Les auteurs, membres du Center for public integrity et du Fund for independence in journalism, ont étudié l’ensemble des déclarations publiques de George W. Bush mais aussi du vice-président Dick Cheney, de Condoleezza Rice, alors conseillère à la sécurité, de Colin Powell, secrétaire d’Etat à l’époque, de l’ex-secrétaire à la Défense Ronald Rumsfeld et des porte-parole de la Maison Blanche.
Leur étude, intitulée "Faux prétextes", recense au cours des deux années ayant suivi le 11 septembre 2001 "au moins 935 fausses déclarations de hauts responsables de l’administration sur la menace que présentait l’Irak de Saddam Hussein pour la sécurité nationale".
"Cinq après l’invasion américaine de l’Irak, une étude complète des archives montre que les déclarations ont fait partie d’une campagne orchestrée qui a effectivement galvanisé l’opinion publique et conduit le pays à la guerre sur la base de prétextes résolument faux", estiment les auteurs de l’étude.
Des liens avec Al-Qaïda et l’existence d’un arsenal d’armes de destruction massive en Irak, qui se sont révélées introuvables, ont été mis en avant pour justifier l’intervention américaine. A cette époque, plusieurs pays, dont la France et l’Allemagne, avaient émis de sérieux doutes sur l’existence d’un tel arsenal.
L’administration Bush a finalement reconnu en 2005 que ces armes n’existaient pas en mettant fin au travail de l’"Irak survey group", composé d’inspecteurs américains en Irak, mais a souvent justifié sa décision en disant s’être appuyé sur les informations des services de renseignement américains.
Hors, la compilation et l’analyse effectuées par les deux organisations, sans faire de révélations, montrent que l’administration Bush a parfois ignoré ou déformé les éléments fournis par les agences de renseignement.
L’étude cite un discours de Dick Cheney en août 2002 au cours duquel il affirme : il "n’y a pas de doute que Saddam Hussein a maintenant des armes de destruction massive". Mais les auteurs soulignent que "selon le directeur de la CIA d’alors, George Tenet, ces affirmations allaient largement au delà des évaluations de l’agence". Ils citent même un responsable de la CIA qui avait confié au journaliste Ron Suskind : "Où est-il allé chercher ça ?".
En septembre 2002, le président Bush assure que "le régime irakien possède des armes biologiques et chimiques, reconstruit des installations pour en fabriquer encore plus (...) cherche à avoir la bombe nucléaire et avec des matériaux fissiles pourrait en fabriquer une en un an".
L’étude souligne que ces affirmations ont été reprises dans un rapport des agences de renseignement américaines (NIE) quelques jours plus tard alors qu’"aucune analyse n’avait été faite à ce sujet depuis des années car la communauté du renseignement ne l’avait pas estimée nécessaire et la Maison Blanche pas demandée".
L’étude revient aussi sur deux unités mobiles qualifiées en mai 2003 de "laboratoires biologiques" par Bush alors qu’une équipe d’experts civils dépêchés en Irak avait conclu qu’il n’en était rien.
Pour conclure, les auteurs regrettent qu’il n’y ait pas eu "d’enquête du Congrès sur ce qui s’était passé à la Maison Blanche" dans les mois précédant mars 2003 et épinglent les médias qui, malgré "quelques mea-culpa", ont contribué à "valider" les fausses déclarations de l’administration Bush.
Source : AFP