Rappelant que le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (IPCC) a confirmé la sévérité du problème et l'a clairement lié à l'activité humaine, le Secrétaire général a indiqué que «nous en savons suffisamment pour agir». Ce défi sans précédent appelle «une action sans précédent», a-t-il insisté, rappelant que les effets du changement climatique pourraient contrarier les avancées réalisées pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
Les pays en développement sont ceux qui souffrent le plus des conséquences, alors qu'il s'agit de ceux qui ont souvent le moins contribué au processus de changement climatique, a-t-il déclaré en soulignant l'«ironie terrible» des événements. Il s'agit, pour certains États, d'une «question de survie», en conséquence de quoi «l'impératif moral ne peut pas être plus clair», a encore ajouté le Secrétaire général.
Dix ans après l'adoption du Protocole de Kyoto, les émissions des pays industrialisés sont toujours en augmentation et les pays pauvres n'ont pas reçu l'appui nécessaire pour s'adapter, a déclaré Ban Ki-moon, exprimant sa profonde déception devant le peu de progrès réalisés dans les négociations. «Nous devons préparer le terrain pour un accord global qui aborde le thème du changement climatique sur tous les fronts», a-t-il affirmé, un accord «aussi vite que possible pour s'assurer qu'une politique globale soit en place d'ici 2012».
Le cadre global devrait comporter plusieurs paramètres essentiels : un meilleur leadership des pays industrialisés pour la réduction des émissions, une motivation pour pousser les pays en développement à agir, sans sacrifier la croissance économique ou la réduction de la pauvreté, un appui largement supérieur pour aider les pays en développement à s'adapter, une amélioration du développement et de la dissémination de la technologie, ainsi que de nouvelles modalités de financement, y compris celles basées sur le système de marché.
De son côté, le président de la 62ème Assemblée générale, Srgjan Kerim, a également souligné la responsabilité des dirigeants d'aujourd'hui face aux changements climatiques et a proposé l'élaboration d'une feuille de route pour permettre aux Nations Unies et aux États membres de définir les instruments et les structures nécessaires pour répondre aux changements climatiques avec l’aide de l'expertise de la société civile et des secteurs privé et académique.
«Nous avons une obligation morale envers nos prochains», a-t-il souligné. «Dans cette même Assemblée, il y a déjà plus de vingt ans, les dirigeants du monde entier nous ont dit que les changements climatiques étaient réels, que nous devions réaliser des changements et des sacrifices, que nous ne pouvions pas vivre aux dépens de la planète et des futures générations», a ajouté le président de l'Assemblée générale. «Il n'y a plus de temps à perdre», a-t-il insisté, soulignant que l'ONU était le forum le mieux à même d'agir pour faire face au défi, car si les actions et les initiatives n'ont pas manqué, il faut maintenant une vision claire et une stratégie commune pour que les efforts collectifs soient efficaces.
Malgré les avancées globalement décevantes dans les négociations multilatérales en matière d’environnement, la Réunion de haut niveau sur les changements climatiques s’est ouverte au lendemain de la signature d’un accord important. Réunis au Canada pour le vingtième anniversaire du Protocole de Montréal, les États Parties ont effectivement décidé, le week-end dernier, le gel puis l'élimination des hydrochlorofluorocarbones (HCFC), substances chimiques qui appauvrissent la couche d'ozone et concourent aux changements climatiques.
Les HCFC avaient été adoptés dans les années 90 afin de remplacer les chlorofluorocarbures (CFC), composés destructeurs de l'ozone stratosphérique. Substituts temporaires, ils devaient originellement être éliminés en 2030 dans les pays développés, et en 2040 dans les pays en développement. Mais des études ont démontré qu'ils étaient également en cause dans le réchauffement terrestre. Les participants ont donc accepté d'en geler la production d'ici 2013 et de les éliminer définitivement d'ici dix ans.
Par ailleurs, l’accord lance un signal fort pour «le développement rapide des technologies et des produits chimiques de remplacement». Plusieurs propositions avaient été avancées avant la réunion et c'est finalement une combinaison qui a été adoptée : la production devrait être gelée en 2013 aux niveaux de production de 2009-2010. Les pays en développement ont accepté de réduire leur production et leur consommation de 10% en 2015, de 35% en 2020 et de 67.5% d'ici 2025, avec une élimination totale en 2030. Mais une flexibilité limitée leur a été accordée jusqu'en 2040.
Enfin, les 191 États Parties au Protocole de Montréal se sont engagés à fournir un financement adéquat. Le Fonds multilatéral, qui a déjà fourni plus de 2 milliards de dollars pour aider les réductions dans les pays en développement, devra faire l'objet d'un renflouement en 2008. Une étude menée par des experts viendra évaluer les coûts de l'accélération afin d'en informer les gouvernements.