Alors que les biocarburants devraient être produits à partir de plantes non alimentaires, de déchets agricoles et de débris végétaux, plutôt qu'à partir de cultures vivrières, la conversion à une large échelle de terres arables à la production de végétaux destinés à la fabrication d'essence verte entraîne depuis plusieurs mois une flambée des prix agricoles qui aggrave la situation de la faim dans le monde, en obligeant les pays les plus pauvres à importer une part de leur alimentation au prix fort, a souligné le sociologue suisse devant la presse.
À titre d’exemple, «il faut 232 kilos de maïs pour faire un plein de cinquante litres de bioéthanol», alors qu’«avec cette quantité de maïs, un enfant peut vivre pendant un an», a-t-il observé.
Le droit à l'alimentation devrait primer sur les motivations d'indépendance énergétique à l'origine du succès actuel des biocarburants. Or, c’est le contraire qui est en train de se passer. La conversion des terres aux biocarburants va créer des «hécatombes», s’est exclamé Jean Ziegler, qui prédit une baisse de l'aide alimentaire envoyée par les pays riches aux pays en développement. «C'est une catastrophe totale pour les affamés du monde».
Critiquant en particulier la politique menée au Brésil, où l'agrandissement des surfaces agricoles consacrées aux biocarburants a chassé les paysans de leurs terres et fait exploser le prix des céréales, M. Ziegler a déploré que les plantations de canne à sucre destinées à la production de biocarburants s'étendent aux dépens des cultures vivrières. Selon lui, ces dernières font vivre entre 7 et 10 agriculteurs en moyenne sur 10 hectares, alors la canne à sucre ne représente qu'un seul emploi sur la même surface.
  • À lire également, l’article de Brian MENELET, «L’aberration des biocarburants», MULTIPOL - Réseau d'analyse et d'information sur l'actualité internationale, 28 mai 2007.