30 novembre 2007

ACTU : Sommet du Commonwealth : le Rwanda décide de tourner le dos à la langue française

Catherine MAIA
Les chefs d’Etat et de gouvernement du Commonwealth se réunissent depuis le 23 novembre à Kampala pour un sommet qui a, entre autres, à l’ordre du jour l’adhésion du Rwanda à cette communauté regroupant les anciennes colonies britanniques. Le Rwanda qui a adopté l’anglais comme langue officielle, décide de tourner le dos à la langue française et sanctionner, par ricochet, la France accusée d’instigatrice lors du génocide de 1994.
La ville de Kampala abrite, depuis le vendredi 23 novembre 2007, le sommet de l’organisation anglophone Commonwealth. Cette rencontre de trois jours qui se tient à huis clos autour de la reine Elizabeth a, parmi les points à l’ordre du jour, le commerce international, le soutien des petits pays, l’adhésion du Rwanda et le changement climatique, qui menace gravement de nombreux archipels et îles membres de ce regroupement des anciennes colonies britanniques.
« Je suis ravie de vous rejoindre ici à Kampala et de constater que le Commonwealth est en si bonne santé », a déclaré la reine Elizabeth II, chef du Commonwealth, lors de la cérémonie d’ouverture dans un grand hôtel de la capitale ougandaise.
Le Président ougandais, Yoweri Museveni, dont le pays accueille le sommet jusqu’à dimanche 25 novembre, ainsi que le Secrétaire général du Commonwealth, Don Mc Kinnon, qui doit être remplacé lors du sommet après deux mandats, se sont notamment exprimés.
Le ministère pakistanais des Affaires étrangères a lui estimé que la décision de suspension du Pakistan du Commonwealth était à la fois « injustifiée » et pas « raisonnable ».
« Le Pakistan entend revoir ses liens avec le Commonwealth et sa coopération avec cette organisation », a ajouté le ministère pakistanais dans un communiqué dont une copie est parvenue à l’AFP .
Le Pakistan a été suspendu le 22 novembre au soir avec effet immédiat du Commonwealth (53 pays), à l’issue de l’expiration d’un ultimatum portant notamment sur la levée de l’état d’urgence décrété le 3 novembre dans ce pays et la restauration des droits civiques.
ADIEU A LA FRANCOPHONIE
Outre le Président pakistanais Pervez Musharraf dont le pays a été suspendu, le Président zimbabwéen Robert Mugabe et le Premier ministre australien John Howard sont parmi les grands absents de ces retrouvailles anglophones.
A l’issue de la cérémonie d’ouverture, les dirigeants ont entamé une « retraite » à huis clos jusqu’à la fin du sommet dans un hôtel situé dans le quartier Munyonyo, dans la banlieue de Kampala.
Ce sommet est également caractérisé par les démarches du Rwanda d’intégrer le Commonwealth. C’est ce qui justifie la récente visite du Président rwandais Paul Kagamé dans la capitale ougandaise pour essayer de convaincre ses homologues anglophones de l’importance de l’adhésion de son pays dans cette grande famille anglophone. Paul Kagamé qui a passé son enfance en Ouganda est plus que jamais décidé de tourner le dos à la francophonie depuis le génocide de 1994 où la France est pointée du doigt accusateur. C’est dans ce contexte que le Rwanda a claqué la porte à la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) au profit de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est (CEAE). Une façon de sanctionner tacitement la France accusée d’instigatrice du génocide de 1994.
Mais, des analystes estiment que ce virage du Rwanda vers les anglophones est beaucoup plus lié à la personne de Paul Kagamé qui a un passé anglophone et qui pensait qu’en étant membre du Commonwealth son pays deviendrait riche dans les Grands Lacs.
Il y a lieu de noter que les sommets des chefs d’Etat et de gouvernement du Commonwealth (CHOGM) sont organisés tous les deux ans et que les décisions sont prises par consensus. Créé en 1931, le Commonwealth rassemble 1,7 milliard d’habitants, soit 30% de la population mondiale.
Ses membres doivent souscrire aux idéaux communs (défense de la démocratie et des droits de l’Homme notamment) entérinés par les déclarations des différents sommets.
Pierre EMANGONGO et Bienvenu IPAN MOKUBA, «Sommet du Commonwealth : le Rwanda décide de tourner le dos à la langue française», Le Potentiel (Kinshasa), 24 novembre 2007 

Commentaires

1. Le vendredi 30 novembre 2007, 14:39 par Moustapha
L'attitude politique et intéressée du Président Rwandais, Paul Kagamé est troublante, mais pose une question fondamentale : celle du lien de vassalité imposé ou "choisi" entre Etats du Sud et Nordistes.
Il faut reconnaître que les dernières relations Franco-Rwandaises étaient, le moins que l'on puisse dire, "tendues". A la fin du mois de novembre 2006, un juge français "anti-terroriste" lançait des mandats d'arrêt internationaux contre 9 proches du président Kagamé, accusés d'être impliqués dans la mort tragique du président Habyarimana. La réaction du gouvernement Rwandais fût automatique. M. Kagamé interrompait ses relations diplomatiques avec la France, en expulsant Dominique Decherf l'ambassadeur de France à Kigali, ainsi que l'ensemble du personnel diplomatique.
Que Paul Kigali, ait toujours été un anglophone convaincu, soit. Il reste que l'orientation de sa politique étrangère et/ou de coopération augure une lecture inédite des relations France - Afrique.
Désormais, tout se calcule et fini les complexes ! On jure fidélité au plus offrant et on ajuste par rapport à la politique du "moins pire".. En sachant évidemment que les bénéfices de ces actions devront aller dans les deux sens...
Espérons que les rwandais ne paieront pas ce choix politique, lourd de symboles, surtout aprés avoir été cantonnés au rang de spectateurs muselés.

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