6 avril 2010

ACTU : Une résolution du Parlement serbe condamne le massacre de Srebrenica

Catherine MAIA

En condamnant le massacre de quelque 8.000 Musulmans à Srebrenica (Bosnie) en 1995, la Serbie entend rompre avec un passé de conflits sanglants et affirmer ses aspirations à rejoindre l'Union européenne.

Une résolution condamnant ce massacre de juillet 1995 a été votée dans la nuit du 30 au 31 mars 2010 à une majorité de 127 voix sur 173 élus présents, après un long débat qui a montré les divisions profondes sur ce drame.

Il s'agit de la première condamnation officielle du Parlement serbe de ce massacre qui fut l'épisode le plus sanglant de la guerre en Bosnie (1992-1995).

Cette condamnation est d'autant plus importante que, pendant des années, de très nombreux Serbes ont campé dans une attitude de déni devant les exactions commises par les leurs ou les Serbes de Bosnie.
La résolution a été saluée aussitôt par Washington et Bruxelles.

Un porte-parole du département d'Etat américain, Mark Toner, a jugé que le vote était "une étape positive vers la réconciliation, la reconnaissance des crimes du passé, la promotion des relations régionales et de la stabilité dans la région" des Balkans.

"Il s'agit d'un pas important pour ce pays dans le cadre de ses efforts pour faire face à son passé, un processus difficile mais qu'il est essentiel de mener à bien pour la société serbe", a déclaré pour sa part la chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton.

Le président serbe Boris Tadic, qui avait fait part de sa repentance dès 2005, a qualifié le vote "d'énorme contribution à la démocratisation de la Serbie et à la réconciliation régionale. Je regrette qu'elle n'ait pas été adoptée plus tôt", a-t-il déclaré, ajoutant: C'est "la preuve que notre nation et notre culture sont partie intégrante de la culture et de la civilisation européennes".

Le geste des députés serbes a, en revanche, été dénoncé par les dirigeants des Serbes de Bosnie.
"La résolution telle qu'elle est adoptée est absolument inacceptable et contre-productive pour les intérêts de la Republika Srpska (RS, entité des Serbes de Bosnie) et pour le peuple serbe dans son ensemble", a déclaré le président de la RS, Rajko Kuzmanovic, à Banja Luka.

Les analystes à Belgrade estiment que cette déclaration pourrait aider la Serbie à assumer son rôle dans les guerres qui ont provoqué la dissolution de l'ex-Yougoslavie. "Ceci est vraiment un premier pas vers une révision du passé qui vient de la plus grande autorité du pays, le Parlement serbe", a indiqué Ivan Vejvoda (Balkans Trust for Democracy).

Srebrenica est le seul événement régional ayant été qualifié de génocide par la Cour internationale de justice - qualification également utilisée par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie et par le Parlement européen en 2009 - terme que les parlementaires serbes se sont toutefois gardés de mentionner. "Le Parlement de Serbie condamne avec une extrême vigueur le crime commis contre la population bosniaque de Srebrenica, en juillet 1995, comme cela a été établi par l'arrêt de la CIJ", indique la déclaration.

A Sarajevo, Hajra Catic, responsable d'une association des survivants de Srebrenica, a estimé que la résolution était sans valeur : "Pour nous, elle ne veut rien dire, car le terme génocide n'y est pas mentionné".
"Il est clair pour tout le monde qu'il s'agit d'une condamnation du génocide. Il s'agit d'un jeu de mots pour ne pas utiliser le terme génocide, d'une tentative de fuir un crime horrible, mais une tentative tout à fait inutile car le crime n'y a pas été minimisé", a déclaré Natasa Kandic (Centre pour le droit humanitaire).
 
Selon la déclaration, "le Parlement soutient totalement toutes les activités de coopération avec le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie en accordant une importance particulière aux recherches devant conduire à l'arrestation de Ratko Mladic".
Mladic, ancien chef militaire des Serbes de Bosnie qui est soupçonné de se cacher en Serbie, a été inculpé par le TPI pour génocide à Srebrenica.

Son arrestation est l'une des conditions principales imposées à la Serbie par l'UE pour continuer son rapprochement au bloc des 27.

La Serbie a présenté sa candidature à l'UE le 22 décembre et espère obtenir le statut de candidat d'ici à mi-2011.

Source : AFP

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