Au cours de la même cérémonie à la Maison Blanche, M. Obama a signé un autre décret stipulant que les Etats-Unis se conformeront dans le traitement de tous leurs prisonniers aux Conventions de Genève, conventions dont l'administration Bush contestait qu'elles s'appliquaient aux suspects de terrorisme.
C'est une autre remise en cause spectaculaire des pratiques de la "guerre mondiale contre le terrorisme" menée par l'administration Bush, et un désaveu des techniques d'interrogatoire employées par la CIA, dénoncées par beaucoup comme des actes de torture.
Les Américains savent "que nous ne perpétuerons pas le mauvais choix entre notre sécurité et nos idéaux", a dit M. Obama dans une vigoureuse dénonciation des pratiques approuvées par M. Bush.
La fermeture de Guantanamo en particulier lui a valu d'être applaudi par une grande partie de la communauté internationale. Elle lui a aussi attiré les critiques de ses adversaires républicains qui n'ont pas manqué de poser à M. Obama la question la plus épineuse posée par sa décision : que va-t-il faire de prisonniers qui peuvent rester dangereux et dont peut-être pas grand monde ne voudra ?
L'administration Obama a reconnu ne pas connaître la réponse.
Cependant, a-t-elle dit, une mission va être constituée pour examiner immédiatement lesquels des prisonniers peuvent être transférés vers des pays tiers, lesquels peuvent être libérés sans inquiétude, lesquels peuvent être jugés, avec une "préférence" pour la justice militaire, et lesquels ne peuvent être ni libérés ni jugés.
Certains pays se sont dits prêts à accueillir des prisonniers, et la France, "au cas par cas", a confirmé être l'un d'eux.
En signant le décret engageant "un processus en vertu duquel Guantanamo sera fermé dans un an au plus tard", M. Obama a non seulement tenu l'une de ses grandes promesses, mais aussi répondu aux instances pressantes d'alliés aussi sûrs dans la lutte antiterroriste que la Grande-Bretagne.
"Le message que nous envoyons au monde, c'est que les Etats-Unis ont l'intention de poursuivre le combat engagé contre la violence et le terrorisme", mais qu'ils le feront "dans le respect de nos valeurs et de nos idéaux", a-t-il dit.
Le monde semble avoir entendu. Amnesty international a qualifié la fermeture annoncée de Guantanamo de "pas important dans la bonne direction". Navi Pillay, Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, a parlé de "belle journée pour le respect du droit".
Guantanamo, ouvert après les attentats du 11 septembre 2001 pour détenir des hommes classés comme des "combattants illégaux", est devenu l'un des symboles les plus parlants des pratiques controversées employées par l'administration Bush dans la lutte contre le terrorisme.
Les organisations de défense des droits de l'Homme ont dénoncé Guantanamo comme une zone de non-droit, où des prisonniers sont détenus pendant des années sans mise en cause formelle. Elles se sont émues de leurs conditions de détention et des tortures dont certains auraient été victimes, selon elles.
L'administration Bush a réfuté ces affirmations, elle a dit vouloir fermer Guantanamo, mais a invoqué la complexité de l'affaire.
Les décrets signés jeudi 21 janvier 2009 manifestent la volonté de M. Obama de rompre avec l'époque Bush mais aussi de relever bille en tête les défis auxquels sont confrontés les Etats-Unis.
Face à la crise économique, M. Obama a instauré une réunion d'information quotidienne avec ses principaux conseillers, à la manière de celle existant avec les responsables du Renseignement sur la sécurité.
Face aux crises dans des régions d'importance stratégique pour les Etats-Unis, M. Obama a nommé de nouveaux émissaires pour le Proche-Orient (George Mitchell) et pour l'Afghanistan et le Pakistan (Richard Holbrooke).
Et, sur les questions de société, il a aussi affirmé sa différence avec M. Bush en affirmant son engagement à défendre le droit des femmes à l'avortement, à l'occasion du 36ème anniversaire d'une décision de justice capitale sur le droit des femmes à l'avortement aux Etats-Unis.
Source : AFP

  • A lire : «La France salue la fermeture de Guantanamo», France Diplomatie, 22 janvier 2009.