Le Secrétaire général de l’ONU a aussitôt félicité les chefs d'États de la signature de leur charte fondatrice : «En s'engageant en faveur des principes des droits de l'homme et de la démocratie, les dirigeants de l'ASEAN ont franchi ensemble une étape historique vers une intégration et une coopération plus étroites afin de répondre aux besoins et aux aspirations des générations présentes et futures dans la région», a-t-il déclaré.
Toutefois, toute mesure coercitive impliquant la suspension d'un membre récalcitrant, qui avait été un temps envisagée, a été expurgée sous les pressions de la Birmanie, pourtant décriée pour ses constantes violations des droits humains. Une simple «instance» en la matière est censée voir le jour sans que ses prérogatives soient encore définies.
Cette Charte doit être encore ratifiée par les Parlements des Dix pour entrer en vigueur. Premier cadre légal d'une organisation mise sur pied il y a 40 ans en pleine Guerre Froide pour endiguer le communisme, elle habilitera l'ASEAN à signer des traités internationaux et à intenter des actions en justice.
Mais la cérémonie de signature a été largement occultée par le coup diplomatique de la Birmanie qui a fait capoter, la veille, un briefing de l'envoyé spécial de l'ONU sur la Birmanie Ibrahim Gambari.
Alors que tous s'attendaient à voir le régime birman faire profil bas après sa brutale répression d'un mouvement pacifique emmené par des moines fin septembre, la junte a repris l'initiative en faisant jouer la règle du consensus au sein du groupe pour faire barrage au compte-rendu du diplomate, arguant que ce dernier ne devait en référer qu'au Conseil de sécurité des Nations Unies et non à l'ASEAN.
Le sommet de l'ASEAN se termine aujourd’hui et sera suivi, le même jour, par celui de l'Asie de l'Est qui rassemble les Dix de l'ASEAN et leurs six partenaires régionaux privilégiés (Chine, Japon, Corée du Sud, Inde, Australie et Nouvelle-Zélande).