18 mars 2008

ACTU : La Chine nie la répression au Tibet

Catherine MAIA
Les autorités chinoises, relayées par les médias locaux, minimisent le nombre des victimes des émeutes. Objectif : sauvegarder l'image du pays à cinq mois de l'ouverture des Jeux et empêcher que l'idée de boycott fasse son chemin.
Selon la presse chinoise, le nombre des victimes des violences qui ont secoué Lhassa, la capitale tibétaine, s'élève à treize et elles sont toutes tombées sous les coups des Tibétains. Hier, le président de la région du Tibet nommé par Pékin a assuré que les émeutiers avaient « brûlé ou frappé à mort 13 civils innocents », sans mentionner les centaines de victimes qui auraient été tuées par les forces de l'ordre chinoises selon le gouvernement tibétain en exil. Le fonctionnaire a ajouté que l'armée n'était intervenue qu'après les violences et qu'aucun coup de feu n'avait été tiré, une thèse contredite par les rares témoignages de résidents et de touristes qui ont déjoué la censure.
Le black-out est d'autant plus sévère qu'à l'intérieur de ses gigantesques frontières, la Chine redoute qu'en médiatisant la révolte tibétaine, elle ne serve d'exemple aux minorités : les Ouïgours, des musulmans de la région voisine du Xingjiang, pourraient ainsi réclamer plus d'autonomie. Le 14 mars, la Chine a annoncé qu'une jeune Ouïgoure avait tenté de faire exploser un avion à destination de Pékin.
Afin d'éviter tout mouvement de compassion, la presse officielle s'acharne à dénoncer « la barbarie » des Tibétains. « Lors des troubles, des émeutiers ont coupé des oreilles, fait saigner des enfants. Ils ont tabassé des jeunes Tibétains jusqu'au coma et empêché des infirmières de sauver un blessé âgé de 5 ans », rapporte l'Agence Chine nouvelle, reprise par l'ensemble des journaux nationaux. En réponse à ces portraits à charge, des violents appels au meurtre contre les manifestants de Lhassa se multiplient sur les forums alors que l'Internet chinois est habituellement strictement contrôlé. « Il n'y a qu'un seul mot pour ces séparatistes qui veulent nous empêcher de vivre heureux : tuer ! », peut-on par exemple lire sur Sina.com, le principal portail chinois.
A destination de la communauté internationale, Pékin tient par-dessus tout à ne pas écorner son image à cinq mois des Jeux olympiques. « Er ling ling ba » (2008 en chinois) est devenu une sorte de mantra (une formule magique très condensée) que se répètent dirigeants et Chinois de la rue. Ce devait être l'année où la Chine se montrerait sous ses plus beaux atours au monde entier. Le soulèvement des Tibétains fait mauvais genre. La question du boycott est désormais posée même si jusqu'à présent, aucune autorité, gouvernement ou mouvement sportif, n'a repris à son compte cette idée. Interrogé hier sur cette éventualité, Li Zhanjun, directeur du centre de presse du comité organisateur des Jeux olympiques, déclare n'avoir « aucun commentaire à faire pour le moment. Nous vous contacterons si cela change. »
La répression au Tibet pourrait aussi menacer à terme l'économie chinoise en grande partie basée sur les exportations. Hier, la Bourse de Shanghai clôturait en forte baisse de 3,6 %, conséquence de la secousse tibétaine mais aussi de la crise des subprimes.

Source : Le Parisien
 

CHRONOLOGY: One week of Tibet protests around the world
March 18 (Reuters) - Tibet's largest anti-China protests in almost two decades broke out on March 10, sparking riots in Lhasa, demonstrations in nearby ethnic Tibetan provinces, and daily pro-Tibet protests around the world.
Here is a timeline of the largest and most sustained protests Tibet has seen since Beijing crushed pro-independence demonstrations in 1989.
  • March 10: Five-hundred monks from the Drepung monastery defy Chinese authorities to march into Tibet capital, Lhasa, to mark the 49th anniversary of a quashed rebellion against communist rule. Monks from Lhasa-area Sera and Gamden monasteries also protest.
  • March 12: Thousands of Chinese security personnel fire tear gas to try to disperse more than 600 monks from the Sera monastery taking part in another day of street protests.
  • March 14: About 300-400 residents and monks take to the streets in Lhasa. Violence sees shops and cars set on fire. Chinese authorities seal off Drepung, Sera and Gamden monasteries. China says 10 people killed in the unrest in Lhasa, and that it was masterminded by the Dalai Lama. A spokesman for the Dalai Lama rejects the latter claim as baseless.
  • March 15: Chinese authorities say Lhasa rioters will gain "leniency" if they give themselves up by midnight on Monday. Tibet's top government official, Qiangba Pingcog, denies Lhasa is under martial law on sidelines of government meeting in Beijing. Protesters in Sydney remove the Chinese flag at China's consulate building and try to raise a Tibetan flag.
  • March 16: Armed police patrol streets of Lhasa. China suspends foreign travel permits to Tibet. Protests spread to ethnic Tibetan areas in Sichuan and Gansu provinces. Tibetans hurl petrol bombs and set a police station and market on fire in Sichuan's Aba region. In Gansu's Machu town, a crowd of 300-400 carry pictures of the Dalai Lama, in defiance of authorities. Tibet's government-in-exile, in Dharamasala, India, says 80 people have been killed in the riots. French riot police use tear gas to disperse about 500 pro-Tibet protesters by the Chinese Embassy in Paris. New York police say protesters throw stones at officers outside the Chinese consultate in Manhattan. March 17: Tibet governor Qiangba Puncog says security forces exercised "massive restraint" and did not use lethal weapons against protesters, but 13 "innocent civilians" were killed in the riots. He says unrest was engineered by the Dalai Lama.
  • March 18: Chinese Premier Wen Jiabao dismisses calls for a boycott of Beijing Olympics, and says unrest was incited to sabotage the Aug. 8-24 Games. He accuses Dalai Lama of orchestrating the riots. In Australia, about 100 pro-Tibet protesters clash with police outside Chinese consulate in Sydney.
Source: Reuters

