L'accord signé par les deux dirigeants en clôture du premier sommet intercoréen depuis 2000, le deuxième seulement depuis la partition de la péninsule, est intervenu au lendemain de l'annonce d'une avancée sans précédent dans le dossier nucléaire nord-coréen : Pyongyang s'est en effet engagé à fournir une liste complète de ses programmes et à démanteler son principal complexe nucléaire à Yongbyon au 31 décembre.
La clause la plus originale de l'accord concerne la mise en place d'une «zone spécifique de paix et de coopération dans la mer Jaune (à l'Est de la péninsule)», destinée à mettre un terme aux conflits territoriaux des deux pays dans ce territoire maritime. Ils devraient ainsi pouvoir y partager la pêche et promouvoir une utilisation mixte du port de Haeju, en Corée du Nord, et de l'embouchure du fleuve Han, qui traverse le Sud. Les ministres de la Défense devront se réunir en novembre pour discuter des conditions de sécurité de cette zone.
Les dirigeants des deux Corées se sont aussi mis d'accord sur le développement de divers projets économiques pour réduire les tensions dans la péninsule. Il en va ainsi du transport de marchandises recourant aux liaisons ferroviaires intercoréennes récemment restaurées, mais qui ne fonctionnent pas encore du fait de l'absence de coopération nord-coréenne. Surnommé la «nouvelle route de la soie», le chemin de fer reliant Séoul et Sinuiju (en Corée du Nord), dont un tronçon nord-coréen attend toujours d'être remis en état, devrait être emprunté par les supporters coréens du Sud comme du Nord qui se rendront aux Jeux olympiques de Pékin en 2008.
L'article 4 de la Déclaration commune précise en outre que «les deux Corées, conscientes de la nécessité de substituer à l'actuel armistice une forme de paix plus durable, ont décidé d'œuvrer ensemble pour organiser la rencontre entre les dirigeants des trois ou quatre pays directement concernés qui devront préparer la déclaration sur la fin de la guerre de Corée». En ce sens, les deux Corées «sont convenues de coopérer étroitement pour mettre fin aux hostilités militaires, assurer la paix et apaiser les tensions dans la péninsule».
Un traité de paix exigerait toutefois la participation des États-Unis et de la Chine, engagés dans le conflit et signataires de l'armistice de 1953 ayant mis fin à la guerre, texte au bas duquel la Corée du Sud n'a jamais apposé sa signature.
Le président américain George Bush a déclaré le mois dernier qu'il était disposé à mettre officiellement un terme à la guerre de Corée, tout en avertissant que cela ne pourrait se faire qu'après un désarmement nucléaire total de Pyongyang.
La Déclaration de paix et de prospérité ne fait cependant qu’effleurer la question nucléaire. En une seule phrase, le texte se contente de dire que «les deux Corées veilleront à ce que les accords dégagés des pourparlers à six (qui impliquent les deux Corées, la Chine, les États-Unis, le Japon et la Russie) s'appliquent sans incident», un engagement jugé insuffisant par le Grand parti national, principale force d'opposition en Corée du Sud.