisitée. L’évolution des pays, comme l’Égypte, l’Arabie Saoudite, la Syrie, l’Algérie et la Turquie, devrait alors être suivie avec attention (7). En effet, la possibilité ne peut pas être écartée de voir l’Égypte reconsidérer son option nucléaire puisque si le statut nucléaire d’Israël est déjà difficilement acceptable pour elle, la naissance d’éventuelles armes nucléaires iraniennes pourra être perçue comme un risque majeur de sécurité nationale pour Le Caire.
La même menace pourrait pousser l’Arabie Saoudite à vouloir acquérir la bombe en échange de grosses sommes d’argent. Si l’Égypte envisageait un jour de se lancer dans une aventure nucléaire, alors on peut imaginer que les pays rivaux arabes comme la Syrie ou l’Algérie ne l’observeront pas comme des enfants de cœurs. En définitive, un Moyen-Orient nucléaire pourrait de ce fait amener la Turquie à renoncer à son statut actuel d’État non doté d’arme nucléaire. Les derniers développements de l’actualité internationale semblent venir confirmer cette perspective de nucléarisation en chaîne. En effet, le 3 novembre 2006, six pays arabes – à savoir l’Algérie, l’Égypte, le Maroc, la Tunisie, les Émirats Arabes Unies et l’Arabie Saoudite – auraient manifesté leur intention de se lancer dans des programmes nucléaires civils, à en croire l’AIEA (8), ce qui est tout à fait leur droit si on se réfère à l’article V du TNP (9). Mais le fait qu’il est facile de passer des applications civiles aux applications militaires du nucléaire ainsi que l’instabilité de la région ne rassurent guère sur les intentions de ces pays qui pourraient être amenés à suivre l’exemple de Téhéran si dans quelques temps ce dernier parvenait finalement à montrer que sous couvert d’un programme nucléaire civil il a réussi à fabriquer la bombe.
(1) Amos HAREL, «Military Intelligence: Iran will cross nuclear threshold by 2009», Haaretz, 11 July 2007.
(2) Le 11 avril 2006, le Président iranien annonçait cependant au monde entier que son pays maîtrisait désormais toute la technique de l’enrichissement de l’uranium. Un an après, il serait passé à sa phase industrielle, ce qui indiquait pour Ahmadinéjad «le chemin vers un développement irréversible» : «J’annonce avec fierté qu’à compter d’aujourd’hui, l’Iran fait partie des pays qui produisent du combustible nucléaire à une échelle industrielle», avait-il déclaré le 9 avril 2007 lors d’une réunion au centre d’enrichissement d’uranium de Natanz où devrait être installée une cascade de 30 000 centrifugeuses. L’objectif à terme étant d’en installer 50 000.
(3) L’Iran a toujours affirmé son droit à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire conformément à l’article IV du TNP et ne cesse de clamer que son programme nucléaire n’est que civil. Mais les pays occidentaux, les États-Unis en premier, estiment que l’objectif caché de Téhéran est de développer un programme militaire.
(4) Dafna LINZER, «Iran is Judged 10 Years from Nuclear Bomb»,Washington Post, 2 August 2005.
(5) Bruno TERTRAIS, «Iran : la Bombe fin 2008 ?», Fondation pour la Recherche Stratégique, 15 mai 2006. http://www.frstrategie.org/barreCompetences/prolifDissuasionDefenses/20060515.pdf.
(6) Tous ces développements sont disponibles sur le site de l’AIEA : http://www.iaea.org/NewsCenter/Focus/IaeaIran/index.shtml.
(7) Georges LE GUELTE, «La prolifération : état des lieux»,Questions internationales, nº 13, mai/juin 2005, p. 31.
(8) Richard BESTON, «Six Arab states join rush to go nuclear»,The Times, 4 November 2006.
(9) L’article V du TNP veut que «(…) les avantages pouvant découler des applications pacifiques, quelles qu’elles soient, des explosions nucléaires soient accessibles sur une base non discriminatoire aux États non dotés d’armes nucléaires qui sont Parties au Traité (…)».
- En acceptant ce troc honteux, nucléaire contre infirmières otages, la France expose la communauté internationale à des risques totalement inconsidérés, et crée un précédent dangereux qui justifie d’avance le chantage et les revendications de tous les dictateurs fous de la planète ».
- 3. Le dimanche 15 février 2009, 11:13 par akaa
- pkoi il n aurait pas droit au nucleaire n importe quoi les etats unis il en des bombe atomic et ce sont deja servis sur les japonais cela il en le droit d avoir l arme nucleaire!!!
- 4. Le mardi 10 mars 2009, 21:04 par seksu
- le truc c'est que ces mecs la sont pres a faire sauter la planete pour leur dieu
- 5. Le dimanche 28 juin 2009, 21:44 par illouli tahar
- Une nation comme l'iran avec 70 millions d'habitants pourrait réaliser les prouesse du chah d'iran l'empire de darius oue presque dans toutes ces nations il y a une majorité chiite que pourrait faire soulever et menacer l'empire conquis par afhane ibnou afhane et récuperer la mecque à leurs dépends.
- 6. Le vendredi 25 septembre 2009, 16:19 par Karim
- Et la possession par Israël de l'arme atomique, ce n'est pas un danger permanent? Qu'Israël démantèle son arsenal, et après on pourra discuter de l'Iran...En attendant, ce dernier est en droit de se défendre.
- 7. Le samedi 13 février 2010, 15:58 par deguisement
- Nul ne sait encore quel en sera le résultat, mais il semble évident que la diplomatie a d'ores et déjà atteint ses limites et que les sanctions politiques, économiques... qui ont été ou qui pourraient encore être adoptées ne résoudront pas le problème car elles n'ont pas de prise sur l'Iran. Il ne resterait alors aux membres du Conseil de sécurité de l'ONU qu'un seul et ultime recours... Oseront-ils franchir ce pas ? Je ne le crois pas. Jusqu'au jour où un essai nucléaire leur fera regretter leur frilosité et leur pusillanimité.
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