Commentaires

1. Le mardi 18 mars 2008, 11:29 par Brian Menelet
Les émeutes actuelles au Tibet profitent évidemment de la fenêtre médiatique entre-ouverte par les évènements que constituent les JO de Pékin 2008. Beaucoup de commentateurs pensent que si le Tibet n'obtient pas à cette occasion de réelles avancées quant à son autonomie, il aura manqué ou raté son dernier baroude d'honneur. Je ne suis pas de cet avis car, il ne faut pas l'oublier, 2009 sera l'occasion de marquer les 50 ans de l'exil du gouvernement du Tibet dont le Dalaï Lama est le fer de lance. Il pourrait alors bien s'agir d'une séance de rattrappage pour les militants indépendantistes restés au Tibet. Les Chinois, qui ont opéré une réelle invasion démographique et économique de la région du Tibet, sont de plus en plus difficilement supportés par les Tibétains, minoritaires dans leur pays, notamment par les artisants et commerçants qui doivent supporter une concurrence déloyale (fiscalité favorable aux commerçants/artisants chinois, autorisations d'ouvertures de magasins/échoppes appliquant la loi des 2 poids 2 mesures, etc), sont très remontés face aux dirigeants chinois locaux.
Certes, les JO de Pékin qui se profilent sont l'occasion, pour le peuple tibétain, de faire pression sur Pékin, qui tente d'ailleurs depuis 2 ou 3 ans de faire le ménage parmis les gouverneurs locaux, tous corrompus à divers niveaux, mais l'élan qui mobilise actuellement les Tibétains ne saurait s'arrêter en cas d'échec en 2008.
Par ailleurs, une petite précision: la chute de l'indice de Shanghai n'a pas grand chose à voir avec cette crise, puisque le même jour, le CAC 40 perdait 1.53 points et Frankfort dans les 1.80 points.
2. Le vendredi 21 mars 2008, 14:57 par elcompagneropax
Bonjour à tous,
Il est navrant de constater que notre monde dit civilisé s'inquiéte soudain d'un peuple (les Tibétains) pour lequel les autorités internationales (l'ONU surtout) jusqu'alors n'a pas réagi pour inviter la Chine à reconsidérer sa position hégémonique sur cette région. Combien de temps devra s'écouler avant que les dirigeants des pays puissants comprennent que la paix sur notre terre ne dépend pas seulement de leurs puissances de frappe, mais de la reconnaissance de chaque être humain avec qui le dialogue est le moyen d'obtenir le partage des richesses convoitées.
3. Le jeudi 27 mars 2008, 23:31 par C.M.
A lire cette note sur le blog de Vincent JAUVERT, grand reporter au Nouvel Observateur. Il revient sur les raisons du mutisme français à propos des tragiques événements se déroulant en ce moment au Tibet.
Extraits :
Il y a plusieurs raisons, les évidentes et celles qui le sont moins.
La France, si attachée à son statut de membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies, a besoin de la Chine dans cette enceinte sur plusieurs sujets :
- le Darfour, d'abord, dont l'équipe Sarkozy s'est faite la championne et qui ne peut pas entreprendre grand-chose sur le sujet sans le soutien de Pékin.
- le Liban, "protectorat" français, où la Chine a accepté, à la demande de Paris, d'envoyer quelques casques bleus.
- l'Iran, contre lequel la France et les Etats-Unis ont réussi, il y a quelques semaines, à faire voter une nouvelle vague de sanctions avec l'appui de Pékin et qui ne veulent absolument pas que ce fragile consensus se disloque.
- l'élargissement de ce Conseil, autre cheval de bataille de la diplomatie française, qui ne peut se faire si la Chine oppose son véto.
Outre la diplomatie, il y a aussi - et peut-être surtout - des histoires de gros sous et notamment le nucléaire, encore et toujours le nucléaire.
En novembre dernier, lors de la visite de Nicolas Sarkozy à Pékin, Anne Lauvergeon, la présidente d'Areva, a signé un contrat faramineux : la vente de deux réacteurs de deuxième génération EPR à la Chine, contrat considéré comme le plus important de l'histoire du nucléaire civil.
Et, dans la foulée, Areva est devenue partenaire officiel des Jeux Paralympiques de Pékin.
Mais l'encre n'est pas encore sèche. Si Paris se montrait un peu trop critique, les autorités chinoises pourraient bien reprendre leur signature (d'autant que les Chinois trainent déjà les pieds à cause d'un problème de transfert de technologie).
=> Lire la totalité de la note : http://globe.blogs.nouvelobs.com/ (23 mars 2008)
4. Le jeudi 3 avril 2008, 14:35 par Taro MURAKAMI
Au Japon, bien que certains connaissent le fait que la Chine viole les droits de l'homme contre les minorités, on ne peut pas dire que le pluspart du peuple japonais connaît l'actualité précise. Beaucoup de personnes japonaises font l'activité de buisiness avec les chinois aujourd'hui comme dans l'epoque ancienne. Je crois que la position japonaise est délicate...

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