La Charte, à la base de la création de l'ONU en 1945, est un texte éminemment novateur, fondateur du droit international contemporain. Or, pratiquement aucune semaine ne se passe sans que les principes qui y ont été solennellement et très sagement inscrits ne soient remis en cause dans la presse quotidienne. Le plus souvent sans doute par omission ou par ignorance et sous-évaluation du saut qualitatif que leur adoption a représenté dans l'histoire des relations internationales et du condensé d'expérience qu'elle recèle ; probablement parfois plus subrepticement, en jouant sur l'émotion et une présentation biaisée d'événements, imprudemment coupés de leur contexte.
Méconnus, souvent travestis et allégrement bafoués, ces principes sont pourtant vitaux pour la préservation de la paix et une condition indispensable à toute avancée dans la démocratisation des sociétés et des relations internationales.
Militants et juristes chevronnés, juristes et militants de longue date, Monique et Roland Weyl s'en alarment. Il est temps, il est urgent de « sortir le droit international du placard », clament-ils. Selon eux, l'Organisation des Nations Unies est fondamentalement l'instrument des peuples. Encore faut-il que ces derniers se battent pour se la ré-approprier. Le droit n'est pas uniquement affaire de juristes, pas plus que la politique celle de politiciens et les relations internationales celle des Etats.
Les auteurs appellent les citoyennes et citoyens à faire leurs les engagements proclamés par le Préambule de la Charte : «Nous, Peuples des Nations Unies...». Leur ouvrage, qui se veut didactique et adressé à chacune et chacun, est solidement argumenté. Il allie enthousiasme, pour l'élan donné à l'émancipation des peuples par l'adoption de la Charte et la création de l'ONU, à la sagesse d'un regard long sur l'histoire.
Roland WEYL, Monique PICARD-WEYL, « Nous, peuples des Nations Unies... ». Le droit international à sortir du placard, Genève, CETIM, 2008 (144 pp.)
Roland WEYL est avocat à la Cour de Paris et a été rédacteur en chef, puis directeur de la Revue internationale de droit contemporain. Il est actuellement membre du Conseil national du mouvement de la paix et Vice-Président de l'Association internationale des juristes démocrates.
Monique PICARD-WEYL est avocat honoraire à la Cour de Paris. Elle a été professeur à l'Institut de droit appliqué, membre du Conseil national du mouvement de la paix et du Comité directeur du Mouvement national de lutte pour l'environnement.
Commentaires
Cela se fait déjà, certes de façon très limitée. On connait l'action des ONGs et de la société civile dans l'émancipation du droit international, leur action pour les droits de l'homme, l'application des règles du droit du travail, le désarmement, le droit du commerce international, la protection de la propriété intellectuelle, l'environnement, la lutte contre l'impunité...leur influence dans des enceintes internationales.
Dans chaque saut qualitatif du droit international, les peules, via les ONGs et la société civile, ont pris une part relative selon les sujets...c'est aussi cela la démocratisation de la société internationale. Tout le monde sait l'influence des ONGs lors de la "création" de la charte des nations unies...lors de la rédaction de la déclaration universelle des droits de l'homme...les exemples de ce type sont nombreux...
Sans doute, faut-il aller plus loin....sans toutefois ébranler l'écran étatique sur lequel repose fondamentalement le droit international, sans quoi, faudrait redéfinir ses principes autrement....
Dans ce sens, cet ouvrage vaut la peine d'être lu.