Les autorités chinoises, relayées par les médias locaux, minimisent le nombre des victimes des émeutes. Objectif : sauvegarder l'image du pays à cinq mois de l'ouverture des Jeux et empêcher que l'idée de boycott fasse son chemin.
Selon la presse chinoise, le nombre des victimes des violences qui ont secoué Lhassa, la capitale tibétaine, s'élève à treize et elles sont toutes tombées sous les coups des Tibétains. Hier, le président de la région du Tibet nommé par Pékin a assuré que les émeutiers avaient « brûlé ou frappé à mort 13 civils innocents », sans mentionner les centaines de victimes qui auraient été tuées par les forces de l'ordre chinoises selon le gouvernement tibétain en exil. Le fonctionnaire a ajouté que l'armée n'était intervenue qu'après les violences et qu'aucun coup de feu n'avait été tiré, une thèse contredite par les rares témoignages de résidents et de touristes qui ont déjoué la censure.
Le black-out est d'autant plus sévère qu'à l'intérieur de ses gigantesques frontières, la Chine redoute qu'en médiatisant la révolte tibétaine, elle ne serve d'exemple aux minorités : les Ouïgours, des musulmans de la région voisine du Xingjiang, pourraient ainsi réclamer plus d'autonomie. Le 14 mars, la Chine a annoncé qu'une jeune Ouïgoure avait tenté de faire exploser un avion à destination de Pékin.
Afin d'éviter tout mouvement de compassion, la presse officielle s'acharne à dénoncer « la barbarie » des Tibétains. « Lors des troubles, des émeutiers ont coupé des oreilles, fait saigner des enfants. Ils ont tabassé des jeunes Tibétains jusqu'au coma et empêché des infirmières de sauver un blessé âgé de 5 ans », rapporte l'Agence Chine nouvelle, reprise par l'ensemble des journaux nationaux. En réponse à ces portraits à charge, des violents appels au meurtre contre les manifestants de Lhassa se multiplient sur les forums alors que l'Internet chinois est habituellement strictement contrôlé. « Il n'y a qu'un seul mot pour ces séparatistes qui veulent nous empêcher de vivre heureux : tuer ! », peut-on par exemple lire sur Sina.com, le principal portail chinois.
A destination de la communauté internationale, Pékin tient par-dessus tout à ne pas écorner son image à cinq mois des Jeux olympiques. « Er ling ling ba » (2008 en chinois) est devenu une sorte de mantra (une formule magique très condensée) que se répètent dirigeants et Chinois de la rue. Ce devait être l'année où la Chine se montrerait sous ses plus beaux atours au monde entier. Le soulèvement des Tibétains fait mauvais genre. La question du boycott est désormais posée même si jusqu'à présent, aucune autorité, gouvernement ou mouvement sportif, n'a repris à son compte cette idée. Interrogé hier sur cette éventualité, Li Zhanjun, directeur du centre de presse du comité organisateur des Jeux olympiques, déclare n'avoir « aucun commentaire à faire pour le moment. Nous vous contacterons si cela change. »
La répression au Tibet pourrait aussi menacer à terme l'économie chinoise en grande partie basée sur les exportations. Hier, la Bourse de Shanghai clôturait en forte baisse de 3,6 %, conséquence de la secousse tibétaine mais aussi de la crise des subprimes.
Source : Le Parisien
CHRONOLOGY: One week of Tibet protests around the world
March 18 (Reuters) - Tibet's largest anti-China protests in almost two decades broke out on March 10, sparking riots in Lhasa, demonstrations in nearby ethnic Tibetan provinces, and daily pro-Tibet protests around the world.
Here is a timeline of the largest and most sustained protests Tibet has seen since Beijing crushed pro-independence demonstrations in 1989.
- March 10: Five-hundred monks from the Drepung monastery defy Chinese authorities to march into Tibet capital, Lhasa, to mark the 49th anniversary of a quashed rebellion against communist rule. Monks from Lhasa-area Sera and Gamden monasteries also protest.
- March 12: Thousands of Chinese security personnel fire tear gas to try to disperse more than 600 monks from the Sera monastery taking part in another day of street protests.
- March 14: About 300-400 residents and monks take to the streets in Lhasa. Violence sees shops and cars set on fire. Chinese authorities seal off Drepung, Sera and Gamden monasteries. China says 10 people killed in the unrest in Lhasa, and that it was masterminded by the Dalai Lama. A spokesman for the Dalai Lama rejects the latter claim as baseless.
- March 15: Chinese authorities say Lhasa rioters will gain "leniency" if they give themselves up by midnight on Monday. Tibet's top government official, Qiangba Pingcog, denies Lhasa is under martial law on sidelines of government meeting in Beijing. Protesters in Sydney remove the Chinese flag at China's consulate building and try to raise a Tibetan flag.
- March 16: Armed police patrol streets of Lhasa. China suspends foreign travel permits to Tibet. Protests spread to ethnic Tibetan areas in Sichuan and Gansu provinces. Tibetans hurl petrol bombs and set a police station and market on fire in Sichuan's Aba region. In Gansu's Machu town, a crowd of 300-400 carry pictures of the Dalai Lama, in defiance of authorities. Tibet's government-in-exile, in Dharamasala, India, says 80 people have been killed in the riots. French riot police use tear gas to disperse about 500 pro-Tibet protesters by the Chinese Embassy in Paris. New York police say protesters throw stones at officers outside the Chinese consultate in Manhattan. March 17: Tibet governor Qiangba Puncog says security forces exercised "massive restraint" and did not use lethal weapons against protesters, but 13 "innocent civilians" were killed in the riots. He says unrest was engineered by the Dalai Lama.
- March 18: Chinese Premier Wen Jiabao dismisses calls for a boycott of Beijing Olympics, and says unrest was incited to sabotage the Aug. 8-24 Games. He accuses Dalai Lama of orchestrating the riots. In Australia, about 100 pro-Tibet protesters clash with police outside Chinese consulate in Sydney.
Source: Reuters
Commentaires
Certes, les JO de Pékin qui se profilent sont l'occasion, pour le peuple tibétain, de faire pression sur Pékin, qui tente d'ailleurs depuis 2 ou 3 ans de faire le ménage parmis les gouverneurs locaux, tous corrompus à divers niveaux, mais l'élan qui mobilise actuellement les Tibétains ne saurait s'arrêter en cas d'échec en 2008.