Je ne fuis pas la réalité nationale pour me réfugier dans l’actualité internationale arabe pour changer de sujet. Ou pour trouver un ailleurs  politique qui permet davantage d’indignation, ou de pertinence. Non, on parle de la même chose. Par le passé, effectivement, le sionisme, Israël, la Palestine, l’impérialisme, le racisme, l’Amérique, la Oumma islamique, en fait le cosmopolitisme intégriste, ont été des thématiques qui — prises en charge par des idéologies d’Etat — ont permis de mieux soumettre les peuples à leurs dictateurs locaux. 
Une des caractéristiques du mouvement arabe pour la démocratie en Égypte, en Tunisie, en Libye, au Bahreïn, au Yémen, en Algérie et même au Maroc en février 2011, c’est la démonétisation de ces «classique» du militantisme arabe. On revendique d’abord pour soi, pour sa dignité, pour sa liberté. C’est un mouvement certes «inter-national», mais qui exprime des revendications de proximité, locales, voire personnelles comme la liberté, la dignité, l’emploi, etc.
Pour revenir à la Libye et à la gravité des événements qui s’y passent, il faut avoir à l’esprit deux points principaux :
1) Les petits calculs indignes des intérêts occidentaux livrent un peuple entier à une boucherie  génocidaire sans nom.
2) Les ONG internationales des droits de l’Homme, y compris arabes, montrent, ici, une face hideuse de leur métier. Leur approche sélective, ou avec un effet retard, devient de fait criminelle.
Au niveau pratique le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté à l'unanimité le 26 février 2011 une série de sanctions sévères contre le colonel Mouammar Kadhafi, son régime et sa famille. Cela concerne, le Guide libyen, ses sept fils, sa fille et seize personnes étroitement associées au régime. Cette résolution leur impose une interdiction de déplacement et un gel de leurs avoirs. Elle décrète un embargo sur la vente d'armes à la Libye et demande également la saisine de la Cour pénale internationale, menaçant de poursuivre le colonel Kadhafi pour «crimes contre l’humanité».
Avec cette résolution, «l’impunité n'est plus une option» , a souligné l'ambassadeur français auprès de l'ONU, Gérard Araud. «C'est un clair avertissement aux autorités libyennes sur le fait qu'elles doivent arrêter les violences», a de son côté estimé son homologue américaine, Susan Rice.
C'est à l'unanimité que le Conseil de sécurité a voté une résolution imposant des sanctions sévères au colonel Kadhafi, à sa famille et à des proches du régime. Le texte, rédigé par les Français, les Britanniques, les Américains et les Allemands, impose un embargo sur les armes, l'interdiction de voyager au leader libyen, ses huit enfants et six autres personnes, ainsi que le gel de leurs avoirs financiers.
C'est par ailleurs, la première fois que le Conseil de sécurité décide unanimement de déférer un Etat membre à la Cour pénale internationale pour crimes contre l'humanité. Or, le seul principe de cette saisine était loin de faire l'unanimité, la Chine, la Russie, l'Afrique du Sud, l'Inde, le Brésil et le Portugal ayant soulevé des objections.
C'est, semble-t-il, une lettre de l'ambassadeur libyen adressée au Conseil de sécurité et soutenant le recours à la Cour pénale internationale, qui a permis de rallier tous ces pays à la cause défendue essentiellement par la France et le Royaume-Uni. Par ailleurs, comme les Etats-Unis et la Grande Bretagne, la France ferme son ambassade à Tripoli. «Nous n'avons voulu prendre aucun risque», a déclaré Bernard Valero, porte-parole du Quai d'Orsay. Pour l’heure, Paris confie ses intérêts en Libye à l'ambassade de Russie.