Il a cité deux exemples de personnalités ayant prononcé des discours légitimant le racisme. D’une part, le Prix Nobel de médecine James Watson, contraint à la démission pour ses propos sur la prétendue infériorité intellectuelle des personnes d’ascendance africaine. D’autre part, Nicolas Sarkozy pour son discours, le 26 juillet dernier à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, au Sénégal : «Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire» ; «Le problème de l’Afrique, c’est qu’elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l’enfance» ; «Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès», avait alors déclaré le Président français à la jeunesse africaine. Or, pour le juriste sénégalais, nommé expert indépendant sur le racisme en 2002 par la défunte Commission des droits de l’Homme de l’ONU, l’affirmation selon laquelle les Africains ne sont pas entrés dans l’histoire est un «stéréotype fondateur des discours racistes des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles» qui a causé une «blessure profonde» chez les intellectuels africains.
Doudou Diène a également dénoncé «la criminalisation et le traitement exclusivement sécuritaire des questions relatives à l’immigration». «En France, le projet de loi introduisant les tests ADN dans la procédure de traitement administratif des postulants au regroupement familial constitue aussi une illustration de cette stigmatisation de l’immigré», a-t-il ajouté.
Cette offensive, alors que Nicolas Sarkozy était en déplacement officiel aux États-Unis, a suscité un vent de panique chez les diplomates français en poste à l’ONU. Ces derniers se sont empressés de condamner les accusations «infondées et irresponsables» de Doudou Diène, en expliquant que, dans ses discours comme dans ses actes – notamment avec la nomination de ministres issus de l’immigration –, le chef de l’État français avait toujours démontré que la lutte contre le racisme faisait partie de ses priorités.