A l'appel du Front de défense de la démocratie (FDD), une coalition de partis, syndicats et ONG, les manifestants ont défilé pacifiquement dans les rues, à pied ou à moto, aux cris de "A bas tazartché" (la continuité), "tazartché est mort-né".
La manifestation a reçu l'appui des partisans de l'ex-Premier ministre Hama Amadou, placé en libération conditionnelle après dix mois d'incarcération pour détournements de fonds présumés, et qui vit depuis à l'étranger.
Les manifestants ont ensuite tenu un meeting devant le siège du Parlement au centre-ville.
C'est la troisième grande manifestation de ce genre organisée depuis mai par le FDD.
Dans un discours, Mahamadou Issoufou, chef de file de l'opposition et prédisent du FDD, a dénoncé "les multiples violations de la Constitution" par le président Tandja, qui s'est arrogé des "pouvoirs exceptionnels" et a dissous la Cour constitutionnelle et le Parlement hostiles à son projet de référendum.
Vendredi 3 juillet, le président Tandja a décidé de convoquer les électeurs le 4 août pour le référendum, alors que des législatives anticipées sont prévues le 20 août. Une élection présidentielle est également prévue le 14 novembre.
"La situation s'est encore dégradée car M. Tandja poursuit la mise en oeuvre de son coup d'Etat en dépit des condamnations de l'étranger", a lancé Mahamadou Issoufou.
"En s'arrogeant des pouvoirs exceptionnels, M. Tandja a outrepassé son pouvoir (...) il faut remonter à l'emprire romain pour voir ce type de régime", a-t-il estimé.
L'opposant a accusé le président d'être "seul responsable" de la crise actuelle "après dix ans de stabilité" et qui risque de faire perdre au pays quelque 500 milliards de FCFA d'aides promises par ses partenaires.
La foule a par ailleurs rendu un hommage à Moumouni Djermakoye Adamou, l'ex-président de la Haute cour nationale de justice, et un des dirigeants du FDD décédé à la suite d'un malaise au cours d'une manifestation le 14 juin.
Décidé à rester au pouvoir après 10 ans à la tête du pays, Mamadou Tandja doit théoriquement se retirer le 22 décembre au terme de deux quinquennats successifs, selon la Constitution.
Mais le 2 juillet dernier, il a nommé une nouvelle Cour constitutionnelle et modifié le code électoral pour créer les conditions favorables au référendum.
Le projet de nouvelle Constitution prévoit de prolonger de trois ans le mandat présidentiel, période durant laquelle aucune élection ne serait organisée.
Les plus importants partenaires de développement du Niger, notamment l'Union européenne, la France, les Etats-Unis et le Canada ont fermement condamné les dernières décisions du président nigérien.
Le président français Nicolas Sarkozy a jugé dimanche 5 juillet "à la fois inquiétante et décevante" l'évolution de la situation au Niger où, à ses yeux, la démocratie et les institutions "sont aujourd'hui directement menacées".
La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest (CEDEAO), dont le Niger est membre, a brandi la menace de sanctions allant jusqu'au blocus économique et l'isolement diplomatique.
Dans une déclaration officielle du 2 juillet 2009, l'Union européenne a exprimé "sa plus vive préoccupation devant les derniers développements politiques survenus au Niger. La décision prise de la présidence du pays de recourir à l'article 53 de la Constitution, en dehors du contrôle parlementaire, puis de dissoudre la Cour constitutionnelle constitue un revers pour la démocratie nigérienne.
L'Union européenne "appelle les autorités nigériennes à faire preuve de responsabilité et à ne pas remettre en cause les acquis démocratiques de leur pays" et se déclare "très attachée au maintien de la stabilité dans le pays et au respect des valeurs démocratiques et de l'Etat de droit, qui constituent un élément essentiel de l'accord de Cotonou". Elle en appelle aux acteurs politiques pour oeuvrer dans le dialogue à une résolution pacifique de la crise politique actuelle.
Source : AFP